Philippe Kouhon Source: Diaspo Tv
Selon les textes du parti « Article 34 : La Convention se réunit une fois entre deux (2) Congrès en Session Ordinaire sur convocation du Secrétariat Général. Elle peut se réunir en Session Extraordinaire à l’initiative du Secrétariat Général, du Comité Central ou des deux tiers (2/3) des Assemblées Fédérales. Le Comité Central peut à la demande du Comité de Contrôle convoquer la Convention Extraordinaire. Elle est présidée par un bureau de séance choisi par le Comité Central.»
Quant au Congrès, instance suprême du parti, celui-ci se réunit tous les trois (3) ans en session ordinaire sur convocation du Secrétariat selon l’article 27 des statuts du FPI.
Le problème dans ce parti est que depuis le dernier Congrès de 2001 et qui a porté Pascal Affi Nguessan à la tête du parti, aucun autre Congrès ne s’est réuni jusqu’aujourd’hui. Aussi bien que le leader du parti, Laurent Gbagbo devenu président de la République de Côte d’Ivoire en octobre 2000 gardait un œil jaloux sur sa formation politique, celui-ci n’avait plus vraiment son contrôle. Pris entre le marteau d’une rébellion a lui imposée et l’enclume d’un projet de société promis aux ivoiriens, Laurent Gbagbo ne pouvait que suivre les activités du parti parfois avec impuissance.
Au point où le scandale de la filière café cacao lui a échappé pendant un bon moment. Ce qui lui a fallu prendre une mesure inquisitoire dès qu’il s’en est aperçu vis-à-vis des barons de la filière tous proches de son camp. Là où les vrais dirigeants du parti et qui connaissent bien la filière (Pascal Affi Nguessan fut le président du comité inter ministériel qui a mis en place la réforme et nommé les dirigeants en sa qualité de Premier Ministre) ont manqué de vigilance en étalant leur ignorance en matière de gestion des affaires de l’Etat. Alors même que la réussite de cette seule réforme de la filière café cacao devait servir de source de financement à plusieurs projets de sociétés annoncés par le régime du FPI tels que l’Assurance Maladie Universelle ou encore l’école gratuite. Bref. A défaut d’organiser un Congrès pour donner un nouveau souffle au parti, c’est le mutisme total depuis maintenant 13 ans. Et tant que la Conventions qui réunit la même population que le Congrès sans avoir les mêmes attributions peut jouer les troubles fêtes, Pascal Affi Nguessan qui a toujours pensé qu’après les Krous le parti doit être géré par un Akan, les deux ethnies dominantes du parti, voit ici son heure sonnée. Voilà pourquoi, malgré les insuffisances enregistrées et un bilan chaotique de 13 ans de gestion du parti, l’enfant de Dimbokro s’arc-boute à la tête du plus grand parti de l’opposition en Côte d’Ivoire. Et on le voit bien. Cette 7e Convention qui s’annonce pour les 21 et 22 Février prochain n’est rien d’autre qu’un réchauffé de la 6e Convention qui s’est déjà réunie le 29 avril 2012 sous la direction intérimaire dirigée par le président Sylvain Miaka Ouretto et dont les conclusions ont produit les effets tels que la libération de Pascal Affi et plusieurs prisonniers politiques proches du régime du FPI. Aussi, si en 2012, plusieurs hauts dirigeants du parti étaient toujours en prison, (Affi Nguessan, Aboudramane Sangaré, Simone Ehivet) pour ne citer que les 1er, 2e et 3e président ; ce qui n’avait pas permis à la direction intérimaire, au nom de la cohésion au sein du parti, de convoquer un Congrès ordinaire voire extraordinaire, on comprend mal pourquoi après la libération de tous ces hauts responsables à l’exception de la seule Simone Ehivet Gbagbo, la nouvelle direction refuse toujours d’appliquer les textes du parti en convoquant enfin un Congrès qui définira la nouvelle ligne politique du parti après de 10 ans de gestion à la tête de l’Etat et 3 ans après la chute du pouvoir.
Les militants du FPI sont-ils condamnés à continuer de suivre un général qui refuse d’expliquer comment il a perdu la guerre ?
Et comme en 2012, la 7e Convention du FPI s’apprête à nous ressasser du déjà entendu. Diaspo Tv qui a pu se procurer une copie du document de travail propose ici les grandes lignes :
Si le FPI admet enfin qu’il n’est plus maitre en Côte d’Ivoire sans pour autant signer sa réédition (le FPI désormais dans l’opposition a fait preuve de bravoure et fait face aux coups qui lui sont portés), celui-ci estime que « le gouvernement du RDR et le RHDP ont conduit la Côte d’ivoire sur les sentiers du désespoir (…) Le pays est entièrement dans une conjoncture économique, politique et sociale désespérante (…) Les règles de bonne gouvernance sont bafouées, le chômage s’accroit davantage, le pays est en faillite (…) La Côte d’ivoire doit sortir de cette impasse et le FPI s’oblige à répondre à l’appel de l’histoire ».
Aussi sans vouloir choquer l’intelligence des militants avertis, le document de travail situera cette 7e convention dans le cadre d’une rentrée politique. Du classique !
« C’est dans ce contexte difficile que le FPI ouvre sa rentrée politique 2014 en engageant la réflexion importante sur son avenir au travers de la convention ordinaire de février 2014 avec le thème : Un FPI engagé, fort pour une Côte d’Ivoire solidaire, libre, démocratique et souveraine ».
Après la rhétorique, place au copier coller.
Comme à la 6e Convention, le FPI s’est fixé pour cette 7e convention « la remobilisation des militants et les forces alliées du FPI en vue de la requête des droits et libertés démocratiques pour une côte d’ivoire solidaire, libre, démocratique et souveraine » comme objectif général. Mais là où le président Pascal Affi Nguessan apportera sa touche personnelle, c’est au niveau des objectifs spécifiques.
Ainsi alors que la direction intérimaire avait été ferme sur « la libération du président Laurent Gbagbo et de tous les détenus ; l’arrêt du harcèlement judiciaire et le retour des exilés », cette 7 e convention évoquera non seulement timidement la question de Gbagbo et des détenus mais ignorera complètement les cadres du parti encore en exil. « L’objectif général est décliné en des impératifs spécifiques qui sont : Apprécier et améliorer l’organisation du parti du point de vue structurel ; Renforcer la mobilisation des militants ; Œuvrer pour la libération des détenus ; principalement le président Laurent Gbagbo ; Consolider les alliances politiques ; Remobiliser la société civile et la conscience publique ; Développer les valeurs sociales et la solidarité ; Promouvoir la réconciliation nationale dans le cadre des Etats Généraux de la République ; Lutter pour une Côte d’Ivoire démocratique et souveraine ». Fin de citation.
Et comme résultat attendu, la 7e convention du FPI espère avoir une claire vision des activités des structures opérationnelles du parti, identifier les partis politiques et mouvements alliés de la société civile. Il est inscrit parmi ses résultats attendus également, des plans médias pour l’éveil de la conscience publique et enfin, pour AFFI et ses camarades, la promotion de la réconciliation « est classée au titre des priorités du parti ».
On l’a compris, le président Pascal Affi Nguessan qui a du mal à faire avaler son « EGR » (Etats généraux de la République) au noyau dur du parti composé du comité central (qui se réunit tous les 3 mois), du secrétariat général ( qui se réunit tous les 2 mois) et du Secrétariat exécutif (qui se réunit toutes les semaines) veut ici non seulement tordre le bras aux textes du parti mais prendre à témoin toute la base du parti pour faire passer en force sa nouvelle trouvaille. Avec cette fois la participation de toutes les structures de bases (fédérations, représentants à l’étranger, militants voire les partis alliés), Pascal AFFI Nguessan est sûr d’avoir une belle tribune et une belle occasion pour s’imposer définitivement à la tête du FPI sinon s’offrir un joli ticket pour les élections de 2015 sans passer par le Congrès et toujours au nom de la cohésion au sein du parti et vu les conditions exceptionnelles imposées par la crise post électorale et qui ne permettront pas certainement le retour de tous les exilés et même la libération du président Laurent Gbagbo avant 2015.
Enfin, si Pascal Affi Nguessan peut-il lui seul avoir la vision surnaturelle pour surprendre ses adversaires et mêmes ses partisans, il ne sera non plus pas surpris que cette attitude solitaire du premier responsable du parti provoque des réactions avec un arrière goût amer surtout pour la jeune démocratie prônée par les frontistes. Les textes du parti prévoyant en son article 5 des statuts : « Le Front Populaire Ivoirien consacre, conformément au principe de la liberté d’expression, l’entière liberté de discussion en son sein. Dans le respect des statuts et du règlement intérieur, les militants peuvent s’organiser en courants à l’intérieur du FPI ». Fin de citation.s
Philippe Kouhon/ Diaspo Tv
Mail : pkouhon@gmail.com
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook