Kinimokro, village de la sous-préfecture de N’Guessankro, dans le département de Bongouanou, était en fête, le samedi 8 février, à la faveur de l’investiture de Nanan Ehora Tehoa Maurice, chef de la tribu du N’Gattianou. Une tribu qui se retrouve avec deux chefs.
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Dans le N’Gattianou, tout le monde le sait. Il y a un problème sur le trône. L’investiture de Nanan Ehora Tehoa, rehaussée par la présence de la quasi totalité des chefs cantons de la tribu, est loin de cacher le malaise. Avant Nanan Ehora Tehoa, Nanan Angbonon Kadjo s’est fait investir pour le même trône. Aujourd’hui, il y a donc une situation rarissime où on se retrouve avec deux chefs investis pour le N’Gattianou. D’aucuns racontent même que le vrai trône a été confisqué à N’Dolikro, dans le fief d’Angbonon Kadjo. Selon les explications que nous avons pu avoir, depuis le 18 ème siècle, le trône est géré par trois familles. Les familles Ahougnafow, Kissibossofow et N’Guessanbossofow. La première famille citée soutient aujourd’hui qu’elle est la détentrice exclusive du pouvoir, et que les deux autres, qui sont leurs enfants ou petits-enfants, ont accédé au pouvoir avec leur accord. En clair, elle a décidé de garder le pouvoir. Les deux autres brandissent un document datant de 1945, dans lequel, les trois familles se seraient accordées pour une gestion tournante. Ce qui voudrait dire que depuis 1988, après le règne de Nanan Assouma II issu de la famille Ahougnafow, c’est autour des Kissibossofow de désigner le chef. Mais, les Ahougnafow ayant décidé de garder à jamais le trône pour eux seuls, ce que contestent les autres familles, la tribu n’a pu se trouver un chef. Pour juguler la crise, les cadres ont initié des recherches qui les ont conduits jusqu’au Ghana. Et il en ressort que c’est au tour des Kissibossofow de monter sur le trône. «Pendant des années, plusieurs délégations sont allées au Ghana pour interroger les sources. Les investigations ont donné raison à Nanan Ehora Tehoa», nous a confié un haut cadre qui a requis l’anonymat.
C. Ebrokié
L’histoire d’un trône
Le N’Gattianou regroupe 17 villages et fait partie du Moronou, à l’Est de la Côte d’Ivoire. Cette tribu est, d’après les récits, «le noyau dur»de l’ancien royaume Ebrosso-Aowin du Ghana. Lequel a été fondé par Anoh Assoman, l’«ancêtre commun aux Agni». Selon l’histoire, entre 1722 et 1755, l’éclatement imminent d’une guerre poussa ce peuple appelé Ebroussa à se lancer à l’exode. D’escale en escale, le peuple va se retrouver dans les environs d’Ehuikro (S/P de M’Batto). C’est là que le peuple prit le nom Morofouè, la traduction de la volonté de rompre avec le triste passé. Mais le site devenant exigu par rapport à l’explosion démographique qui a engendré la multiplication des épidémies, les familles vont à nouveau reprendre l’exode. C’est ainsi que le neveu d’Ano Assouman, l’un des tributaires du Moronou, conduisit le N’Gattia (peuple du N’Gattianou) sur le site actuel.
C. Ebrokié
Une dizaine de chefs se sont succédé sur le trône
– Dangui Kpagni 1730-1780
– Tanoh Babaliba 1780-1800
– Aka Ovo 1800-1810
– Nanan Ahou 1810-1815
– Fato Kpokou 1815-1840
– Aka Ahi 1840-1855
– Kosso Kpli 1855-1865
– Tehoua Kpokou 1865-1879
– Allou Anzi 1879-1886
– N’Guessan Allou 1886-1893
– Assié Lou Kadjo 1893-1913
– Anzi Kokora 1913-1944
– Nandeya Ehouma (Nanan Assouma II) 1954-1988
(Source: documents chefferie)
Notre Voie
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