Les discussions entre le gouvernement et le Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) reprennent ce mercredi à Abidjan dans le cadre du dialogue politique instauré par le gouvernement pour une décrispation du climat général propice à la réconciliation nationale après la grave crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire.
« Dans le cadre de la poursuite du dialogue direct entre le FPI et le gouvernement, une délégation du parti sera reçue par Jeannot Ahoussou, ministre d’Etat, le mercredi 15 janvier 2014″, indique un communiqué de la direction du FPI transmis mercredi à Xinhua.
Selon le texte, la délégation du FPI à la rencontre prévue à » 18h00 (locale et GMT) à la Primature » sera conduite par son président, Pascal Affi N’guessan.
La rencontre avait été initialement programmée mardi après les discussions quelques jours plus tôt entre l’ex-Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio, désormais ministre d’Etat auprès du président de la République, et les 11 « petits » partis de l’opposition membres du Cadre permanent de dialogue (CPD).
Le CPD est une « plate-forme d’échanges, de réflexions, de propositions et d’actions en vue de l’amélioration des relations et de la consolidation de la confiance entre le gouvernement et l’opposition politique » mis en place en avril 2012 à l’issue d’un conclave boycotté par le FPI qui a demandé et obtenu début 2013 un « dialogue direct » avec le gouvernement.
Le dialogue entre le gouvernement et l’opposition, plusieurs fois interrompu depuis son instauration en 2012, a été véritablement relancé en septembre après la mise en liberté provisoire, le 6 août dernier, de 12 membres du FPI dont son président Pascal Affi N’guessan.
POUR DES ELECTIONS APAISEES EN 2015
La relance du dialogue avec l’opposition, à en croire Jeannot Ahoussou Kouadio, s’inscrit dans le cadre des discussions pour des élections apaisées en 2015.
L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire est censée se tenir en octobre 2015 après celle de 2010 qui a fait au moins 3 000 morts dans le pays suite au refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara.
Les participants à la rencontre devraient échanger sur les conditions à réunir pour que le prochain scrutin soit démocratique et sans violences.
Lors de la réunion jeudi avec les membres du CPD, l’ex-Premier ministre avait émis le souhait que le gouvernement et l’opposition « mutualisent leurs réflexions pour réunir les conditions d’une élection apaisée et crédible en 2015 ».
« Il faut que nous réfléchissions ensemble sur l’organisation des élections en 2015, notamment la question de la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) et les mécanismes pour les financements des partis politiques dans cette situation exceptionnelle quand bien même des lois existent en la matière », avait-il déclaré.
M. Ahoussou-Kouadio avait également rappelé les mesures annoncées par le président Ouattara pour consolider la décrispation de la vie sociopolitique.
« Le président a instruit le gouvernement pour que les avoirs qui étaient gelés soient dégelés, pour que les exilés qui sont rentrés puissent être intégrés à la Fonction publique pour ceux qui sont fonctionnaires et il a également demandé que les opposants qui sont détenus formulent des demandes de liberté provisoire qui seront soumises aux juges », avait-il indiqué invitant les partis politiques à produire la liste de leurs militants qui auraient leurs comptes gelés après la crise post- électorale.
DES POINTS D’ACCORD ET DE DIVERGENCE
En juin 2013, le FPI avait boycotté une rencontre avec le gouvernement, réclamant un début d’application des points pour lesquels un accord s’était dégagé et la nomination « consensuelle » d’un « médiateur » pour les négociations à venir afin de « témoigner de la bonne ou mauvaise volonté des deux parties ».
Après les séances de travail de fin janvier 2013, les deux parties avaient noté des points de convergence sur les questions sécuritaires et de l’Etat de droit, notamment, le libre exercice des activités politiques, le financement des partis politiques, la protection des biens et des personnes, la libération des domiciles illégalement occupés.
Les points encore en négociation portaient sur la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) et les mesures à prendre en faveur de la réconciliation nationale.
Le FPI n’a de cesse d’insister sur la nécessité d’une loi d’amnistie générale qui devrait permettre la libération de toutes les personnes détenues depuis la crise post-électorale et le retour des exilés et réfugiés pour une véritable réconciliation nationale et un retour à la normalité définitive en Côte d’Ivoire.
Pour le gouvernement, l’amnistie ne peut constituer que le couronnement d’un processus.
Le gouvernement suggère que l’amnistie soit l’aboutissement d’un processus qui devra franchir les étapes de la justice, de la repentance et du pardon.
La justice ivoirienne a confirmé d’ailleurs en juillet 2013 l’envoi devant une Cour d’assises de 84 proches de l’ex-président Laurent Gbagbo dont Simone Gbagbo, son épouse, et même tous ceux qui ont bénéficié de la liberté provisoire comme Pascal Affi N’guessan et Michel Gbagbo, fils de l’ex président ivoirien.
UNE NOUVELLE PREOCCUPATION POUR LE FPI
Depuis quelques mois, le FPI présente une nouvelle proposition comme pierre d’angle à la réconciliation nationale et à des élections futures apaisées, la tenue des « états généraux de la République ».
Pour le parti de M. Gbagbo, les « états généraux de la République » sont censés être un espace de « débat large, inclusif, franc et sincère sur toutes les questions qui divisent les Ivoiriens depuis plusieurs années, qui constituent les causes de la crise ivoirienne et dont la résolution permettra de fonder un nouveau consensus national pour la paix, la stabilité, l’unité et la réconciliation nationale ».
Le président Alassane Ouattara et son gouvernement ont déjà donné leur point de vue sur la question, la jugeant « inutile et une perte de temps ».
« Ces états généraux, je ne sais pas à quoi ça servirait », a déclaré Alassane Ouattara lors d’une visite dans le centre du pays non sans inviter les partis politiques à se préparer pour les futures échéances électorales.
« Les Etats généraux de la République, c’est pour préparer les élections », a répondu le président du FPI, Pascal Affi N’guessan, comme pour dire que les divergences sont encore profondes entre le gouvernement et son principal parti d’opposition. Fin
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