Trois déclarations de nos frères de l’opposition (principalement du FPI) ont attiré notre attention ces derniers jours. La première est celle du Président du FPI. Il a dit en substance que tant que l’ex-Président Laurent GBAGBO sera maintenu par la CPI à la Haye, il ne peut avoir de réconciliation en Côte d’Ivoire. La deuxième, est celle de ce parti relative à l’opération de recensement générale de la population et de l’habitat (RGPH 2014) lancée ce Lundi 17 mars par le Ministère d’Etat, Ministère du Plan et du Développement. La troisième intervention est celle du sieur Koua Justin qui dit en substance que bientôt ils seront dans la rue. Sur ces trois déclarations, il est nécessaire de faire quelques mises au point pour en situer les enjeux.
La déclaration du Président du FPI: La réconciliation en Côte d’Ivoire est conditionnée par la libération de l’ex-Président ivoirien, Monsieur Laurent GBAGBO.
Nous faisons remarquer au Président du FPI que la réconciliation est en marche. C’est dans ce cadre, et dans ce processus de réconciliation national que lui et ses amis en liberté provisoire ont la latitude de sillonner toutes les contrées de notre pays pour délivrer le message de leur parti. Sans volonté de réconciliation de la part du Président Alassane OUATTARA, Monsieur Affi N’GUESSAN et ses camarades n’auraient jamais bénéficiés de liberté provisoire. Il leur aurait été impossible de mener des activités politiques (meetings et tournées politiques). Maintenant, en ce qui concerne l’ex-Président, son sort dépend de la Justice internationale et non de notre volonté clairement affichée de tourner la page sombre de la crise ivoirienne. Les ivoiriens, dans leur écrasante majorité, sont pour la réconciliation. Ils ne posent pas de conditions.
La déclaration du FPI relative au recensement général de la population ivoirienne.
Le recensement générale de la population et de l’habitat est un acte administratif ordinaire qui en situation normale devrait durer moins d’années pour être réalisées. C’est pourquoi, nous avons été surpris et indignés de constater que le FPI fait ressurgir les thèses négatives de l’ivoirité, pour une opération normale de gestion de l’Administration. Recenser l’ensemble des personnes qui vivent sur le sol de Côte d’Ivoire ne veut pas dire que ceux qui seront recensés seront automatiquement dans le fichier des nationalités ni dans celui de la liste électorale. Il s’agit d’une opération qui permet de programmer les actions au regard de la population vivant sur le territoire ivoirien. Les quelques dizaines d’exilés volontaires de notre crise ne sauraient constituer un préalable à la mise en œuvre de cette opération de recensement de la population. C’est peut être une fois de plus l’occasion de demander à ces exilés volontaires de rentrer au pays surtout que les plus illustres parmi eux sont rentrés et vivent tranquillement en terre ivoirienne sans être inquiétés.
La déclaration du Sieur Koua Justin de la JFPI
Il faut éviter de ramer à contre courant de la volonté de réconciliation des ivoiriens. Ils sont très nombreux, les jeunes qui ont subis les affres de notre crise, qui attendent que les jeunes de l’ex-parti au pouvoir descendent dans la rue pour en découdre une dernière fois pour toute. Alors, nous demandons de châtier ce type de langage et de n’avoir que des propos qui vont dans le sens de la véritable réconciliation. Les ivoiriens dans leur majorité n’accepteront plus jamais que les jeunes soient poussés à descendre dans la rue pour des motifs politiques qui ne profitent qu’aux seuls va-t-en guerre de tous bords et de tous acabits. Ce qui compte aujourd’hui pour les populations ivoiriennes en général et pour nos jeunes en particulier, ce sont des routes, de l’eau et l’électricité pour tous, des centres de santé, des écoles, des emplois etc. Descendre dans les rues constitue un combat d’arrière garde.
Le Ministre Joël N’GUESSAN Porte-parole principal du RDR.
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Déclaration du Front Populaire Ivoirien sur le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2013)
Déclaration 005/2014
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Dans une déclaration rendue publique le 27 décembre 2013, le Front Populaire Ivoirien appelait le Gouvernement à surseoir à l’opération RGPH 2013, non sans démontrer, force arguments à l’appui, que les conditions n’étaient pas réunies pour la réussite de cette opération.
Malheureusement, le FPI observe que le Gouvernement, faisant fi des fortes réserves objectives qu’il avait émises dans cette déclaration, s’entête à vouloir organiser le recensement général de la population, au risque de bâcler cette opération hautement stratégique pour l’avenir du pays.
Dans un Etat moderne, le Recensement Général de la Population et de l’Habitat répond à un souci régalien de disposer de données géo sociologiques exhaustives, fiables et détaillées, sur la population et l’habitat, en vue de concevoir des politiques et programmes de développement socio-économique. Il est un outil stratégique pour les planificateurs et décideurs de tout pays soucieux de son développement harmonieux et durable.
En Côte d’Ivoire, le 4èmeRecensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-2013), qui doit fournir des informations fiables sur la structure et la dynamique de la population ivoirienne et mettre à jour la base de données géo-référencées permettant de localiser avec précision les populations, intervient dans un contexte sociopolitique d’insécurité généralisée, d’ostracisme, de traque et d’exil forcé d’une grande partie de la population. A l’Ouest et au Sud du pays, depuis l’avènement de la gouvernance de M. Ouattara, de nouveaux immigrants, massivement convoyés des pays limitrophes, ont systématiquement repeuplé les villages et campements des autochtones spoliés et contraints à l’exil.
– Considérant que la structure démographique de la Côte d’Ivoire est à l’heure actuelle des plus brouillée sociologiquement, du fait de la guerre et de l’insécurité, notamment dans l’ouest du pays ;
– Considérant que les citoyens Ivoiriens, ostracisés et spoliés de leurs terres chez eux, verront dans cette opération de recensement un subterfuge pour légitimer la perte définitive de leurs biens ;
– Vu que les DOZOS et les FRCI, bourreaux des Ivoiriens, continuent d’entretenir un climat d’insécurité à travers tout le pays ;
– Vu que le recrutement des 30 000 agents recenseurs s’est fait sur des bases politico ethniques, déjà exacerbées pendant la longue crise sociopolitique ;
– Attendu que le travail de ces agents aux ordres compromettra gravement la fiabilité et la crédibilité des données démographiques et socioéconomiques à recueillir ;
Le Front Populaire Ivoirien
1) Dénonce l’entêtement du Gouvernement à vouloir opérer un passage en force, pour organiser le Recensement général de la population ;
2) Dénonce le dessein inavoué du pouvoir d’exclure une grande partie des ivoiriens de ce recensement et de consacrer le fait accompli au profit des nouveaux immigrants qui sont massivement entrés en Côte d’Ivoire à la faveur de la guerre postélectorale, pour des visées électoralistes ;
3) Rappelle au pouvoir Ouattara que le recensement de la population est une opération trop importante pour être sacrifiée sur l’autel d’ambitions politiques mal dissimulées ;
4) Invite à nouveau instamment le pouvoir à différer cette opération et à œuvrer avec responsabilité à la normalisation de la vie sociale et politique en Côte d’Ivoire, ce qui commande les actions préalables suivantes :
– Régler la question de l’insécurité pour rassurer les populations, aujourd’hui traumatisées ;
– Mettre un terme définitif à l’utilisation des Dozos par l’Etat et les ramener dans leur aire culturelle traditionnelle ;
– Mettre en œuvre l’encasernement effectif des FRCI ;
– Organiser le retour sécurisé des exilés et des refugiés.
5) Le FPI en appelle à la vigilance de la communauté nationale et interpelle la communauté internationale, les partenaires au développement, sur les risques d’échec de cette opération ;
6) Le FPI déclare solennellement qu’il demeure saisi de la question. Il suivra avec une grande vigilance les développements de ce recensement à géométrie variable afin de prendre les décisions idoines dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de sa population au moment opportun.
Fait à Abidjan, le 16 mars 2014
TCHÉIDÉ Jean-Gervais
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