Quiconque a bien suivi le parcours de Gbagbo et partagé ses rêves aura compris que cet homme a été donné d’abord à la Côte d’Ivoire sa patrie, pour expérimenter la démocratie et contredire tous les racistes du monde qui pensent et écrivent que cette forme de gouvernement n’est pas faites pour les Africains. Non seulement il n’a pas mis du temps pour l’incruster dans les habitudes des Ivoiriens, mais il l’a humanisée. Avec Gbagbo, nous sommes loin du type de démocratie qui a cours en Occident, où les tueurs, les gens de mauvaise moralité, éliminent leurs concurrents politiques par des pratiques peu honorables pour parvenir au pouvoir d’Etat. Avec Gbagbo, on découvre avec horreur que chez les Blancs, la démocratie est une démocratie de la mort dans laquelle les puissants impriment leur ordre au monde par les canons et les obus. Lorsqu’ils sont à court d’arguments dans les discussions entre humains, les Blancs prennent toujours le raccourcis des armes pour imposer leurs vues et réaliser leurs ambitions. Gbagbo lui, a bien démontré qu’en tant qu’Africain, on peut gouverner avec sagesse avec ses adversaires politiques pour consolider la nation.
Il a été aussi donné à l’Afrique. Il s’inscrit dans le sillage des grands leaders africains comme le Congolais Patrice Lumumba, le Ghanéen Francis Kwamé Nkrumah et le Burkinabé Thomas Sankara qui ont compris très tôt que l’avenir du continent noir se trouve dans son unité. Aussi, tous les fervents panafricanistes, ont-ils pu rêver avec Gbagbo de voir au niveau continental ou simplement régional, les chefs d’Etat mettre leur effort en commun pour développer le transport aérien, trouver une nouvelle monnaie non plus indexée sur celles des anciens colonisateurs mais gérée par les Africains eux-mêmes de façon autonome et dans leur seul intérêt, chercher un marché commun pour le commerce du café et du cacao africains, exploiter ensemble et partager les ventes de certaines matières premières et des sources d’énergie stratégiques comme le pétrole et l’uranium. Ardent défenseur de la souveraineté des Etats africains, il est l’un des premiers chefs d’Etats africains à réclamer la réforme de l’Onu pour permettre aux Etats non détenteurs de l’arme atomique, de jouir du respect dû aux nations.
A cause de ce combat-là en faveur de son peuple et de sa race, Gbagbo a accepté de prendre des coups. Sa vie est faite d’emprisonnements, d’humiliations, de suspensions de salaires, de privations, de frustrations quasi quotidiennes, d’insultes publiques, de calomnies, de séparations douloureuses d’avec sa famille, d’exil. C’est à cause de ce combat-là aussi que, comme Béhanzin le Dahoméen, Samory Touré le Manding, Kakou Aka le Nzima, Kadjo Amangoua l’Abouré, etc. qui, présentés tous comme des sanguinaires (aujourd’hui on parle de dictateurs), connurent la déportation en réalité pour s’être dressés contre l’envahisseur Blanc, lui également a été combattu et déporté à La Haye pour les mêmes raisons. Du temps de ses illustres prédécesseurs, où les Africains ne connaissaient pas le monde hors d’Afrique, aujourd’hui nous sommes informés des enjeux qui se trament contre l’Afrique et le peuple africain. Gbagbo ne peut donc pas être abandonné ni oublié, et ne doit pas être un instrument aux mains des impérialistes de notre temps. Il ne doit pas connaitre le sort qui a été réservé à Patrice Lumumba, Samora Machel, Thomas Sankara et bien d’autres illustres combattants pour une Afrique libre et responsable de son destin. Aussi, tous les Ivoiriens aussi bien que les Africains devraient se mobiliser pour lui et se mettre en ordre de bataille pour obtenir sa libération. C’est au nom de ces considérations que, dès que je pris la mesure de ma nouvelle vie en exil, j’entrepris avec un certain nombre de camarades d’organiser la résistance ainsi que la lutte pour la libération de mon pays.
Cette tâche m’apparut urgente, en tant que militant du Fpi, membre du secrétariat général de ce parti mais surtout en ma qualité de membre du gouvernement. En effet, les premiers responsables du Fpi et du gouvernement Aké Ngbo pour certains, détenus d’abord à la Pergola et au Golf Hôtel avant d’être dispersés dans les prisons du pays, pour d’autres vivant dans la terreur permanente, donc totalement contraints à l’inaction, c’aurait été irresponsable et désobligeant de ma part que, jouissant d’une certaine liberté d’action, je ne puisse, moi, rien tenter pour obtenir leur libération et renverser l’ordre d’Abidjan. Il fallait prouver que le Fpi, en tant que parti politique fondé dans la douleur et qui a évolué dans l’adversité au milieu des vagues pour donner aux Ivoiriens plus de dignité et aux Africains des repères, ne pouvait être décapité. Comme un roseau, on peut le plier mais il ne se rompra pas. Il fallait lui donner du souffle pour qu’il continue sa magnifique aventure afin de donner du goût à la vie et rallumer l’espérance d’une Côte d’Ivoire réellement indépendante, démocratique, souveraine et prospère. Le Fpi devait demeurer la chance de la Côte d’Ivoire.
Lazare KOFFI KOFFI
Exilé politique
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