Un avion de type cargo militaire français a débarqué hier à l’aéroport d’Abidjan du matériel lourd destiné à la force licorne. Pendant ce temps, la convalescence du chef de l’Etat n’a toujours pas balayé tous les doutes sur sa santé. Surtout que de sources dignes de foi, ses proches seraient divisés entre ceux qui souhaitent un retour à Paris pour continuer la convalescence et les autres qui redoutent une telle perspective.
Huit jours après l’arrivée d’Alassane Ouattara de Paris où il a été officiellement opéré d’une sciatique bénigne, l’Etat de santé du chef de l’Etat n’a toujours pas balayé tous les doutes, en dépit des talents manifestes de sa grosse machine de communication qui tourne à plein régime.
Certes Alassane Dramane Ouattara a visiblement fait une croix sur son bureau, au plateau, et est obligé de recevoir ses visiteurs à la résidence de Cocody-golfe, mais plusieurs images relayées par la presse proche de lui et par les médias publics le montraient encore, en fin de semaine dernière, en compagnie de plusieurs personnalités. D’abord, le jeudi avec le ministre congolais de l’économie et des finances et le jour suivant avec son premier ministre Daniel Kablan Duncan. Celui-ci a d’ailleurs annoncé que le conseil des ministres reporté, quelques jours plus tôt, aura lieu cette semaine. Ce qui a fait écrire au Patriote, par exemple, que le chef de l’Etat est bien au travail et que sa santé s’améliore de jour en jour. Malgré tout, le doute est encore permis. Car en dépit des deux audiences, la réalité montre que l’agenda de Ouattara a été drastiquement allégé. Même le conseil des ministres prévu la semaine dernière a été annulé en même temps diverses séances de travail, notamment avec une délégation de la Guinée-Bissau. Autre signe des temps, plusieurs chefs d’Etat étrangers, selon l’agence APA, doivent se succéder à Abidjan à partir de mardi pour montrer leur solidarité au chef de l’Etat ivoirien.
Aucune autre personnalité ivoirienne ou étrangère, dans les mêmes circonstances, n’ayant bénéficié d’une telle sollicitude, on peut chercher les raisons de ces visites même si officiellement, le chef de l’Etat doit passer la main à son homologue libérienne à la tête de la Cedeao. Mais au-delà de ces signes difficiles à décrypter, il y a aussi ceux qui nous parviennent depuis hier de Paris. En effet, plusieurs caisses de matériels militaires destinées à la force licorne ont été débarquées dans la matinée à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. Un énorme cargo militaire, couleur camouflé, s’est lourdement immobilisé avant que de grandes valises soient descendues et déposées dans des véhicules militaires en direction du camp militaire français. Or jusqu’à hier, le service de communication de l’armée n’était pas informé de ce mouvement. Mais il n’ya pas que les militaires qui ne savent pas. Des sources proches de Ouattara ont assuré qu’elles n’étaient pas non plus informées des divisions sur le lieu de la convalescence du chef de l’Etat. Ce que de nombreuses personnes rapportent pourtant. Selon celles-ci, la situation du chef de l’Etat n’aurait pas vraiment évolué et qu’il éprouverait encore des difficultés lorsqu’il est assis, mais aussi en station debout. Seule la position couché le soulagerait quelque peu. Fort de cet état de fait, certains proches se seraient rallié à la position des médecins pour qui il est nécessaire que Ouattara reste encore au repos pour quelque temps. Mais une telle position n’est pas partagée par tout le monde et particulièrement par les hiérarques du régime qui redoutent le sentiment de vide institutionnel que ce nouveau départ en France pourrait créer au somment de l’Etat, sans compter les rumeurs et les risques communicationnels à gérer une autre crise du genre après celle de la première hospitalisation. D’ailleurs, le chef de l’Etat partage leurs analyses puisqu’il joue à fond sa carte en montrant que tout va bien ; ce que les médias qui lui sont proches ont désormais du mal à confirmer dans la mesure où ils tablent sur l’amélioration de sa santé, guère plus. Or, en raison des dernières annonces, les yeux seront à nouveau rivés sur l’agenda de Ouattara. On saura également si ledit conseil des ministres se tiendra au plateau ou au contraire à la résidence où les dernières réunions impliquant le chef de l’Etat ont été tenues. En attendant, la seule qui semble avoir des certitudes est pour l’instant la France dont l’armée continue ses mouvements en Côte d’Ivoire, comme si elle se préparait à des opérations dont l’objet reste encore obscur. Car il y a quelques semaines, environ 150 militaires français sont arrivés en Côte d’Ivoire, officiellement pour protéger leurs ressortissants avant d’être renforcés par un autre contingent spécialisé dans les combats de rue. Quelques jours plus tard, c’est du matériel militaire qui est débarqué comme si le retour du chef de l’Etat en Côte d’Ivoire n’avait pas convaincu Paris sur les risques qu’elle redoute. La maladie du chef de l’Etat est-elle plus grave que celle qu’on nous montre ? Quant à Paris, elle le saitelle au point de se préparer à intervenir ? Pas facile de décrypter tous les signaux qui foisonnent désormais dans les cercles politiques du pays. A notre grand désespoir parfois.
Aujourd’hui
Par Sévérine Bilé
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