Mgr Aké doit être viré purement et simplement (opinion)
“Quand ma conscience est profondément coupée de la conscience de la partie du troupeau qui m’est confiée, c’est le moment de m’interroger sur mes ‘biens acquis’. Qu’est-ce que je défends par cet isolement ? Une dictature pastorale ? Un rôle agréable qui fait de moi un ‘tondeur de brebis’, au lieu d’être un pasteur ? Les gens veulent que la religion les rapproche de Dieu, que le curé soit un pasteur, et non pas un tyran ou un précieux qui se perd dans les fioritures de la mode“.
Après avoir lu les deux réponses du P. Guy Lagbré à Mgr Joseph Aké (voir Aujourd’hui du 4 février 2014), après avoir écouté les plaintes et complaintes de plusieurs prêtres de l’archidiocèse de Gagnoa, après avoir appris qu’une dizaine d’entre eux furent obligés il y a quelques années de demander l’asile dans d’autres diocèses pour respirer un air plus frais et plus sain, on arrive aisément à la conclusion que Joseph Aké fait incontestablement partie de ces évêques tyrans et “tondeurs de brebis” dénoncés en 2006 par le cardinal Bergoglio au cours d’une retraite prêchée aux évêques espagnols.
Le titre de la communication du futur pape François était “Amour, service et humilité”, trois vertus qu’on a du mal à retrouver dans la vie de Joseph Aké. Car comment comprendre que, jusqu’ici, il ne soit pas allé rendre visite à Guy Lagbré après son grave accident de la circulation? Comment comprendre qu’il refuse que le diocèse de Gagnoa aide l’accidenté à payer ses médicaments? Comment comprendre qu’il ne fut pas présent aux obsèques de l’abbé Marcel Séry décédé dans le diocèse d’Agboville où il avait trouvé refuge et, circonstance aggravante, comment comprendre qu’il ait interdit à Mgr Alexis Touabli de prendre la parole à Zikisso, ce jour-là? Comment comprendre qu’il n’ait jamais protesté publiquement quand des FRCI ligotèrent et molestèrent certains prêtres du diocèse (le P. René Salé par exemple)?
Et Pourtant, le bon berger, affirme le Christ, va à la recherche de la brebis perdue, soigne celle qui est malade, prend sur ses épaules celle qui est sans force et donne sa vie pour ses brebis (Jn 10, 11). Aké fait-il mieux dans le domaine du service humble? Non, car il trouve normal de demander en 2010 à un prêtre de Gagnoa travaillant à Abidjan et ayant besoin de sa signature de le rejoindre à Yamoussoukro, puis à Gagnoa alors qu’il aurait pu signer le document en question lors de ses nombreuses visites dans la capitale économique. Tout comme il lui a paru normal en 2004 que feu l’abbé Camille Agnero qui n’arrivait plus à se tenir sur ses deux jambes se lève péniblement et vienne dans son bureau alors que le bon sens et la culture africaine auraient voulu que ce soit lui, bien portant et moins âgé, qui vienne rencontrer le prêtre handicapé dans la salle d’attente de l’archevêché d’Abidjan. En 2012, le même Aké ne se gêna point pour soumettre à plusieurs allées et venues le P. Raphaël Gnaly qui avait besoin d’une autorisation pour se rendre en France. Je précise que Gnaly est plus âgé et plus diplômé que lui (Aké ne détient qu’une petite licence en Bible) et qu’il a été ordonné prêtre avant lui. Or le Christ dit aux disciples ceci: “Les chefs des nations païennes commandent en maîtres et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous il ne doit pas en être ainsi: celui qui veut devenir grand sera votre serviteur” (Matthieu 20, 25-28). Il y aurait beaucoup à dire sur cet homme qui ressemble plus à un païen qu’à un chrétien, plus à un mercenaire ou brigand qu’à un berger car je n’ai pas parlé des rencontres épiscopales boycottées par lui après que ses pairs eurent refusé de renouveler son mandat à la tête de la conférence épiscopale. J’ai omis de signaler qu’il évite de rencontrer et de soutenir les prêtres de Gagnoa condamnés à mendier pour payer leurs études à l’UCAO. Je n’ai pas évoqué ses longues absences du diocèse.
Mais l’important n’était pas de tout dire ici et maintenant (d’autres révélations pourraient être faites dans les jours ou semaines à venir si…) Il s’agissait simplement de faire remarquer que le diocèse de Gagnoa est non seulement bloqué mais en danger à cause d’un psychopathe qui a oublié que “l’ordination presbytérale ou épiscopale ne signifie pas une promotion ni un honneur ni une décoration mais un service qui exige d’amplifier le regard et d’élargir le cœur ” (L’Osservatore romano du 13 janvier 2014). Et d’un. Je voudrais, deuxièmement, interpeller les autres évêques et prêtres ivoiriens qui brillent par la dictature et l’arrogance dans leurs diocèses et paroisses.
Le pape François leur rappelle qu’ils sont serviteurs et non dominateurs. Il leur enjoint de sortir de leur tour d’ivoire pour aller vers les périphéries, c’est-à-dire à la rencontre des petits, défavorisés, pauvres et laissés-pour-compte. Car on ne devient pas prêtre ou évêque pour ne rechercher que l’amitié des riches et grands, pour n’être qu’à leur service. François les invite à la simplicité. Une simplicité dont il donne lui-même l’exemple en signant ses messages et lettres de “François” et non de “sa sainteté François” ni du “pape François”. Il les invite à comprendre que seuls les gens superficiels sont attachés aux titres, honneurs et palais épiscopaux. Il attend d’eux non pas qu’ils courbent l’échine devant des imposteurs pour ramasser les miettes qui tombent de leur table mais qu’ils sortent de leur couardise et qu’ils se montrent aussi courageux que Mgr Marcellin Kouadio qui, le 7 décembre 2013, se permit de dire à Dramane Ouattara et à Konan Bédié ces trois vérités:
1) Le pays ressemble aujourd’hui à une prostituée;
2) les héritiers du premier président préfèrent le mensonge à la vérité, la violence au dialogue, la mendicité au travail;
3) la réconciliation passe inéluctablement par une rencontre entre Ouattara et Gbagbo.
Peut-être certaines personnes souhaiteront-elles qu’on puisse prier pour la conversion de Joseph Aké. À ce stade, ce n’est plus la prière qu’il faut mais une démarche auprès du nouveau nonce apostolique à Abidjan. Il faut le rencontrer et/ou écrire au pape pour lui demander de donner, non pas un affairiste ni un touriste ni un dictateur, mais un vrai berger à l’archidiocèse de Gagnoa qui a trop souffert du mépris, de la suffisance et de la tyrannie de Joseph Aké. Et il faut le faire le plus tôt possible pour que le clergé de Gagnoa retrouve la sérénité et le respect auxquels il a droit.
Jean-Claude DJEREKE jcdjereke@yahoo.fr
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