Comparaison n’est pas raison dit l’adage ; celle-ci est l’exception qui confirme la règle. Ce dont il s’agit ici concerne la plus part des dirigeants des pays d’Afrique noire. Ils ont leur résidence secondaire, leurs banques, leurs lieux de distraction, les magasins d’approvisionnement en tout genre et leurs médecins traitants et leurs hôpitaux en terre étrangère, essentiellement en Europe ou aux Etats-Unis.
Imaginons en France, Hollande, président de la République française, malade, évacué à la hussarde dans un hôpital américain. Le peuple français envahi par la rumeur sur la gravité de l’état de santé de son président, qu’il n’a plus vu en public, reçoit pour toute information un communiqué laconique annonçant que ce dernier a subi une opération de la prostate et qu’il sera de retour sous peu à l’Elysée. Que se serait-il passé ? Comment auraient réagi François Fillon, Jean-François Copé, Jean-Luc Melanchon etc. Mais en Afrique ces questions n’indignent personne ; on trouve tout à fait normal que nos Chefs d’Etat, nos ministres se pavanent dans les palaces européens, se rengorgent avec fierté aux volants des bolides les plus chers du monde, se soignent dans les hôpitaux les plus chers tandis que nos populations meurent de faim et de manque de soin.
En effet, Depuis sa prise de pouvoir, le 11 avril 2011 en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara n’aurait pas résidé sur le territoire ivoirien pendant plus de trois mois de façon consécutive. Toujours entre deux avions (privés dit-on et pour autant payés sur les fonds du contribuable ivoirien), le chef de l’Etat se rend au moins une fois tous les mois en France. Et si les séjours antérieurs ne dépassaient pas cinq jours, voilà plus de trois semaines que M. Ouattara est hors du pays. Ce dernier voyage soulève le problème que poserait à une maisonnée fortement ébranlée par l’épreuve des querelles fratricides, le départ à la dérobée, pour une destination inconnue, du père de famille.
Nul ne le conteste que la protection de la vie privée des intrusions inopportunes soit un droit fondamental de l’homme mais s’agissant de la plus haute personnalité de l’Etat, cette protection trouve sa limite dans le droit des citoyens d’être informés sur son état de bien-être physique et moral. Il y a va de leur sécurité, le chef de l’Etat ayant entre ses mains la gestion de leur destinée. Et là on peut légitiment et à haute et intelligible voix se poser la question de savoir où est donc passé Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire ? Que devient-il ? Pourquoi tient-il pour secret son bulletin de Santé ?
S’il était malade comme il est dit, pourquoi choisit-il de se soigner en France ? Le commun des Ivoiriens, le contribuable qui paye en définitive les soins du président de la République, a-t-il lui aussi droit à la même qualité de soins? M. Ouattara doute-t-il de la qualité des soins en Côte d’Ivoire, lui qui a promis aux Ivoiriens les meilleurs hôpitaux en d’Afrique? Le choix du service de neurochirurgie de l’Hôpital américain de Neuilly en banlieue chique de Paris, par Alassane Dramane Ouattara est la manifestation du mépris dans lequel nos dirigeants tiennent tout ce qui vient de chez eux. Et, pourtant nous avons des médecins hautement qualifiés qui dispensent les soins dans nos hôpitaux. En médicine, la Côte d’Ivoire peut se vanter d’avoir des prodiges, dont la réputation a franchi nos frontières particulièrement en neurochirurgie. Nous avons le Professeur Ba Zézé, président de la Société Ivoirienne de Neurochirurgie, chef du service de Neurochirurgie du Chu de Yopougon, bien connu à Tours, en France où il opère des patients (des Blancs comme Alassane Ouattara). Et le président Alassane Ouattara aurait bien pu, par hasard du sort, tomber sur le billard de BA ZEZE, à l’hôpital Américain de Neuilly.
Que penseront les français si le président Hollande décidait d’aller se faire soigner tous les quinze jours à Washington ? Que penseront les américains si Obama allait se faire arracher une dent en Russie ? Nous prenons ces exemples pour montrer que si nous voulons que l’occident nous respecte, nous devons nous même nous faire respecter. Car ce ne sont pas les compétences qui manquent en Afrique. Le vrai problème de notre sous développement reste les structures.
Comment M. Ouattara pourra-t-il vraiment s’occuper de l’amélioration des structures hospitalières nationales lorsque moindre bobo qu’ils ont, lui et ses proches sautent dans le premier avion pour Paris. Ils peuvent eux se faire soigner dans les cliniques cinq étoiles et aux frais du pauvre contribuable qui doit, lui se contenter du peu s’il en trouve sinon mourir par manque de soins. Alassane Ouattara s’est-il une seule fois rendu dans un hôpital ivoirien pour voir dans quelles conditions travaillent les médecins et dans quelles conditions vivent les malades ?
Alassane Ouattara s’est-il une seule fois rendu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan pour voir comment vivent les prisonniers ? Car ne l’oublions pas, la propreté des maisons d’arrêt est un indice par lequel on mesure si la justice d’un pays est vraiment égale pour tous. Car si les dirigeants sont conscients qu’ils peuvent eux aussi, séjourner en prison, ils consacrent des moyens à leur entretien.
Enfin, si l’Afrique veut vraiment ressembler à l’Europe, il faudra bien que les dirigeants africains donnent l’exemple. On ne peut plus tolérer des chefs d’état qui méprisent leurs peuples.
Que ceux qui ont des oreilles, l’entendent.
Philippe KOUHON/ Journaliste d’Investigation (Diaspo Tv)
Mail : pkouhon@gmail.com
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