Comment Vladimir Poutine a abattu ses cartes
Par Adrien Sénécat
lexpress.fr
Le Kremlin a semblé un temps pris de vitesse par la précipitation des événements en Ukraine mais a obtenu ce samedi l’envoi de soldats dans le pays. Récit de la reprise en main de la situation par Vladimir Poutine.
Acte I: présenter la Crimée en victime
Jeudi 27 février. Des hommes armés pro-Russes prennent possession de bâtiments officiels à Simferopol, en Crimée. Et notamment du Parlement local, sur lequel ils hissent un drapeau russe. Très vite, la situation se tend entre Russie et Ukraine. La première multiplie les signes d’intimidation, notamment via des exercices militaires ou la mise en alerte d’avions de chasse à la frontière entre les deux pays.
Pas question d’afficher une quelconque intrusion Russe en Crimée pour autant. Le Kremlin reste silencieux sur les événements et les médias russes les présentent comme des « actions de défense » du peuple criméen, majoritairement pro-russe, contre le régime de transition à Kiev. Le Parlement de Crimée décide dans la journée la tenue d’un référendum sur l’indépendance de la péninsule le 25 mai, soit le même jour que la présidentielle anticipée en Ukraine.
Acte II: peser sans dévoiler son jeu
Vendredi 28 février. La tension monte dès le début de la journée en Crimée: des hommes armés pro-Russes prennent le contrôle de deux aéroports à Simferopol et Sébastopol. L’Ukraine accuse très vite la Russie « d’invasion » mais le Kremlin dément et assure qu’aucun de ses soldats n’est présent sur place.
Le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch explique dans une conférence de presse tenue en Russie dans l’après-midi qu’il n’a pas encore rencontré Vladimir Poutine (mais lui a tout de même téléphoné). Pendant ce temps, la Crimée continue de bouillonner.
Dans la soirée, l’Ukraine dénonce la violation de son espace aérien par la Russie et assure que 2000 militaires russes ont été déposés en Crimée. Le président ukrainien par intérim accuse Vladimir Poutine d' »agression non dissimulé ». Dans la foulée; Barack Obama met en garde la Russie et la menace de boycotter le sommet du G8 prévu en juin à Sotchi. Motus et bouche cousue à Moscou.
Acte III: légitimer l’envoi de soldats en Ukraine
Samedi 1er mars. Vladimir Poutine dévoile son jeu: le Kremlin indique dans un communiqué que la Russie ne va pas ignorer la demande d’aide adressée par le nouveau Premier ministre de Crimée. Objectif: installer l’idée que Moscou ne veut pas envahir une région d’Ukraine mais bien défendre un peuple qui l’appelle à l’aide.
Les responsables ukrainiens affirment dans la foulée qu’environ 6000 soldats russes supplémentaires (en comparaison au contingent habituel) ont été déployés en Crimée. Dans la matinée, environ 10000 personnes manifestent à Donetsk, fief de Viktor Ianoukovitch, contre le régime de transition en Ukraine. Elles brandissent des drapeaux russes.
La suite consiste en une sorte de « une-deux » entre le Parlement russe et le Kremlin. La Douma (l’équivalent de l’Assemblée nationale française) commence par appeler Vladimir Poutine à « protéger par tous les moyens » la population de Crimée. Ce dernier demande au Conseil de la Fédération (l’équivalent de notre Sénat) d’approuver le « recours à l’armée russe en Ukraine). C’est chose faite quelques dizaines de minutes plus tard.
Les intentions précises de Moscou sont encore incertaines ce samedi soir, tout comme les modalités de son intervention. Le Kremlin indique que la décision de faire intervenir l’armée russe en Ukraine n’a pas encore été prise. Une chose est d’ores et déjà certaine: Vladimir Poutine a repris la main.
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