Des Ivoiriens rapatriés de Centrafrique attendent “l’aide” de l’Etat (REPORTAGE)

djotoya

Par Edwige FIENDE source alerte-info.net

Accueillis depuis le 30 décembre dans le centre de l’ONG Côte d’Ivoire Prospérité à N’Dotré, un quartier populaire au nord d’Abidjan, les Ivoiriens rapatriés de la République centrafricaine (RCA) espèrent “l’aide” de l’Etat pour leur réinsertion social.
Quelques Ivoiriens rapatriés de Centrafique logés au siège de l’Ong Côte d’Ivoire prospérité

Assis en groupe par affinité, dans le centre d’accueil de l’ONG Côte d’Ivoire Prospérité, créé depuis 2009, ces rapatriés devisaient gaiement après le petit déjeuner.

Dans ce centre situé au “carrefour N’Dotré” les responsables essaient tant bien que mal, avec l’appui du gouvernement ivoirien, d’assurer pour le moment la prise en charge médicale et alimentaire des rapatriés.

“Il fallait les mettre dans un centre d’accueil, assurer leur prise en charge en terme d’alimentation et de santé”, a affirmé le coordonnateur programme de l’ong, Julien Koffi.

Ces rapatriés souffraient pour la plupart “de stress, de peur, de fièvre typhoïde, de fatigue générale et de paludisme”, révèle M. Koffi

Le centre d’accueil dispose d’une infirmerie et d’un centre de santé situé à Yopougon, un quartier populaire à l’Ouest d’Abidjan, où deux rapatriés sont encore internés pour des raisons qui n’ont pas été révélées. Le ministère de la Solidarité a également mis un médecin généraliste à leur disposition.

Arrivés le 30 décembre et le 02 janvier à bord de deux vols affrétés par l’Etat de Côte d’Ivoire, la plupart de ces rapatriés (environ 250 personnes), repartis sur deux sites dont 135 à N’Dotré et 117 autres à Azaguié (40 km d’Abidjan), découvre pour la première fois la Côte d’Ivoire.

“Mon père (âgé de 90 ans) est parti en Centrafrique avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire”, confie Souleymane Bamba, la trentaine, né en Centrafrique et issu d’une famille de dix enfants.

“Je suis venu avec mon père et mon frère, deux parmi nous sont refugiés au Cameroun, les autres sont restés en Centrafrique”, explique t-il.

Les rapatriés ont droit à trois repas variés par jour, composés essentiellement de mets ivoiriens, sept cuisinières sont à leur soin pour la confection des repas.

Au menu de ce mardi, du riz (50 kg) accompagné de sauce d’aubergine et de l’attiéké (Couscous de manioc) accompagné de poulet frit, selon M. Kouassi, le chef cuisinier.

“Tout se passe bien ici”, rassure t-il, en rectifiant l’assaisonnement de la sauce du jour, “la veille nous avons fait du riz accompagné de sauce feuille et de l’attiéké le soir, l’avant-veille, c’était de la bouillie d’igname accompagnée de poulet.”

L’ONG dit avoir reçu 100.000 FCFA du gouvernement pour la prise en charge alimentaire et deux sacs de riz de 50 kg et 10.000FCFA d’une communauté musulmane voisine.

Les rapatriés souhaitent l’aide du gouvernement

Arrivé avec son fils âgé d’un mois, sa fille de 6 ans et sa mère de 64 ans dont la jambe a été fracturée dans leur fuite, Sandrine, la trentaine, vivant depuis 5 ans en Centrafrique, n’a aucune trace de ses parents restés en Côte d’Ivoire.

“On rend gloire à Dieu parce que nous sommes venus vivants, rien n’était garanti si on restait là-bas”, raconte-t-elle, visiblement sous le choc. “Nous n’avons pas de repère, pas de trace de nos parents c’est pourquoi nous demandons l’aide de l’Etat pour nous installer ici”, poursuit-elle.

“Je suis styliste, depuis 10 ans à Bangui, mon atelier a été pillé, ma maison cassée, je suis arrivée sans rien avec mon fils de 12 ans”, explique Assama Elo, la quarantaine, les larmes aux yeux.

“Mon père est décédé, ma mère à Bouaflé (Centre-ouest) n’a pas de moyen pour m’accueillir, je ne peux pas aller vivre avec elle”, poursuit-elle

“Ce n’était pas notre souhait de venir rester dans un camp, il ya des problèmes d’hygiène mais on est obligé, on a tout perdu, on croyait que ça allait être un peu rapide, mais jusqu’à présent il n’y a pas de solution. On attend que l’Etat nous aide à nous installer, c’est vrai que beaucoup parmi nous ont des familles ici, mais elles aussi sont démunies”, lance Aboulaye Fofana, la cinquantaine, représentant des refugiés, père de cinq enfants et commerçant en Centrafrique.

Le centre d’accueil de l’Ong dispose de 75 lits et quatre chambres pour 135 rapatriés dont 63 enfants et une trentaine de femmes.

Assise devant sa chambre, Malika Meité, garde un mauvais souvenir de ses 30 années passées en Centrafrique et ne compte pas y retourner.

Arrivée à l’âge de 7ans en Centrafrique, elle a perdu ses deux parents et trois frères dont un pendant la crise.

“Je ne garde pas une bonne image de la Centrafrique, j’ai tout perdu, je n’ai pas envie d’y retourner”, dit-elle, envisageant de rentrer en famille à Yopougon dès que possible.

Comme elle, la famille Bamba dit avoir repéré des proches à Abobo et attend d’avoir des pièces pour quitter le centre.

L’Ong Côte d’Ivoire prospérité a enregistré quatre familles qui sont prêtes a accepter deux personnes chacune.

Des enquêtes sont en train d’être menées par l’Ong en collaboration avec le ministère de la Solidarité, pour retrouver les parents de ces rapatriés au nombre desquels figurent dix Centrafricains.

Le conseil des ministres de mercredi devrait décider du sort de ces Ivoiriens rapatriés de la Centrafrique.

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