Les funérailles d’État

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Par Dr Serge-Nicolas NZI

La fin de vie des dirigeants politiques ou des personnes connues donne souvent lieu à des obsèques qui grâce au nouveaux moyens de communication font de nous tous des témoins d’évènements qui parfois nous rapprochent ou nous divisent en raison même de la nature du défunt.

Nous classifions ces différentes obsèques et trois catégories.

Celles de l’émotion, de la sobriété et de la dignité, celle de la pitié et de la compassion et enfin les obsèques grandioses ou le défunt nous laisse un vide difficile à combler. Il y a aujourd’hui des instruments audiovisuels qui nous permettent d’effectuer une juste observation des faits pour comprendre le sens de ce que nous devons retenir des uns et des autres.

Il y a dans la vie de tous les jours le droit qui s’applique à nous tous et aussi la morale qui veut que nous nous inclinons devant les souffrances des familles et nous pousse aussi à la compassion, et au respect pour la mémoire de notre pire ennemi. Cette loi morale est l’une des plus difficiles que le créateur nous impose. Cette exigence choque de nombreuse conscience et désarme complètement beaucoup d’êtres humains.

Les deux dernières obsèques

Les obsèques de Nelson Mandela furent à la hauteur de sa grandeur. Le monde entier à reconnu en lui un homme d’exception. Il fut l’incarnation du pardon et de la réconciliation entre les races. Les discours, les chants, les danses, les larmes et nos regrets ont accompagnés l’icône de la lutte contre l’ignominie que fut l’apartheid.

C’est l’Africain du ciel et du siècle. Il a su nous indiquer le chemin, là ou d’autres n’ont que la revanche, la vengeance, le rattrapage ethnique et le sang comme solution. Lui a répondu par l’amour et la construction d’une fraternité humaine comme solution de vie dans une Afrique du Sud juste et vivable pour tous. Il repose depuis le 15 décembre 2013 dans son village de Qunu à l’est du Cap.

C’est avec respect que nous nous inclinons ici sur la mémoire du héros qui avait terrassé l’apartheid, grâce à sa force morale et spirituelle.

– C’est dans le même registre de la reconnaissance que nous saluons ici même, l’hommage que le Portugal dans son entier à rendu à l’ancien footballeur Eusebio da Sylva Feirrera, décédé le 05 janvier dernier à l’âge de 71 ans d’une crise cardiaque. Ce buteur de génie originaire du Mozambique, avait porté haut les couleurs du Portugal en coupe du monde.

Considéré comme une perle de la nation, le gouvernement de Salazar, lui avait interdit de s’expatrier pour jouer à l’étranger. Il a ainsi fait carrière dans son seul club, le Benfica de Lisbonne. Il terminera sa carrière en Amérique du nord en laissant sur son passage l’image d’un homme de grande humilité. Meilleur buteur de la coupe du monde de 1966, plusieurs titres de champions du Portugal, de champion d’Europe des clubs sans parler du célèbre ballon d’or européen.

Ce que nous retenons de lui c’est sa modestie et l’attention qu’il accordait aux petits gens. Il a fallu le Portugal pour nous montrer qu’un pays européen est capable d’exprimer haut et fort sa reconnaissance à un noir qui a porté les couleurs de la nation le plus loin possible. Un stade de blancs debout et en larme acclamant avec respect et émotion le cercueil d’un noir, c’est du jamais vu. Mais le meilleur c’est quand l’Etat portugais décrète trois jours de deuil national, mettant ainsi son drapeau national en berne pour permettre au pays de porter le deuil d’un noir.

Le Portugal ne nous étonne pas. Ce pays nous montre que chaque fois qu’une nation met l’intelligence dans sa vie publique, elle fait avancer la conscience humaine, renforce le vivre ensemble et fortifie l’humaine condition sans se gargariser d’être la patrie exemplaire des droits de l’homme.

Nous connaissons un pays européen, un pays indigne, qui pendant sa propre guerre n’avait plus d’hommes valeureux et avait eu recours aux Africains pour l’aider. Son gouvernement en ces temps sombres, était couché à plat ventre comme un chien dans le sable de la collaboration avec les nazis et aussitôt la guerre terminée ce pays a refusé de verser une simple pension décente aux soldats africains parce qu’ils étaient des noirs.

Les grands de ce monde

Si nous remontons loin dans le temps, la tragédie de Dallas le 22 novembre 1963 et les obsèques que les USA avaient réservé au président John Fitzgerald Kennedy. Depuis l’arrivée du cercueil mortuaire à l’aéroport militaire d’Andrews jusqu’au cimetière national d’Arlington, ce fut les obsèques de l’émotion avec Jackie Kennedy et ses deux enfants encadré par Robert et Edward Kennedy.

La présidence inachevée au summum de la guerre froide reste pour nous tous un mystère et un moment de fragilité dans une tragédie dont les USA recherchent toujours les clés pour mieux la comprendre. Le fait que les bains de foule des présidents américains restent limités et qu’on utilise plus la voiture décapotable viennent tout droit des leçons de la tragédie de Dallas.

De tous les grands de ce monde le Général de Gaulle, a eu les funérailles les plus sobres et digne. Une messe officielle dans la petite église du village de Colombey-les-Deux-Églises. Ni ministres, ni parlementaires de l’assemblée nationale, ni place réservée. Seuls les membres de sa famille et ses compagnons de la libération. Par testament il a voulu que l’armée soit présente mais discrète, pas de sonnerie aux morts.

Une messe fut organisée à Paris le 12 novembre 1970, pour toutes les délégations étrangères et les corps constitués. Ce fut un moment fort ou la sobriété l’emportait sur tout le reste. Le cercueil était en bois blanc, pas en or ou en cristal. Tout fut dominé par la simplicité au point ou nous retenons aujourd’hui la simplicité comme mode de fin de vie.

Les obsèques du président socialiste français François Mitterrand à Jarnac le 11 janvier 1996 ou nous découvrons ses deux familles côte à côte, reste pour nous tous un moment d’émotion mais aussi un moment ou l’hypocrisie d’un homme et d’un pays éclate au grand jour pour nous rappeler d’éviter en matière de meurs d’être des donneurs de leçons.

Les obsèques de la démesure

Dans le domaine de la démesure la Corée du nord de Kim Il Sung et l’Iran de Khomeiny, remportent la palme de la démesure et de l’hystérie collective.

L’homme qui a dirigé la Corée du nord de 1948 à sa mort le 8 juillet 1994, est mort en laissant un pays accroché au marxisme pur et dur. Le parti coréen du travail, reste et demeure le centre de la vie politique du pays.

La question que nous nous posons tous est la mise en scène des obsèques, les lamentations, les pleures, les larmes. Même les funérailles du camarade Joseph Staline et du grand timonier, Mao Zédong, ne sont pas aussi fastueuses que les obsèques de la démesure que la Corée du nord avait réservée à son dictateur.

Dans ce genre de situation les pleures et les larmes sont-ils sincères ? Nous avouons notre impuissance à comprendre ces scènes de journalistes, et de 10 000 personnes en lamentations continues. Est-ce des personnes réquisitionnées pour la circonstance? Comme les pleureuses de chez nous qui après s’être griffées le visage jusqu’au sang se jettent sur les plats pour manger goulument à leur faim.

Nous retrouvons le même phénomène dans l’Iran de Khomeiny. « L’esprit supérieur des musulmans et des hommes libres est monté au ciel le samedi 3 juin 1989, à l’âge de 89 ans, dans un hôpital de Téhéran après onze jours d’une lente agonie, après une hémorragie postopératoire de l’appareil digestif. »

Le petit homme frêle au turban noir et aux sandalettes qui avait renversé l’une des dictatures les plus pourries et les plus corrompues de la planète, s’en est allé dans un concert de larmes de pleures et dans une agitation proche de sa prise du pouvoir. La déferlante de forces et cette volonté des chiites iraniens de s’emparer du cadavre qui est arrivé dans le Mausole de Beheshet-e-Zahra, au Sud Ouest de Téhéran.

Le corps était presque nu car chacun voulait garder un morceau du vêtement mortuaire.

C’est un moment qui reste pour nous les africains, toutes religions confondues, un moment pathétique ou la religion, la politique et le culte du défunt se mêlent et s’entremêlent dans une conjugaison qui ne rend pas encore bien une hystérie collective loin de notre raison.

Nos contradicteurs nous diront qu’il y a des scènes similaires chez nos parents bétés du centre Ouest de la Côte d’ivoire. Mais les images de l’enterrement de l’ayatollah Khomeiny, dépassent simplement notre entendement. Les évanouissements par milliers à l’apparition du cercueil c’est du jamais vu.

Obsèques d’expression de l’orgueil national

Les obsèques grandioses et dignes d’un héros, que le Venezuela a réservé à Hugo Rafael Chavez de Frias, Le 8 mars 2013. Des piquets d’honneur avec des chefs d’Etats d’Amérique latine et du monde en passant par les membres de la révolution bolivarienne, jusqu’ à l’apparition de la maman Elena Frias de Chavez, était pour nous tous des moments intense d’émotion.

Ayant eu le malheur de voir de nos yeux toute notre vie des gouvernement africains couchés à plat ventre comme des chiens obéissants plus aux multinationales françaises du béton des travaux publics, du pétrole et de l’exploitation portuaire, Hugo Chavez reste et demeure pour beaucoup d’entre nous ce qu’un pays du tiers monde peut offrir comme réponse à la domination occidentale et surtout à notre volonté de récupérer la richesse nationale insuffisante et confisquée par les multinationales néocoloniales pour la mettre au service du bien être de nos populations pauvres, malades et affamées.

Chavez n’était pas un blanc, il était issu d’un métissage d’amérindien, de noir et de blanc, il était à lui seul le renouveau d’un Venezuela arc-en-ciel. Il a donné à son pays une direction de dignité à suivre pour que l’indépendance nationale retrouve son sens dans une Amérique latine qui cherche sa voie dans le grand concert des nations.

– Les obsèques de Chavez rejoignent ceux de Houari Boumediene, décédé le 27 décembre 1978. Les obsèques deux jours plus tard au cimetière d’El Alia d’Alger furent pour le monde un grand moment de recueillement et de douleur. Nationaliste intransigeant, il n’acceptait aucune ingérence d’un pays du monde occidental dans les affaires de son pays.

Boumediene, n’avait aucune confiance à la France. Il disait toujours que c’est un gouvernement à la langue fourchue comme le serpent, voilà pourquoi il n’a effectué aucune visite officielle dans ce pays jusqu’à sa mort. L’assemblée générale de l’ONU de septembre 1974, consacrées aux matières premières de l’immense tiers monde dont nous sommes les fils fut un grand moment de l’histoire de la contribution de l’Algérie à l’affirmation de notre rêve commun d’indépendance totale nécessaire pour assumer notre destin dans la marche du monde.

C’est dans ce même registre qu’il faut situer les obsèques de Samora Machel et d’Agostino Neto deux leaders des anciennes colonies portugaises d’Afrique. Ils ont conduits leur pays à l’indépendance dans un environnement d’hostilité avant que la mort décide dans une sorte de lâcheté impitoyable de s’emparer d’eux pour leur retirer la vie. L’un dans un accident d’avion et l’autre par la maladie.

La fin d’un long règne

La mort de Francisco Franco, le 20 novembre 1975 dans une Espagne à bout de souffle, marque la fin des dictatures en Europe. L’agonie fut longue, on a aujourd’hui encore que l’Espagne dans son entier attendait la mort du vieux dictateur pour prendre son destin en main. Ils sont nombreux ceux qui pensent faire du franquisme sans Franco et bien l’histoire leur donnera tort car le franquisme sans Franco n’est plus viable sans sa figure titulaire.

Dans une Europe démocratique. Franco était moribond depuis des années, mais les franquistes ne voulaient pas voir la fin d’un long règne de 36 ans. Dans le communiqué qui annonce son décès on comprend qu’avec son âge avancé il ne pouvait pas survivre. Juger en vous-même :

« Maladie de Parkinson, cardiopathie, ulcère digestif aigu et récurrent avec hémorragie abondante et répétées, péritonite bactérienne. Insuffisance rénale aigue, thrombophlébite, broncho-pneumonie, choc endotoxique et arrêt cardiaque. » tout ceux qui veulent gouverner un pays en se sachant malade, multiplient sans le savoir l’aggravation de la maladie en oubliant que leur mort sera aussi cause d’instabilité pour le pays.

En raison du long règne sans partage qui fut le leur. Les funérailles de franco furent grandiose à la gloire du franquisme. Pour le reste Franco fut un dictateur sanguinaire. Même dans sa tombe il continuera à s’opposer à la démocratie. Sur ordre du Roi d’Espagne, il fut enterré à la basilique Sainte-Croix Del valle de Los Caidos.

C’est dans ce même registre qu’il faut situer la mort de Félix Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993. Le premier président de la Côte d’ivoire. Il est mort des suites de complications postopératoires lié à un cancer de la prostate. Houphouët-Boigny, ne pouvait pas survivre à 88 ans d’une telle opération. Ceux qui l’ont vu en fin de vie disent qu’il était blême et décharné.

Les êtres humains sont tous à égalité devant la mort. Il est mort en nous laissant de nombreuses interrogations. Pourquoi ne pas avoir démissionné pour faciliter la continuité de l’Etat ? Etait-il conscient des difficultés économiques, politiques et institutionnelles dans lesquelles il allait laisser son pays ?

Pourquoi était-il se faire opérer à l’hôpital Cochin à Paris en sachant que s’il y a un pays plus pressé d’en finir avec un allié vieillard et moribond c’est bien la France ? Quand un vieillard de 88 ans se fait opérer de la prostate et que les métastases sont telles qu’on est obligé de le castrer, pensez-vous qu’il peut survivre physiquement à une telle intervention ?

C’est la question que nous avons posé à trois médecins suisses spécialistes de la prostate quand Houphouët, était malade. Ce qui fait de nous l’un de ceux qui savait à l’avance que l’ancien président du RDA, ne survivra pas, à la maladie. A-t-il été liquidé pour ouvrir une autre page de la françafrique ? Ils sont nombreux les ivoiriens qui se posent ces questions au regard de tous les malheurs qui se sont abattus sur la Côte d’ivoire depuis la mort du bélier de Yamoussoukro.

Les ivoiriens toutes tendances confondues doivent éviter dans l’avenir l’incrustation d’un homme malade au sommet de l’Etat. La constitution prévoit un seul renouvellement du mandat présidentiel. Cette disposition doit être maintenue pour éviter les présidents à vie car Houphouët en fut un. Les gens comme Gnassingbé Eyadema, Mobutu ou Omar Bongo et consorts furent tous de cette nature.

S’installer dans la durée pour servir les intérêts de leurs maitres occidentaux. Pour cela ils n’hésitaient pas à jeter leurs propres compatriotes en prison dans le but de plaire à leurs protecteurs. Ils ont tous méprisés la démocratie et le suffrage universel à qui ils ne doivent rien. La pitié de Dieu pour leur pauvre âme, c’est ce que nous pouvons implorer pour eux au vu des souffrances qu’ils nous ont laissées en héritage.

La messe de requiem à la mémoire de Félix Houphouët-Boigny, le lundi 7 février 1994, fut grandiose, généreuse et même fantasmagorique dans la basilique construite sans doute pour la circonstance. En présence de personnalités du monde entier, ne fut pas un moment d’émotion pour nous. L’exemple de Léopold Sedar Senghor, qui a quitté le pouvoir dans la dignité et la sobriété est sous nos yeux pour nous indiquer que durer au pouvoir pour son orgueil personnel n’a plus de sens.

Car le pétrin dans lequel se trouve la Côte d’ivoire aujourd’hui puise sa source dans 33 ans de pouvoir sans partage ou tout avait été mis en place pour piétiner et écraser l’alternance politique pacifique au sommet de l’état. Et cela est fondamentalement impardonnable à Félix Houphouët-Boigny et à son clan. N’en déplaisent aux nostalgiques de l’houphouëtisme.

Les obsèques d’Yitzhak Rabin

La mort peut nous frapper tous et à tous moments. Un militaire héros de guerre peut mourir d’un instant à l’autre en temps de paix par des balles tirées par un de ses propres compatriotes. Le 4 novembre 1995, fut dans ce sens un moment de désarrois national pour les israéliens. Ils prennent conscience que cela n’arrive pas qu’aux autres.

L’hommage rendu au soldat fut plus qu’émouvant. Le moment le plus pathétique est sans nul doute l’intervention du souverain hachémite, le Roi Hussein de Jordanie, qui regrette les larmes aux yeux la mort tragique de son frère le faiseur de paix Yitzhak Rabin. Vêtu de sa tenue de commandant des forces armées Jordaniennes et coiffé de son célèbre keffieh à carreaux rouges et blancs. Il effectuait sa première et dernière visite à Jérusalem depuis la guerre de six jours de juin 1967.

Hussein de Jordanie nous a prouvé qu’il ne s’agit pas d’avoir trois mètres de hauteur. C’est par les actes qu’on pose qu’on devient grand. A son décès quatre ans plus tard le 7 février 1999, le monde entier se déplaça pour lui rendre un hommage digne de respect.
Le plus impressionnant fut l’importante délégation israélienne qui se rendit à Amman en Jordanie. Du premier ministre Benjamin Netanyahu, au général mythique Ezer Weizmann, Shimon Peres, Léa Rabin, Dan Tichon le président du parlement Israélien. Et comme tout cela ne suffit pas, un deuil national de trois jours fut décrété par l’Etat israélien qui portait ainsi le deuil de l’ennemi d’hier.

Pour nous les africains habitué à la médiocrité de nos dirigeants politiques, incapables de réussir une simple réconciliation nationale, chez nous on est en plein rêve de l’inatteignable qui se réalise sous nos yeux à travers des obsèques. Toute notre vie fut témoin d’une incapacité de nos dirigeants à voir loin en commençant par voir la pauvreté, la maladie et les souffrances de nos peuples africains. Nous les voyons aller se soigner en Europe, envoyer leurs enfants à l’étranger, nous laissant dans des pays sans routes avec des salaires impayés pendant des mois. Quelle considération devons-nous avoir pour un gouvernement qui nous impose que souffrance. Doit-on pleurer la mort de tels dirigeants ?

Le choc brutal et la reconnaissance d’un peuple

Nous avons dans ce survole rapide évité les obsèques de Mao, de Hiro-Hito du japon, d’Hassan II du Maroc, de Béchir Gemayel au Liban ou de celui du Roi Baudouin de Belgique. Selon nous il n’y aura pas en émotion et en partage de funérailles qui peuvent égaler les obsèques grandioses que l’Egypte et le Caire ont réservé à Gamal Abdel Nasser.

C’est sans commune mesure avec les autres obsèques. Les images d’archives sont encore à disposition. Il n’y a rien de comparable sur terre. Deux million de personnes en pleurent derrière le cercueil du raïs égyptien. Nasser meurt le 28 septembre 1970, terrassé par une crise cardiaque et du surmenage de son implication dans la recherche d’une solution à la crise Jordano-palestinienne de septembre 1970.

Nous avons aimé son coté austère et le fait qu’il n’avait aucune fortune personnelle. Son décès avait secoué le monde arabe et l’immense tiers monde dont nous sommes les fils. A lui tout seul il représentait la rencontre d’un homme et d’une volonté. Celle d’avoir chez nous un pouvoir à notre service et non un chef couché à plat ventre comme un chien devant les intérêts d’une tiers puissance. Nasser était plus grand que le mot. Nos pensées vont vers lui quand nous voyons les contrats léonins de privatisation de l’eau, de l’électricité, du pétrole, du gaz et des mines de nos matières premières précieuses.

C’est l’homme de la nationalisation du canal de suez le 26 juillet 1956. Même l’échec de la guerre de six jours n’a pas terni son aura auprès des masses arabes. Le respect et l’amour que les peuples lui devait vient de là. Le peuple en pleure affichait son désarrois.
« Que deviendront nous sans toi. Toi qui était le Rampart des arabes. Toi qui était le feu qui brulait devant notre camp. Garde nous une place aux côtés du messager de Dieu notre prophète. »

Le ballet d’avion sur l’aéroport du Caire et les larmes sincères de ses compatriotes et de ses ennemis font des obsèques de Gamal Abdel Nasser, ce qu’il y a de fabuleux dans l’histoire des funérailles humains. Le grand mufti de Beyrouth, écrira au lendemain de son enterrement, que depuis la mort du prophète jamais un décès n’a autant affecté les arabes que celui de Nasser.

La communion entre Nasser et son peuple était quelque chose de particulier. Nasser avait assumé la débâcle militaire de son armée en juin 1967, en présentant sa démission à son pays. Ils sont combien aujourd’hui qui refusent de démissionner devant leur propre forfaiture ? ils sont nombreux en Afrique, ceux qui s’accrochent désespérément au pouvoir pour leur profit personnel.

Postulat de conclusion générale

Nous sommes tous des mortels et la mort nous conduit à des résignations parfois inacceptables. Certains méritent plus leur mort que d’autres. Il y a des morts qui laissent un vide béant. Les funérailles de Bob Nesta Marley à Kingstown à la Jamaïque sonnaient aussi la fin d’un mythe mais aussi le recule durable de l’air musical du reggae.

En revisitant l’histoire des religions, nous avons retrouvé des moments extraordinaires d’émotion qui ne nous éloignent pas du très Haut. Mais qui nous montrent la grandeur du chemin à parcourir pour atteindre cette capacité de compassion nécessaire pour que la perfection soit sur notre chemin de vie.

Le Saint Coran qui est un ouvrage révélé par l’archange au Messager du très Haut, il est dit de façons précise et sans l’ombre d’une ambigüité que le plus grand plaisir qu’un croyant puisse offrir au créateur, c’est de donner de l’eau à boire à celui qui est dans le besoin, même si c’est votre pire ennemi.

Dans le livre des livres la Bible, il est écrit dans les béatitudes : « heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. » respecter nos ennemis. Ceux qui souhaitent de toutes leurs forces la mort de la démocratie et des libertés publiques. Avoir de la compassion pour la mémoire d’Hitler, de Goering de Franco, d’Antonio Salazar, des assassins de notre frère Thomas Sankara ou de ce criminel de Mobutu. Nous pouvons vous assurer que les Saintes écritures sont parfois déroutantes, c’est justement pourquoi nous devons toujours les revisiter avec modestie et humilité.

Nous venons donc de faire ensemble un grand voyage dans ce que l’histoire humaine nous a laissé en héritage, tirons ensemble les leçons des obsèques que le monde à réservé à des hommes et à des femmes qui à un moment de la marche du monde ont porté les espérances et aussi les échecs de leur peuple dans leur domaine d’activité.

Merci de votre attention

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano (Suisse)
Mail : nicolasnzi@bluewin.ch

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