Affaire “Sana Aziz contre Soro” la Lettre de Demba Diop à Mme Saran Sereme Sere

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Abidjan le 18 janvier 2014

Objet : Réponse à la lettre ouverte adressée à Son Excellence Monsieur Soro Guillaume, Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire.

A Madame Saran SEREME, Présidente du Parti pour le Développement et le Changement (PDC).

Madame la Présidente,

Par lettre rappelée en objet sans référence et adressée à Son Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, Monsieur Soro Guillaume, publiée sur le portail Internet connectionivoirienne.net, je vous prie de bien vouloir recevoir ici l’exposer du rappel des propos tenus le 10 Janvier courant par Son Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale à l’égard de Monsieur SANA Aziz membre du mouvement « ça suffit » au quel vous avez cru devoir répondre.

J’ai l’avantage d’appeler votre attention sur le fait que la lettre écrite par S.E Monsieur Soro Guillaume est une réponse à la sollicitation publique du doctorant en Economie, ressortissant du Burkina Faso, ex étudiant en Côte d’Ivoire à Gagnoa et membre d’un collectif organisé pour le départ, à la fin de son mandat, de S.E le Président de la République du Burkina Faso, Compaoré Blaise. Monsieur SANA y invitait S.E Monsieur Soro Guillaume « à une implication personnelle pour une transition politique apaisée au Burkina Faso ».

La question ayant été posé de savoir comment « faire entendre raison » à S.E Monsieur le Président de la République du Burkina Faso afin qu’il parte sans délais du pouvoir sans pouvoir user des prérogatives régaliennes qui sont les siennes pour s’enquérir de l’avis « réel » de son peuple concernant la continuité de l’Etat, S.E Monsieur Soro Guillaume a rappelé avec enthousiasme et intérêt « qu’il y a des demandes légitimes qui ne peuvent rester sans réponse, au risque d’entrainer le juste courroux de la conscience universelle ». En outre, il a précisé ne pas vouloir « s’ingérer dans les affaires politiques de l’Etat frère du Burkina Faso ». Il a par la suite expliqué qu’il était très important, non seulement au regard de l’histoire récente de notre cher pays la Côte d’ Ivoire mais de nombreux autres pays amis du reste du monde, de bien préparer « l’alternance politique » et de ne jamais la « précipiter ». Afin d’illustrer ses propos, il a fait mention du parcours électif de l’ex Président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo dont les propos ont par la suite été sorti de leur contexte pour être utilisés à des fins politiques.

Toutefois, Madame la Présidente, la violence de vos propos dans la lettre à lui adressée concernant cette réponse me porte à croire que vous n’avez pas saisi la teneur des propos mesurés de S.E Monsieur Soro Guillaume.

Il y a déjà plus de vingt ans, lorsqu’en Côte d’Ivoire, à l’époque chef de l’opposition, S.E Monsieur Gbagbo Laurent invoquait à propos de S.E Felix Houphouët Boigny, père fondateur de la Côte d’Ivoire, « le fruit de ses vols » selon S.E L’ambassadeur Joseph Amichia, Rencontres avec Felix Houphouët Boigny (p. 375). C’était lui qui, indirectement, inspirait cette injure aux jeunes qui en 1990, jetteraient au visage du père fondateur le terme que Frédéric Grah Mel qualifia de « voisin », « HOUPHOUET VOLEUR ! ». Les ivoiriens que nous sommes savons à quel point notre père avait été meurtri. Et deux années plus tard, le 18 février 1992, Monsieur Gbagbo Laurent et plus de trois cents compagnons de lutte placés sous mandat de dépôt à la MACA venaient d’être condamnés à un procès qui s’était déroulé le 24 février de la même année. Ils allaient recouvrés la liberté suite à un décret du même président Houphouët Boigny défendu plus tard à cette même Assemblée Nationale dont vous injuriez le Président aujourd’hui. Qui aurait pu prédire ce jour là que vingt ans plus tard, la Côte d’Ivoire sortirait difficilement d’une crise terrible qui aura fait s’affronter successivement l’ensemble des héritiers légitimes du père fondateur et arrachée plus de trois milles de ses compatriotes à la vie? L’histoire nous la connaissons tous et elle est encore en train de s’écrire mais « s’il faut…donner à Laurent Gbagbo acte de son intrépidité et de la lutte qu’il a menée avec constance et vigueur pour la restauration du multipartisme en Côte d’Ivoire, il faut également s’interroger sur ce qu’a été le comportement réel du Président Félix Houphouët Boigny à son égard et à l’égard de son combat» selon Frédéric Grah Mel, Félix Houphouët Boigny : La fin et la suite, p.392.

De la Tunisie à l’Egypte en passant par la Lybie, le Yémen et la Syrie, que faut-il retenir des printemps arabes sinon que le Maroc et l’Arabie Saoudite en sont les Nations qui en sont sortie vainqueurs et que celles dont les peuples continuent de souffrir n’ont pourtant pas déméritée malgré la détermination de grandes Nations comme les Etats Unis et la France.

S’il y a quelque chose à retenir de la réponse de S.E Monsieur Soro Guillaume, c’est que la Démocratie n’est pas quelque chose de figée, de statique. C’est un système qui s’étend à l’infini, bien que basé sur des règles, des lois, des élections, des réformes etc… et dont les intrants sont entre autres le maillage sociologique ainsi que l’histoire des peuples qui aspirent à sa réalisation.

Je souhaite pour conclure, attirer votre attention, Madame la Présidente, que si vous vous êtes senties insultées par les propos tenus dans la réponse de S.E Monsieur Soro Guillaume, imaginez un peu ce que les ivoiriens, qu’ils soient d’origines européennes, américaines, sénégalaises, libanaises ou même burkinabé, qu’ils aient ou non voté pour lui, aient pu ressentir à la suite des propos que vous avez tenus à l’égard du Président de notre Assemblée Nationale, « seconde personnalité de la République de Côte d’Ivoire » comme vous l’a rappelé le professeur Nyamsi Franklin.

Je vous adresse, Madame la Présidente Sérémé Saran, mes salutations distinguées.

Demba Diop
Président

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