Par Audrey Salor Tempsreel.nouvelobs.com
A l’Assemblée ce mardi, les députés étaient partagés entre soutien sans faille à Manuel Valls, , prudence et agacement.
Bordeaux, Nantes, Tours, Orléans… Et la liste est susceptible de s’allonger. Au lendemain de l’envoi, par Manuel Valls, d’une circulaire à destination des préfets et des maires visant à interdire les spectacles de Dieudonné, les villes d’où l’humoriste se trouve banni se multiplient. Publicité inopportune ? Réponse indispensable à une provocation qui n’a que trop duré ? Le sujet est sur toutes les lèvres, ce mardi 7 janvier à l’Assemblée nationale. S’il soutient « l’état d’esprit et la philosophie » du ministre de l’Intérieur, le député de la majorité Razzy Hammadi ne fait toutefois pas mystère de quelques réserves. « J’appelle à la plus grande précaution quant à la stabilité juridique de la décision. Il n’y aurait rien de pire que de se retrouver, dans quelques semaines, à payer des dizaines de milliers d’euros de dédommagements à Dieudonné », met en garde l’élu socialiste de Seine-Saint-Denis. En un mot, attention à d’éventuelles « conséquences qui pourraient être pires que le remède ».
« Ne pas se rater »
La formule varie, mais le doute est identique chez son collègue de l’opposition Jean-François Lamour. « Sur un sujet comme celui-ci, il ne faut pas se rater », prévient le député UMP de Paris. « Il n’y aurait rien de pire que de dire que l’on interdit le spectacle, puis que la justice revienne sur cette décision. Ce serait donner une tribune, et surtout raison à ce type », redoute-t-il. A cette nuance près, c’est sans retenue que l’élu d’opposition appuie l’initiative de Valls.
« Quand on en arrive à un niveau de provocation à ce point insoutenable, il faut une réponse forte », juge lui aussi l’UMP Philippe Gosselin. Qui en profite tout de même pour glisser quelques conseils, sur des thèmes qui lui sont chers, au locataire de la place Beauvau : « J’aimerais l’entendre sur les actions menées par les Femen dans des lieux publics tels que les églises, et l’invite donc à adopter un regard circulaire ».
Huissier, pub et André Malraux
Pourquoi s’agiter de la sorte quand la législation actuelle offre d’ores et déjà la solution, s’étonnent d’autres ? « La loi actuelle prévoit 45.000 euros d’amende et un an de prison. La garde des sceaux doit sommer le parquet de la faire appliquer. Il suffirait qu’il y ait, dans le public des théâtres où Dieudonné se produit, un huissier qui prenne des notes », propose, pratique, le député UMP Pierre Lellouche. L’élu parisien, à l’origine du texte de 2003 aggravant les peines relatives aux infractions à caractère raciste, n’en doute pas : « dans cette affaire, tout le monde est uni sur l’objectif ». Et de condamner cette « publicité non suivie de sanction » offerte à Dieudonné sur un plateau par un Manuel Valls générateur d' »agitation médiatique ».
« Mais où vit-on ? On n’est pas en Union soviétique ! », s’indigne Nicolas Dupont-Aignan. Avec un style qui lui est propre, le député de l’Essonne et président de Debout la République réclame à son tour qu’on s’en tienne à la législation. « M. Valls et Mme Taubira doivent faire appliquer la loi sur les paroles antisémites et racistes », s’agace-t-il. « Il ne faut jamais poser l’interdiction comme principe », renchérit l’UMP Jacques Myard. Qui se prend soudain à citer du Malraux : « La liberté, avant de la passer par la fenêtre, il faut y regarder à deux fois ».
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