Voilà un sujet très sensible qui suscite beaucoup de passions, de débats et parfois toutes sortes de comportements imprévisibles ou irrationnels. Dans bon nombre de pays, l’immigration, l’insécurité, les déficits publics et le chômage massif sont de préoccupations pour les gouvernements qui doivent trouver des solutions. Quand ils sont tous gérés en même temps, ils forment un cocktail explosif au niveau social et politique. Envenimée par la presse, les partis d’opposition et les syndicats, cette situation devient un véritable cauchemar pour le gouvernement et sa majorité.
L’immigré peut être vu comme une menace potentielle
De manière générale, les adversaires de l’exécutif trouvent toujours et c’est de bonne guerre, des liens entre ces différents thèmes qui sont d’horribles sources d’insomnie pour n’importe quel gouvernement. La particularité de celui de l’immigration est qu’il cristallise et fédère des sentiments patriotiques contre des groupes de populations avec qui ils ne partagent pas les principaux symboles de leur identité nationale et culturelle. On peut citer par exemple, l’identité nationale de la population, c’est-à-dire la nationalité. Pour le patriote ou le nationaliste, l’immigré peut être vu comme une menace potentielle, selon les circonstances. Ce sentiment peut-être lié à un environnement politique, économique ou sécuritaire. Après l’indépendance ivoirienne, l’intelligence et la force de la vision du président Félix Houphouët Boigny ont permis à la Côte d’Ivoire de se construire très rapidement grâce à une forte main-d’œuvre étrangère. Nos champs de cacao, de café, de palmiers à huile ou d’hévéas qui ont fait la richesse de notre pays étaient généralement entretenus par des ressortissants étrangers de la sous-région. Sur les chantiers des grands travaux des infrastructures routières et économiques ou des grattes ciel qui faisaient la fierté du pays, on y trouvait aussi beaucoup d’étrangers. Vers la fin des années 80, avec la crise pétrolière, puis la chute des prix du cacao et du café, la fin du miracle ivoirien annonçait des jours sombres et funestes.
La Côte d’Ivoire a besoin de nombreuses compétences
Les années 90 ont été des années terribles pour les immigrés en Côte d’Ivoire. Avec la dévaluation du franc CFA, la fin du plein emploi et la montée du chômage, les immigrés sous régionaux n’étaient plus les bienvenus en Côte d’Ivoire. C’était le temps de l’ivoirité et de la chasse aux non ivoiriens. Par manque d’activité professionnelle, confrontés à des réalités existentielles de plus en plus rudes, des ivoiriens se sont souvenus que leurs parents avaient vendu des terres il y a des dizaines d’années de cela à des étrangers. Dopés par les effets pervers du concept volontairement ambigu de l’ivoirité, ils se sont mis à chasser par milliers ces immigrés afin de s’approprier ces terres. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire se reconstruit tout doucement de ses multiples traumatismes, tant au niveau psychique qu’au niveau social, identitaire, politique et économique. Le pays est véritablement en chantier avec de nombreux projets de reconstruction, d’urbanisation, de développement et de modernisation, sous le modèle du président Félix Houphouët Boigny.
Utiliser les compétences issues de la diaspora ou de l’immigration
La Côte d’Ivoire a aujourd’hui encore besoin de nombreuses mains-d’œuvre tant hautement qualifiées que qualifiées et sous qualifiées. Nous avons besoin de nombreuses compétences à tous les niveaux. A commencer par la presse. La non attribution d’un super EBONY 2013 témoigne bien du malaise existant dans la profession de journalisme. Dans les hôpitaux, comme dans l’enseignement, ces quinze dernières années ont été une véritable catastrophe en matière de formation. Cela a donc eu pour conséquence une approximativité des compétences du personnel soignant et enseignant. Dans la pratique, l’éthique et le sens de la responsabilité font cruellement défaut. Seul l’argent compte au détriment de la vie humaine. Les ingénieurs, les techniciens supérieurs, les scientifiques, les économistes et financiers aux références universitaires et professionnelles solides font également défaut à notre pays dans son désir d’émergence en 2020. La diaspora ivoirienne attend toujours qu’on mette en place des structures fiables avec des moyens pour qu’elle s’insère dans cette dynamique de reconstruction et de développement. A défaut, vaudra-t-il à nouveau faire appel à des compétences étrangères pour développer et moderniser notre pays ?
Macaire DAGRY
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Les commentaires sont fermés.