Afp | 19 Janvier 2014 19h56
Vingt-cinq personnes seront jugées en Egypte pour « outrage à magistrat », dont le président Mohamed Morsi destitué par l’armée et plusieurs islamistes mais aussi des figures du courant libéral, dont le militant Alaa Abdel Fattah, a-t-on appris de sources judiciaires.
« Pour le moment, nous savons que 25 personnes seront jugées pour le même chef d’accusation, mais nous ne savons pas encore s’il s’agira d’une seule affaire ou de plusieurs procès », a indiqué à l’AFP Ahmed Seif Abdel Fattah, avocat et père de Alaa Abdel Fattah, figure de la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir et actuellement en détention préventive pour « manifestation illégale ».
Outre MM. Morsi et Abdel Fattah, plusieurs dirigeants de la confrérie des Frères musulmans du président destitué seront jugés ainsi que des journalistes et le politologue et ex-député Amr Hamzawy, figure du mouvement libéral en Egypte.
Tous sont accusés d’avoir tenu des propos offensants à l’encontre de l’institution judiciaire et de ses membres, selon l’agence officielle Mena qui précise qu’aucune date n’a été fixée pour leur comparution.
M. Morsi doit ainsi répondre d’accusations lancées lors d’un discours fin juin, peu avant sa destitution, dans lequel il reprochait nommément à un juge d’avoir « couvert des fraudes électorales » lors des législatives de 2005. M. Abdel Fattah, lui, doit répondre de propos écrits sur Twitter dénonçant l’attitude des juges lors de procès contre plusieurs ONG en Egypte.
Amir Salem, un avocat des droits de l’Homme qui figure parmi les accusés, s’est dit « très surpris » à la fois d’être poursuivi dans une affaire similaire à celle de plusieurs leaders islamistes, dont il est un virulent critique, mais aussi de devoir répondre d’outrage à l’institution judiciaire. Cet avocat a défendu les familles de victimes tuées ou blessées lors de la révolte populaire de 2011.
Ce procès est le quatrième contre M. Morsi, qui comparaît déjà pour incitation au meurtre de manifestants et dont deux autres procès doivent s’ouvrir prochainement, l’un pour « espionnage » en vue de commettre des « actes terroristes » et l’autre pour son évasion de prison début 2011.
Par ailleurs, le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, déjà poursuivi dans deux affaires d’incitation au meurtre de manifestants, sera jugé dans une troisième affaire, selon des sources judiciaires.
Avec une cinquantaine de co-accusés islamistes, dont des dirigeants de sa confrérie, il devra répondre à partir du 1er février de violences ayant fait deux morts durant l’été dans la ville de Qalioub, dans le delta du Nil.
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