Les autorités ivoiriennes doivent transférer l’ancien chef de milice, Charles Blé Goudé, qui est accusé de crimes contre l’humanité, vers un lieu de détention légalement reconnu et autoriser ses proches et ses avocats à le rencontrer, estime Amnesty International dans un rapport reçu dimanche à APA.
« Empêcher Charles Blé Goudé de voir ses avocats ne sert pas la cause de la justice pour les victimes des crimes dont il est accusé », déclare Gaëtan Mootoo, chercheur en Afrique de l’Ouest pour Amnesty International.
Pour lui, « les autorités doivent au contraire veiller à ce que toute procédure judiciaire engagée contre lui soit transparente et équitable afin que les victimes et leurs proches puissent obtenir la justice auxquelles elles ont droit ».
Depuis son arrestation, au Ghana en janvier 2013 et son transfert en Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé s’est vu refuser un accès régulier à ses proches et avocats. Ses avocats n’ont été autorisés à le voir qu’une seule fois, en août 2013. «En décembre de la même année, les autorités n’ont pas accédé à une demande d’Amnesty International de lui rendre visite», précise M. Mootoo.
Poursuivant, le rapport indique qu’au cours des dernières années, Amnesty International a recensé des cas de torture et de détention au secret contre des partisans réels ou présumés de l’ancien président Laurent Gbagbo à la Direction de la surveillance du territoire (DST), un lieu relevant du Ministère de l’Intérieur où est détenu Charles Blé Goudé.
« La détention de Charles Blé Goudé à la DST constitue une violation flagrante du droit international et national. Nul ne doit être détenu dans un lieu de détention non officiel, sans accès à un avocat », insiste Gaëtan Mootoo.
Outre les procédures judiciaires ouvertes à l’encontre de Charles Blé Goudé au niveau national, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt à son encontre, pour crimes contre l’humanité, y compris meurtres et viols, violence sexuelle, persécution et autres actes inhumains.
Le 13 janvier 2014, la Côte d’Ivoire a demandé aux juges de la CPI un sursis de trois mois avant de remplir son obligation d’exécuter le mandat d’arrêt et livrer Charles Blé Goudé. Pour Amnesty International, les juges de la CPI peuvent autoriser un tel report afin de permettre la clôture des procédures judicaires ouvertes à son encontre devant la justice ivoirienne.
Dans cette demande, les autorités ivoiriennes se sont engagées à accélérer les poursuites judiciaires contre Blé Goudé au cours du premier semestre de l’année 2014. « Si les juges de la CPI accordent ce sursis, les autorités ivoiriennes doivent rapidement achever l’enquête. En cas de preuves suffisantes , poursuivre en justice Charles Blé Goudé et le remettre à la CPI », ajoute Gaëtan Mootoo.
L’ancien président Laurent Gbagbo a été transféré à la CPI à La Haye en novembre 2011, afin d’y répondre de chefs d’inculpation relatifs à des crimes contre l’humanité. La CPI devrait prendre une décision relative à ces charges dans le courant 2014.
L’ex-Première Dame, Simone Gbagbo, détenue à Odienné dans le Nord-Ouest ivoirien, a également été inculpée de crimes contre l’humanité. Toutefois, elle n’a pas encore été remise à la CPI en raison d’une exception d’irrecevabilité soulevée par les autorités ivoiriennes.
APA
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