Côte d’Ivoire – La communication en temps de maladie présidentielle

adoestmalade

Par Dr Serge-Nicolas NZI | Chercheur en communication

Dans tous les pays bien organisés, la présidence de la république dispose d’un bureau de presse et de communication. C’est le service d’information de la présidence qui en principe regroupe des hommes et des femmes de grande intelligence qui sont chargés de gérer l’information à destination de l’opinion nationale et internationale.

Ce service rattaché au secrétariat général de la présidence a pour mission :

– il informe les citoyens du pays de l’activité du gouvernement
– il développe la communication entre la population et le pouvoir
– il assure la relation publique de l’Etat dans le contexte national et international
– il met à disposition du citoyen un centre de documentation et son service de statistique.

– En France par exemple si nous voulons connaître le contenu du décret du 12 décembre 1945 portant nationalisation de crédit Lyonnais, ce service est capable de nous remettre une copie de ce décret pris en conseil des ministres sous l’autorité du général de Gaulle à l’époque du gouvernement provisoire. Les français ne le disent pas mais ils ont aussi connu et vécu sous un gouvernement provisoire qui n’avait été élu par personne. Ils ne sont pas fières de cette partie de leur histoire mais c’est une réalité de leur pays.

– Ce service rédige et publie le communiqué du conseil des ministres
– Il assume la gestion du site internet de la présidence de la république
– Et enfin très souvent dans les pays bien organisés c’est le directeur du service de communication de la présidence qui est le porte parole du gouvernement. Voilà pourquoi c’est le secrétaire général de l’Elysée qui annonce la composition du gouvernement de la république.

La difficulté dans de nombreux pays africains est que par complaisance ou par népotisme on a souvent confié ce service à des proches du président en oubliant le caractère hautement sensible de la fonction et de son impact sur l’équilibre et l’harmonie de la nation. Les gabonais n’ont pas été informés de façon officielle de la maladie du président Omar Bongo et étaient tous abasourdis d’apprendre sa mort à Barcelone en Espagne le 9 juin 2009.

La mort du président John Atta-Mills du Ghana, le 24 juillet 2012, fut une surprise totale pour l’ensemble des Ghanéens car à aucun moment ils ne furent informés d’une quelconque maladie du président de la république. En Côte d’Ivoire la prostate qui emporta le président Félix Houphouët-Boigny, en décembre 1993, n’est pas arrivée du jour au lendemain, mais les services présidentiels de l’époque n’avaient pas trouvé juste d’informer les citoyens ivoiriens.

Dans le Zaïre de Mobutu l’opération du président au CHIV de Lausanne en Suisse fut révélée par la presse suisse et les protestations de nombreux exilés zaïrois qui reprochaient à la Suisse d’offrir son hospitalité à un criminel qui vient se soigner en laissant son peuple dans le dénuement total.

Les Togolais étaient eux aussi abasourdis d’apprendre la mort du général Gnassingbé Eyadema, le 5 février 2005, à bord d’un avion médical à Tunis en partance vers Israël pour un traitement cardiovasculaire.

Bref, nous nous arrêtons ici pour faire court et aller à l’essentiel.

Les français ont eu le même comportement face à la maladie du président Georges Pompidou au début de l’année 1974. On voyait le visage enflé du président visiblement malade. Il souffrait d’un cancer du sang, la maladie de Waldenström. Mais les services présidentiels et son médecin personnel le Dr Jean Vignalou, publiaient des communiqués concernant une simple grippe et plus tard d’un cas d’hémorroïdes.

Et personne ne voulait en parler alors que le système présidentiel qui régi les institutions françaises de la Vème république que nous avons copié en Afrique est la clé de voute des institutions. Une telle situation affaiblit le fonctionnement de l’Etat et dans un pays africain, crée une perte de confiance chez les partenaires politiques, économiques et financiers. Quand au citoyen, il se sent honteux et floué par les politicards minables de son pays.

La carte de la confusion

Les hypothèses les plus fréquentes utilisées par ces services pour expliquer leur mutisme est celui de ne pas paniquer le pays en réveillant les antagonismes endormis et surtout de garantir par ce mutisme la stabilité du pays. Mais de quelle stabilité parle-t-ont ici quand des travailleurs chez nous ne sont pas payés pendant des mois ou quand le salaire payé ne vous permet même pas d’acheter un simple sac de riz ou vous soigner correctement dans des hôpitaux devenus des mouroirs dans des pays qui ne donnent aucun espoir à personne? On veut par le mensonge renforcer la stabilité d’un régime, est possible ?

La stabilité dans un régime de terreur, parlons-en.

L’Allemagne de l’Est d’Erich Honecker, la Pologne du général Jaruzelski , la Tchécoslovaquie de Gustav Husak et la Roumanie de Ceausescu étaient tous des pays stables. La terreur est donc le fondement de la liberté et de la stabilité en politique ? Il faut être vigilant et se méfier des mots qui sont destinés à nous embobiner continuellement. L’URSS de Brejnev était stable, mais où est ce pays aujourd’hui ? Il se trouve dans les oripeaux de l’histoire douloureuse des êtres humains.

Dans le cas de la Côte d’ivoire et de la maladie de son président Allassane Dramane Ouattara, les communiqués de la présidence de la république sur le départ du président de la république en France pour une visite privée et le communiqué laconique du 9 février 2014, informant les ivoiriens << que le président a été opéré d’une sciatique en France et se porte bien.>> ont été des maladresses et un entretien d’un mensonge qui cachait un autre.

Le service présidentiel s’est rendu ridicule en obligeant les ivoiriens à lire entre les lignes pour ne plus croire que le président souffre que d’une sciatique. On se croirait dans l’Iran du Shah Mohamed Reza Pahlavi, dont un communiqué du palais impérial de Niavaran à Téhéran, annonçait qu’il partait en vacance le 16 janvier 1979, alors qu’on le savait malade et que sa fuite signait la fin de l’empire Perse qui prétendait descendre de Cyrus depuis 2000 ans. Nous avons tous du mal à accepter le mensonge d’un enfant, alors que le mensonge d’un gouvernement est l’humiliation de tout un peuple.

Comment le président de la république dont tu n’as jamais annoncé la maladie puisse être opéré d’une sciatique ?

Cet amateurisme dans la communication a donné de la crédibilité aux différentes sources qui affirment qu’Allassane Dramane Ouattara, fait face à un cancer de la prostate en phase de métastase qui a atteint les os de la colonne vertébrale provoquant des douleurs atroces chez le malade présidentiel.

Cela nous amène à nous poser la question de savoir si l’opération du président est vraiment une sciatique ?

La confusion est durablement installée et le service de communication du président est très mal barré pour entretenir la confiance et rapprocher les ivoiriens du président malade. L’accueil à l’aéroport et le déferlement d’affection sont-ils sincères ou de la poudre aux yeux comme dans la Corée du Nord de Kim Il Sung?

C’est conscient lui-même de la médiocrité de ses propres services qu’il a fait organiser à l’ambassade de Côte d’Ivoire une cérémonie pour expliquer lui-même sa situation sanitaire peu reluisante. En admettant lui-même qu’il souffrait depuis longtemps de problèmes sciatiques et que les infiltrations n’ont pas atténué la maladie dont les douleurs de plus en plus pressantes ont nécessité une intervention chirurgicale.

En voulant à la fois faire de l’information et de la communication le président de la république ivoirienne avait brandit à l’aéroport d’Abidjan, la canne de l’émergence de son pays en oubliant que dans l’imaginaire africain nous portons encore le traumatisme des présidents porteurs de canne. Bokassa en avait, Mathieu Kérékou, François Ngartar Tombalbaye et Mobutu, avaient tous une canne cela avait porté malheur et avait entrainé durablement leur pays dans le déchirement et le chaos. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir cette abominable réalité.

Nous pensons que la meilleure façon de gérer la maladie d’un président malade est de dire simplement la vérité à ses concitoyens.

Une société civile est aujourd’hui en place un peu partout en Afrique. Les hôpitaux européens où nos présidents vont se soigner ne pourront pas garder l’information secrète pendant longtemps, à l’heure du blog et d’internet, se cacher et mentir en cas de maladie est la pire des politiques pour un président.

Pour le bien de l’Etat et des institutions de la république il est mieux pour tout le monde d’annoncer la maladie du président, de préciser l’intérim pendant l’absence pour traitement médical de manière à éviter les confusions inutiles qui peuvent entrainer des groupuscules politiques à confisquer l’appareil d’Etat.

Nous pensons que les Guinéens était moralement blessés, eux qui n’avaient pas été informés de la maladie du président Ahmed Sékou Touré, avaient été tétanisés, stoïques et glacés d’effroi en apprenant la mort du responsable suprême de la révolution guinéenne, l’homme du non au général de Gaulle, décédé le 26 mars 1984, sur la table d’opération au centre cardiologique de Cleveland aux USA.

Doit-on continuer dans la dissimulation, la perfidie la duplicité et le mensonge sur des choses aussi graves qui concernent notre avenir commun et la continuité de l’Etat nation dont nous sommes tous les héritiers? Faut-il rappeler aux uns et aux autres que le président et son gouvernement ne sont pas propriétaires de l’Etat, c’est l’exercice du pouvoir politique qui est confié par le vote des citoyens. C’est l’oublie de ce détail d’une grande importance qui est à la base des dérives totalitaires que nous connaissons chez nous en Afrique.

La vérité rien que la vérité sur la maladie présidentielle

Sous la présidence de François Mitterrand, nous eûmes droit à la publication de faux communiqués médicaux de son médecin personnel le Dr Claude Gubler. Tout cela est navrant et pousse les citoyens à se méfier des communiqués de la présidence. N’est-il pas plus simple pour tous de dire simplement la vérité à ses concitoyens ?

En observant la vie politique africaine, un seul chef d’Etat avait osé le faire. Il s’agit de l’ancien président de la république Béninoise Dieudonné Nicéphore Soglo, atteint d’un mal mystérieux au début de son mandat en 1991, il fut évacué en toute transparence vers Paris en France. L’intérim de la présidence fût confié à un ministre d’Etat et toutes les confessions religieuses avaient organisées des prières pour le président.

Dans le cas de la maladie du président Allassane Dramane Ouattara, le communiqué officiel aurait pu être celui-ci :

« La présidence de la république de Côte d’Ivoire, dans un souci de transparence et de respect envers le citoyen ivoirien qui son mandataire, informe les populations ivoiriennes, que le président Allassane Dramane Ouattara, souffre depuis un certain temps de douleur dorsale chronique. Son médecin personnel et les spécialistes sur place ont diagnostiqué une névralgie sciatique et ont conseillé au président de se rendre en France pour des examens médicaux plus approfondis. En conséquence le président de la république son épouse et son médecin personnel ont quitté Abidjan ce matin à destination de Paris en France afin de permettre au chef de l’Etat d’y subir les soins appropriés. Durant son absence momentanée, le premier ministre assure l’intérim de la présidence de la république par délégation. »

Fait à Abidjan le 2 février 2014
La présidence de la république.

Ceux qui rédigent les communiqués laconiques de la présidence prennent les ivoiriens pour des imbéciles et obligent le citoyen à donner plus de crédibilité à la rumeur qui finalement alimente les ragots qui décrédibilisent la fonction présidentielle dans un pays fragile qui cherche ses marques dans une cohésion nationale mise à mal par la récente crise postélectorale.

Le président de la république à quitté Abidjan pour un séjour privé à Paris en France. Alors que l’on sait qu’il est malade, c’est non seulement de la stupidité mais c’est prendre les ivoiriens pour des nigauds et cela n’est pas acceptable dans un pays qui se respecte.
Le second communiqué celui laconique du 9 février 2014, aurait pu être ceci :

« La présidence de la république de Côte d’Ivoire fidèle à la transparence qu’elle a voulu imprimer sur la santé du président Allassane Ouattara, informe les populations ivoiriennes qu’ après une hospitalisation à l’hôpital américaine de Neuilly en France, les médecins traitants ont confirmé le diagnostique des médecins ivoiriens qui avaient examiné le président à Abidjan et ont diagnostiqué une névralgie sciatique. En conséquence le président Allassane Dramane Ouattara, a été opéré hier par le service de rhumatologie de l’hôpital américaine de Neuilly à Paris. Le processus chirurgical s’est déroulé dans de bonnes conditions et le malade se remet progressivement à la grande satisfaction de ses médecins traitants. Il sera de retour au pays dans les semaines avenirs. »

Fait à Abidjan le dimanche 9 février 2014
La présidence de la république

Voilà ce que c’est que respecter le peuple et les institutions en prenant en compte la sensibilité des médecins ivoiriens et un minimum de respect pour l’hôpital ivoirien qu’on a méprisé et dans lequel on n y a jamais mis les pieds. Les deux communiqués que nous soumettons ici à nos lecteurs prennent en compte la transparence et le souci d’avoir donné de la considération à la médecine de son pays d’origine, en conviant les ivoiriens à de la compassion dans la plus pure tradition africaine pour le malade présidentiel.

En disant aux ivoiriens que le président à été opéré d’une sciatique en France et se porte bien, les services de la présidence ont méprisé les ivoiriens au point qu’aujourd’hui ils seront tous amenés à croire le contraire de leurs informations car la communication en ces temps de maladie présidentielle fut médiocre hautaine et méprisante pour le citoyen ivoirien, qui découvre que le brave homme n’est qu’un vulgaire petit mortel comme les autres.

Postulat de Conclusion générale

Dans les années 1970, le président Félix Houphouët-Boigny pouvait se permettre trois ou cinq mois de voyage à l’étranger sans problème. Le président Auguste Denise ou le Ministre d’Etat Vangah Ekra Mathieu, s’occupaient des affaires d’Etat en son absence. Aujourd’hui ce système est périmé. Des tentatives visibles et bien réelles de constater la vacance du pouvoir à l’absence d’Allassane Dramane Ouattara étaient sous nos yeux pendant son séjours privé à Paris.

Il faut ramener la confiance dans l’espace public, non par le mépris et le mensonge, mais par la vérité. Le président se porte bien et se repose est indigne du sommet de l’Etat en ces temps de maladie présidentielle. Ceux qui rédigent les communiqués doivent être d’une intelligence supérieur car une intelligence moyenne n’est pas suffisante pour un tel travail qui demande de la psychologie, du tact, de la civilité, de la délicatesse et surtout de rigueur morale.

Mentir en de telles situations c’est obliger le président lui-même à venir communiquer pour faire le travail pour lequel il avait déjà désigné des gens incapables. En laissant la rumeur se propager, les services de communications ont rendu les ivoiriens perplexes. Allassane Dramane Ouattara souffre t-il vraiment de douleurs sciatiques ? Ou alors c’est une hernie discale et sans doute une opération de la prostate ? Le premier mensonge d’un voyage privé permet au citoyen d’envisager toutes les hypothèses.

Si c’est un cas de prostate nous avons tous le droit de nous inquiéter car la convalescence est rude et douloureuse. La prostate est l’intervention chirurgicale qui dégage le plus de saignement postopératoire. Dans la période de convalescence le malade doit boire beaucoup d’eau, car les saignements n’ont pas d’autres voies de sortie du corps que la voie urinaire. N’importe quel étudiant en première année d’urologie vous confirmera cela sans aller au professeur agrégé.

Voilà pourquoi dans les deux semaines qui suivent l’opération le malade doit boire beaucoup d’eau pour faciliter l’évacuation des saignements en observant un repos strict. En avalant des médicaments matin midi et soir. Si cela ne se fait pas il y a des risques de coagulation sanguine capable de d’entrainer de graves complications. Cela est difficilement supportable pour le malade s’il a plus de 70 ans et exerce des fonctions qui nécessitent le suivi des dossiers d’Etat. Pourquoi Houphouët-Boigny est-il allé en convalescence en Suisse en novembre 1993. Il lui était pratiquement impossible de se reposer et de récupérer à Paris. Il avait plus de 80 ans et savait que son corps résistera difficilement à ce qui lui était imposé.

Le citoyen ivoirien sera amener à scruter le président de la république dans ses sorties officielles, a-t-il maigris ? Ou a-t-il grossi, tient-il sur ces jambes ? Est-il capable de prendre un bain de foule ? A-t-il les yeux vides ? Voilà les observations que feront les ivoiriens dans les jours prochains ou le président certainement se rendra à Paris pour un contrôle médical.

Le service de communication continuera t-il dans sa spécialité d’annoncer un voyage privé ou bien de dire clairement que la convalescence terminée le président se rend à l’Hôpital américaine de Neuilly pour y subir un contrôle médical lié à son opération de névralgie sciatique ? Nous avouons ici être nombreux à faire le constat de leur mutisme ou de leur capacité à rendre le président crédible devant tous les ivoiriens.

Feu le journaliste camerounais Piu Njawé fut condamné pour s’être interrogé publiquement sur la santé cardiovasculaire du président Paul Biya. Alors que la transparence d’un électrocardiogramme aurait pu rassurer tout le Cameroun, la présidence avait préférer une justice au ordre faisant du journaliste un héro national dans la pensée collective des camerounais.

Une chose est certaine, c’est que le mensonge d’Etat ne sert pas nos intérêts individuels et collectifs. C’est pourquoi Jean Paul II, le Pape venu tout droit de la Pologne communiste ou le mensonge de gouvernance était la seconde nature de l’Etat despotique, criminel et totalitaire. Il est sortie lui-même de sa tombe pour venir au secours du croyant que nous sommes, en nous rappelant le contenu de sa première encyclique dans laquelle il nous indiquait de façon claire et précise que :

« La splendeur de la vérité se reflète dans toutes les œuvres du créateur et, d’une manière particulière, dans l’homme crée à l’image et à la ressemblance de Dieu : la vérité éclaire l’intelligence et donne sa forme à la liberté de l’homme »

Mesdames et messieurs, il fut un temps ou l’intellectuel critique de sa propre société était considéré comme un ennemi de l’Etat qui n’avait que tuer ses propres ressortissants comme finalité de gouvernance. Dans notre cas il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre telle personne ou tel président.

Il s’agit de la survie de nos pays africains et de la dénonciation des habitudes de mensonges qui ont finis par gangrener les institutions en affaiblissant durablement l’Etat pour le rendre impotent et inopérant à cause de la perfidie, de la dissimulation et du mensonge institutionnalisé au sommet de l’Etat nation dont nous sommes les fils.

Que Dieu nous aide et nous assiste afin de nous aider à sortir de cette nouvelle épreuve.
Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Lugano (Suisse)
Mail. nicolasnzi@bluewin.ch

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