«Aucun ivoirien ne peut être contraint à l’exil. Toute personne persécutée en raison de ses convictions politiques, Religieuses, philosophiques ou de son appartenance ethnique peut bénéficier du droit d’asile sur le territoire de la République de Côte d’Ivoire, sous la condition de se conformer aux lois de la République. » Nous dit la constitution ivoirienne en son article 12. Et pour autant ils sont encore des milliers d’ivoiriens qui ont été contraints à l’exil du fait la guerre qui a suivi les élections présidentielles de novembre 2010. Certains pour leur appartenance ethnique, d’autres pour leurs convictions politiques. Accueillis dans les pays de la sous régions tels, le Ghana, le Bénin, le Togo ou encore le Libéria, ces ivoiriens constitués en réfugiés se repartissent sous différentes catégories :
La première catégorie est formée des cadres du FPI et anciens ministres du dernier gouvernement Aké Ngbo. La deuxième catégorie est formée des jeunes patriotes qui ont soutenu la politique du président Laurent Gbagbo. La troisième catégorie est formée des simples familles (enfants, pères et mères) qui ont fui pour se protéger des représailles du fait de leur appartenance ethnique ou leur soutien au régime de Gbagbo. Enfin la quatrième catégorie revient aux soldats, militaires FDS et autres jeunes combattants qui ont dû rejoindre l’armée pour défendre la « patrie ». Et si toutes ces personnes font l’expérience d’une vie hors du pays et pour certains loin des siens, ils ne sont tous pas logés à la même enseigne. Les moins chanceux sont arrivés dans ces pays sans rien et avec l’espoir que la situation s’améliorerait très vite en Côte d’ivoire. Malheureusement voilà 3 ans qu’ils sont contraints de s’accommoder à leur nouvelle vie. Dieu merci d’autres ont fini par prendre cette situation avec philosophie non sans élever la voix : « Personne n’a payé notre transport pour venir en exil. Chacun est venu de lui-même lorsqu’il a pensé que sa vie était menacée. Alors, personne ne doit nous obliger à retourner au pays tant que les conditions qui nous ont fait venir ici n’ont pas changé en Côte d’Ivoire » nous lance un ex membre des FDS réfugié. Interrogé sur la main tendue du président Alassane Ouattara aux exilés, celui-ci répond : « Ah bon, Ouattara reconnait maintenant qu’il y a des exilés ivoiriens, lui qui disait le contraire il y a deux ans. Dites à Ouattara que la seule garantie pour nous de revenir au pays reste la libération de tous nos camarades militaires détenus en Côte d’ivoire. Aussi, si nous rentrons, on va dormir où, on va manger quoi quand tous nos biens sont confisqués et avoirs gelés ? Si ceux qui sont détenus à Abidjan sont libérés et peuvent circuler librement, si on peut faire de la politique sans que personne ne soit mis en prison et enfin si un minimum de ressources est octroyé à tous ceux qui ont tout perdu, alors nous pouvons envisager un retour. Dans le cas contraire que Ouattara continue de gouverner et nous laisse tranquille. Et ce n’est pas un homme politique qui va nous obliger à rentrer.»
Voilà qui est dit. Sinon, qu’a fait l’état de Côte d’ivoire qui tout en reconnaissant le statut des ivoiriens refugiés hors du pays pour ne ce reste que les soulager ou les mettre en confiance en dépêchant des émissaires dans les différents camps de réfugiés ? Et si ces paroles sont d’un militaire, que devrait penser un simple civil qui ne demande qu’un minimum de sécurité ? Le président Ouattara doit donc aller au-delà des discours et autres promesses qui finiraient par décrédibiliser sa personne et son pouvoir. Et ce n’est pas en continuant d’emprisonner les pro-Gbagbo ou en détenant indéfiniment plusieurs militaires pro-Gbagbo que les exilés retrouveront le chemin du retour. Car jusqu’à ce jour seulement 32 prisonniers ont recouvré la liberté sur le millier qu’ils sont à travers les prisons du pays. Enfin, en condamnant le général Dogbo Blé à 15 ans de prison lui et 13 autres militaires ou en détenant encore les commandants, Jean Abehi et Anselme Séka ou encore la première dame Simone Ehivet Gbagbo et Charles Blé Goudé, le pouvoir d’Abidjan nous étale ici son incapacité à garantir une paix durable en Côte d’Ivoire. Et c’est à juste titre que le dialogue entre le gouvernement et le FPI piétine car les deux camps campant sur leur position respective. Le problème est que le FPI qui continue de conditionner sa participation aux élections de 2015 par la libération de tous les prisonniers, le retour des exilés, le dégèle des avoirs, la composition de la CEI, le financement des partis politiques et la sécurisation des biens et des personnes entre autres, risque de jouer un mauvais tour à Alassane Ouattara. Car poussé par sa base avec une diaspora indéboulonnable le FPI pourrait bien boycotter ces élections comme ce fut pour les législatives et locales. Mais là encore, le ciel n’est pas tombé sur la Côte d’Ivoire et malgré un hémicycle incolore, Ouattara continue de gouverner comme il le peut. En outre le risque de reporter les élections de 2015 comme ce fut le cas sous Laurent Gbagbo en 2005 si toutes les conditions ne sont pas remplies est bien réel. Mais là encore au grand bénéfice de celui qui avait pour seul rêve : gouverner un jour ce grand pays qu’est la Côte d’ivoire. Nous avons nommé, S.E.M Alassane Ouattara. Car ce deuxième mandat serait d’ailleurs très important pour lui qui doit coute que coute aider à son tour son ami Nicolas Sarkozy à revenir au pouvoir en France. Alors que faire ? le FPI ainsi dans le dilemme devra prendre la mesure de sa position. Participer aux élections avec des alliances et espérer mettre en difficulté Ouattara en 2015 ( car au moins, l’opinion internationale qui est très attachée aux élections, régulières ou pas pourrait être prise à témoin et au cas où ces élections débouchaient sur une guerre…On pourrait dire que Ouattara a perdu les élections mais il veut s’accrocher au pouvoir. Le revers de la médaille) ou bien continuer à faire la politique de la chaise vide et laisser Ouattara endurer la souffrance des ivoiriens jusqu’à ce que mort s’en suive ? Ainsi dit, le FPI désormais face à son destin mais également face au destin de millions d’ivoiriens, se doit de prendre une décision sage. Avec le retour ou sans des exilés. Avec la libération ou sans des prisonniers. Et encore avec la sécurité ou l’insécurité. Tout est possible. Pour vu qu’on y regarde très bien. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent.
Philippe Kouhon/ Diaspo Tv
Mail : pkouhon@gmail.com
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