Côte d’Ivoire UNJCI “les décisions du Conseil d’administration sont nulles et de nul effet”

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L’union des journalistes ivoiriens dénonce les “pratiques mafieuses” de son ex-président (ITW)

Par Guy-Bertrand KUYO

Le secrétaire général de l’Union nationale des journalistes ivoiriens (Unjci), Félix Bony estime que le Conseil d’administration veut “créer un clash ” après son intention de convoquer un congrès extraordinaire, ajoutant que les “pratiques mafieuses” de l’ex-président Traoré Moussa, “jettent l’opprobre sur la corporation” et sa “radiation” sera à l’ordre du jour au prochain congrès, dans un entretien à alerte Info.

Félix Bony, SG unjci

M. le SG de l’Unjci, comment va la structure des journalistes que vous dirigez, vu que le président a quitté ses fonctions pour une affaire de corruption et votre demande au Conseil national de la presse (Cnp) pour reconsidérer sa position a été rejetée ?

L’Unjci va très bien et je ne dirai pas que notre demande au Conseil national de la presse pour reconsidérer sa position a été rejetée. Nous avons plutôt souhaité que si M. Traoré Moussa, l’ex-président, apporte des éléments nouveaux, que le Conseil national de la presse, sur la base de ces éléments nouveaux, puisse analyser et reconsidérer sa position si possible, pour la solidarité à un frère, un ami avec qui nous sommes au sein de l’union.

Aujourd’hui, la situation a évolué. Le Conseil national de la presse a rejeté le recours gracieux introduit par M. Traoré et sur la base de cette nouvelle situation et vue la gravité des faits qui lui sont reprochés, le Conseil exécutif (CE) de l’Unjci a pris ses responsabilités et l’a blâmé conformément aux dispositions statutaires de l’union. L’Unjci n’est donc pas en crise, elle n’a donc aucun problème et continue ses activités avec la première vice-présidente, Habiba Dembélé Sahué, qui, en pareille situation, devient la présidente par intérim jusqu’à la fin du mandat.

Mais, le Conseil d’administration (CA) a rendu public un communiqué qui suspend le Conseil exécutif (CE) dans cette affaire.

D’abord c’est un billet dans le quotidien (d’Etat) Fraternité Matin du vendredi qui parle de suspension, c’est un gros mot parce qu’en droit, il faut peser les mots. Le Conseil d’administration n’a pas pouvoir pour suspendre le Conseil exécutif de l’Unjci, mais plutôt il a pris une décision portant convocation d’un congrès extraordinaire et gel des avoirs de l’Unjci. Une décision qui nous a été d’ailleurs notifiée jeudi avant qu’elle ne paraisse dans les journaux.

Je voudrais préciser que le Conseil d’administration (CA) veut créer un clash et nous ne voulons pas le suivre dans sa logique, parce que conformément aux dispositions statutaires, le CA ne peut convoquer de congrès extraordinaire que si le Conseil exécutif (CE) démissionne en bloc. Or en la matière, il n’y a pas de crise qui fait que le Conseil exécutif démissionne en bloc. M. Traoré Moussa a commis un acte privé et M. Alafé Wakili avec lequel il a commis cet acte et qui a été également sanctionné, a reconnu sur les antennes de Rfi que depuis 20 ans, l’argent circule entre eux. Et cela peut se comprendre parfaitement.

Nous considérons que le Conseil d’administration outrepasse ses pouvoirs et nous ne la suivrons pas sur ce chemin où il cherche un clash. Nous avons écrit au Conseil d’administration pour montrer quelles sont les dispositions que nous avons prises jusqu’à maintenant et montrer que les prérogatives qui lui reviennent sont qu’après que M. Traoré a vu sa carte de journaliste retirée, que le Conseil d’administration lui retire sa carte de l’Unjci et fasse la passation avec le président intérimaire. Cela fait déjà deux fois que nous avons invité les membres du Conseil d’administration à venir faire la passation en vain.

Maintenant, on nous parle de congrès extraordinaire, nous ne savons pas de quels textes ils tirent cette idée. Mais mieux, ils motivent ce congrès extraordinaire par des consultations qu’ils ont eues avec le Conseil consultatif (CC) qui n’est qu’un organe consultatif dont la mission principale est certes d’être consulté, mais aussi de faire la médiation en cas de situation conflictuelle. Nous aussi, nous avons consulté le Conseil consultatif. S’il doit donner des conseils, c’est de commencer par faire la médiation et c’est quand ça ne marche pas que le Conseil consultatif peut suggérer une procédure de congrès extraordinaire pour clarifier la situation. Mais, il n’y a même pas eu de médiation ni même d’avis et l’on nous parle de congrès extraordinaire.

Je souhaite qu’on sorte des émotions pour regarder l’Unjci et non les petits intérêts personnels, parce que c’est un instrument qui appartient à tous les journalistes et non pas à un groupuscule qui veut s’en servir pour des intérêts qu’on ne saurait imaginer.

L’affaire est désormais bien loin puisque des courriers ont été adressés au ministère de tutelle et aux structures de régulation.

C’est vrai qu’ils ont adressé des courriers au ministère de Communication et aux structures dont vous parlez, parce que nous avions procédé de la même manière. Quand nous avons vu ce qu’ils étaient en train de préparer, nous avons écrit pour leur montrer ce que disent les textes et ce courrier a été acheminé au ministère et à toutes les structures concernées que la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca), le Fonds de soutien et de développement de la presse (Fsdp), le Conseil national de la presse (Cnp) et autres. Malgré cela, le Conseil d’administration persiste alors que l’article 4 du règlement intérieur de l’Unjci, qui seul, donne pouvoir de convoquer un congrès extraordinaire, dit qu’il faut que ce congrès soit motivé uniquement par le fait que le Conseil exécutif ait rendu en bloc sa démission. Ce n’est pas le cas ici.

A la limite, le Conseil d’administration peut convoquer une assemblée générale extraordinaire mais à condition qu’il soit saisi par les 2/3 des membres de l’Unjci. Les textes sont clairs, nous nous demandons encore d’où le Conseil d’administration tire ses prérogatives pour convoquer un congrès extraordinaire, geler les comptes de l’Unjci.

Je pense que ce sont des décisions nulles et de nul effet, le Conseil exécutif de l’Unjci continue de travailler. Nous avions annoncé, à l’occasion du press-club du lundi 10 février dernier, que nous irions à un séminaire prévu depuis longtemps, pour élaborer le programme de l’année. Le Conseil exécutif est donc en séminaire jusqu’au dimanche, s’adressera aux journalistes lundi par rapport au nouveau programme de l’année, parce que nous ne nous sentons pas concernés par la décision du Conseil d’administration.

Sur la suspension du l’ex-président Traoré Moussa, le Conseil exécutif a-t-il mené ses propres investigations pour avoir une idée claire de la situation ?

Le Conseil d’administration a pris le temps d’analyser froidement cette situation. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas fait de déclaration dans la presse, le temps de voir clair. Nous avons entendu M. Traoré Moussa, nous avons mené des investigations et compilé les écrits sur cette affaires, ceux d’Alafé Wakili, d’Assalé Tiémoko, les écrits de Traoré Moussa.

D’ailleurs le Conseil d’administration estime que M. Traoré Moussa a écrit au ministère de l’Economie et des finances avec les entêtes de l’Unjci. Je crois que c’est une forfaiture de M. Traoré Moussa et c’est tout cela qui lui vaut le blâme que nous lui avons adressé. M. Traoré Moussa a réglé ses affaires personnelles avec les emblèmes de l’Unjci et cela métrite qu’il soit blâmé. Et quand nous irons au congrès, nous allons lui demander de radier M. Traoré Moussa de l’Unjci pour ses pratiques mafieuses qui déteignent sur l’image de l’union et jettent l’opprobre sur la corporation journalistique.

Mais vous sembliez le soutenir au départ en demandant au Cnp de reconsidérer sa position quand il lui a retiré sa carte de journaliste professionnel.

Comprenez que nous avons mené des investigations et nous avons estimé que l’acte posé par Traoré Moussa, même si dans un premier temps nous avons été solidaires d’un frère qui est en difficulté, est grave. Ensuite nous avons vu que c’était plutôt une solidarité dans le mal et pas dans le malheur. Nous avons progressivement adopté une nouvelle posture qui consistait à attirer l’attention de M. Traoré Moussa sur la gravité de l’acte qu’il a posé et les conséquences qu’il devrait en tirer, en tant qu’individu.

Malheureusement, M. Traoré Moussa s’est rétracté et est devenu, aujourd’hui, un adversaire du Conseil exécutif parce qu’on ne le soutient pas dans le mal qu’il a commis. Nous considérons qu’il a sciemment posé son acte et nous avons évalué la situation.

Aujourd’hui, M. Traoré Moussa dit que le Conseil exécutif de l’Unjci passera sur son corps pour pouvoir continuer le mandat qui nous a été donné par l’ensemble des journalistes, le 27 mai 2012. Nous disons que nous ne rentrerons pas en conflit avec M. Traoré Moussa, nous continuerons de travailler parce que nous avons un compte à rendre dans moins d’un an et demi au congrès et aux journalistes, sur la gestion de cette crise et sur l’ensemble du mandat qui nous a été confié.

Voudrez-vous insinuer que les décisions du Conseil d’administration n’ont pas été prises en toute responsabilité et qu’il y aurait peut-être la main de l’ex-président ?

Je n’ai pas envie d’en arriver là, mais je pressens que M. Traoré Moussa doit avoir effectivement la main dans les postures que le Conseil d’administration adopte actuellement. Je n’oserais pas faire injure au Conseil d’administration en disant que M. Traoré Moussa le manipule.

Sachez que M. Traoré Moussa n’a jamais lu les textes de l’Unjci. Il était surpris, quand je les lui ai montrés à mon bureau quand je le recevais, des dispositions adoptées au congrès. On ne serait donc pas surpris que M. Traoré Moussa soit derrière, mais on ne voudrait pas non plus faire injure au Conseil d’administration.

Mais en plus de cela il y a d’autres mains occultes encore qui ont l’ambition de récupérer l’Unjci pour des intérêts personnels. Nous voyons tout ce qui se trame mais nous restons sereins et nous continuons la marche vers le congrès.

GBK

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