La Côte d’Ivoire vit en ce moment une situation d’apaisement social relative due en grande partie à une série de mise en liberté provisoire de quelques ténors du régime précédent et de nombreux anonymes. Pourtant, l’idée que se font les Ivoiriens de leur avenir reste toujours constante, c’est-à-dire préoccupante.
Parmi les diverses raisons de cet état d’esprit, il y en a une qui nous interpelle car, parfaitement conforme au serment de Mr. Ouattarra qui avait promis la paix en Côte d’Ivoire à condition qu’il devienne Président de la République (Ce pays n’aura pas la paix tant que je ne serai pas Président de la République avait-il dit précisément). Est-ce cette vérité que nous sommes finalement en train de vivre avec la décrispation actuelle de l’environnement social ? Si le peuple de Côte d’Ivoire reste malgré tout inquiet pour son avenir, c’est que la politique actuelle du gouvernement n’est pas porteuse de vérités, et pour cause :
Dans le désir ardent de donner un gage de bonne gouvernance aussi bien en interne que sur le plan international en incriminant davantage l’ancien régime pour se dédouaner soi-même de toute responsabilité, tout l’appareil d’Etat se laisse entrainé dans une politique d’apparence qui crée une situation machiavélique dans le pays : C’est comme s’il y avait maintenant d’un côté, les « mauvais » qui sont mis en prison ou contraints à l’exil pour avoir osé défendre leur pays face à l’argument de guerre imposé au pays le 19 septembre 2002. Il convient alors de se demander si la constitution votée par le grand peuple de Côte d’Ivoire dans toutes ses composantes, n’engageait pas le Chef de l’Etat à user de toutes les dispositions pour défendre la Côte d’Ivoire face à une agression. Toujours est-il que la libération par stratégie politique de ces personnes qui auparavant avaient été emprisonnées sans aucun jugement, bafoue l’indépendance de la justice toujours prête à exécuter les décisions de Mr. OUTTARRA à chaque fois que cela est nécessaire pour ne pas être obligé d’emprisonner ou de livrer des personnes de son propre camp à la Cour pénale internationale (CPI) comme le réclame certaines organisations internationales des droits de l’homme.
De l’autre côté se trouveraient le « bons » qui s’autocommémorent alors qu’il y a parmi eux, ceux qui pour la première fois dans toute l’histoire de la Côte d’Ivoire, ont introduit le 19 septembre 2002 la lutte armée dans ce pays. On reste encore abasourdi par cet argument de justiciers qui ont pris la Côte d’Ivoire pour le Far Ouest en ne s’encombrant pas des moyens du droit afin de réclamer plus de justice et décident pour se venger, de liquider leurs « ennemis ». Le plus affligeant, c’est qu’ils ont la satisfaction d’avoir bien exprimé ainsi la grande complainte du peuple du Nord qui selon eux, souffrait péniblement. Cette façon de se comporter leur parait tellement naturelle que personne à leurs yeux n’a le droit de s’en peiner. Enfin ! les choses en sont là et il est parfaitement vrai que tout le monde ne peut pas être Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela qui par la nature de leur combat ont atteint une dimension qui a fait d’eux, des hommes exceptionnels. De fait, en lieu et place d’une démocratie d’opinion, cette attitude guerrière a entrainé la Côte d’Ivoire dans une démocratie de rapport de force dont l’ampleur du désastre désoriente encore la société. Elle continue de causer le désordre dans les esprits si bien que les Ivoiriens sont arrivés à s’habituer à la haine. Il faut dire que celle-ci se nourrit de la politique des blocs communautaires née de la réflexion exagérée de Mr. Ouattarra lorsqu’il parle de politique de rattrapage ethnique. Comme son Premier Ministre ne doit sa nomination qu’à sa bonne volonté par respect du pacte conclu avec Mr. Bedié pour le soutien de ce dernier à l’élection présidentielle de 2010, le maître absolu de l’Etat reste Mr.Ouattarra qui par précaution, a pris le soin de se donner la possibilité de gouverner par ordonnance après avoir effectué un découpage électoral à son avantage. Résultat, une décision qui sort de la volonté de Mr. OUATTARRA s’impose à ses ministres et à la Côte d’Ivoire.
En clair, en tant que Premier Ministre, Mr. Kablan Duncan est à la botte de Mr. Ouattarra dans la mesure où une bonne application de la constitution ne lui permet pas de déterminer l’action du gouvernement et conduire la politique de la Nation puisque son pouvoir ne repose pas sur une majorité parlementaire. Il n’y a donc pas de risque à dire que la seule vraie charge qui lui est concédée, soit celle d’aller au devant du peuple pour régler les problèmes de réconciliation nationale puisque Mr. Ouattarra ne sait pas vraiment parler de la Côte d’Ivoire aux Ivoiriens.
Cette politique du gouvernement inspirée du pouvoir personnel de Mr. OUATTARRA qui par ailleurs fait des prisons en Côte d’Ivoire et du gèle des avoirs, des moyens de pression politique, est donc une cause permanente d’instabilité. Même si elle est marquée par des mesures qui consistent à s’occuper de la voirie c’est-à-dire de manière générale, à boucher des trous sur les routes, à raser les bidonvilles, nettoyer les insalubrités ou achever la réalisation des projets initiés par les régimes précédents, le poids de l’évidence est là : L’action du gouvernement sera assimilée à une politique de poudre aux yeux qui ne répond pas à l’aspiration de la majorité des Ivoiriens. Certes, grâce à elle nous dit-on, la croissante qui est la mesure d’enrichissement d’un pays d’une année sur l’autre est de retour en Côte d’Ivoire ; mais à quoi tient-elle au juste quand on sait que ce pays qui a longtemps été sous embargo n’a pas été performant dans son secteur traditionnel de l’agriculture ? On pense bien évidemment à l’emprunt à propos duquel rien n’est précisé sur le taux d’endettement de la Côte d’Ivoire depuis que le régime actuel est aux affaires, empêchant ainsi les Ivoiriens d’accéder à toute la vérité.
Heureusement pour le peuple ivoirien, en faisant le lien de sa politique avec le discours par vidéoconférence de Madame Christine LAGARDE, Directrice générale du FMI le 29 janvier dernier lors de l’ouverture du Forum « Investir en Côte d’Ivoire », tout est parfaitement clair désormais. En effet, nous retrouvons dans son discours, les fondements mêmes de la politique actuelle de Mr. OUATTARRA qui en bon technocrate discipliné du FMI (Fond Monétaire International), applique tout bonnement les recommandations de cette Institution financière basées sur la politique des 3 « i », c’est-à-dire : Infrastructures, Investissements privés et Inclusion, notions qu’il est impératif de comprendre selon les indications de Mme. LAGARDE pour mieux saisir le sens des actes que pose en ce moment Mr.OUATTARRA sur le plan interne en faveur de la décrispation sociale. Dans le contexte de la crise du Capitalisme mondial actuel, ces notions nous renseignent également sur l’instauration de la politique économique clé en main du FMI en Côte d’ivoire par l’intermédiaire de Mr OUATTARRA, aussi bien comme chef de l’Etat que comme technocrate reconnu de cette organisation. Alors de quoi s’agit-il ?
1 – Infrastructures : Elles sont essentielles pour l’investissement privé nous dit Mme Lagarde, qui lui-même doit passer par 3 vecteurs :
a) l’amélioration des recettes (impôts)
b) la réduction des dépenses non prioritaires
c) l’emprunt. Mme Lagarde conseille à Mr. OUATTARRA d’emprunter le plus possible par des voies concessionnelles en précisant même que la Côte- d’Ivoire s’apprêterait à emprunter 500 milliards de FCFA
2 – Investissement privé : Mme Lagarde fait savoir qu’il a un rôle crucial pour stimuler la croissance.Celle-ci pour Mme Lagarde, doit reposer sur 3 piliers majeurs pour la
Soutenir :
a- Un cadre incitatif qui passe par l’action en faveur de la paix, la réconciliation nationale et la stabilité macro économique. Ici, on peut comprendre aisément les raisons pour lesquelles Mr. Ouattarra a entamé une série de libération de prisonniers politiques depuis l’année dernière en insistant sur la paix et le retour des exilés.
b- L’amélioration du climat des affaires qui d’après Mme Lagarde, passe par des réformes administratives pour le raccourcissement du délai de création d’une société par exemple ou pour la modernisation des méthodes de paiement des impôts.
c- L’amélioration de la gouvernance qui aurait pour but de réduire la part du gré à gré dans la passation des marchés publics afin de lutter contre la corruption.
3 – Inclusion : Son objectif est de créer une classe moyenne solide et durable qui consomme, investi,participe à l’activité économique. Par conséquent et dans l’intérêt du secteur privé, Mme Lagarde conseille à Mr. Ouattarra d’investir dans les hommes autrement dit, dans l’éducation, la formation (en insistant sur celle des femmes) et l’emploi.
Après ce discours aussi explicite de Mme. Lagarde, libre à celui qui veut encore nier les raisons de cette guerre faite à la Côte d’Ivoire de continuer à le faire. Mais il est sûr qu’avec cette politique de Mr. OUATTARRA sous la dictée des Institutions financières et de la Communauté internationale, nous sommes à l’exacte rencontre de ce qui soulève les émotions et les mouvements passionnels d’inquiétude dans les manipulations de cette crise pour la construction d’une Côte d’Ivoire marchande ; celle dirigée par un président libéral au profit des grands monopoles, des grands groupes dits multinationaux en retrouvant les bonnes petites habitudes faites de corruption et de copinage dont les plus connues restent celles de la France-Afrique. Après une situation de crise aussi grave telle que la nôtre et dans ce monde en devenir, la nécessité pour le pays n’est pas seulement la croissance avec des chiffres ou des machines. Dans le siècle actuel et pour le peuple que nous sommes, il s’agit d’abord et surtout d’intégrer la Côte d’Ivoire dans un plan économique rigoureux et sérieux afin de lui permettre de retrouver cette croissance avec le concours des hommes et des femmes qui depuis toujours, fabriquent la richesse de ce pays avec nos propres matières premières.
Dès lors, il convient de libérer le peuple de toutes les contraintes qui empêchent son intelligence de s’exprimer afin qu’il ne soit plus soumis au bon plaisir et à la commodité de ceux qui sur le plan interne comme à l’externe, ont pris l’habitude d’être toujours ceux qui profitent, qui gouvernent et qui décident pour le compte des autres.
Jean KIPRE
Militant écologiste
France
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