Côte d’Ivoire – les Ivoiriens préferent les lieux de culte aux feux d’artifice

Abidjan, Cocody Riviera 3, église Notre-Dame de l'Incarnation /Tofill44
Abidjan, Cocody Riviera 3, église Notre-Dame de l’Incarnation /Tofill44

Contrairement à l’année dernière, les fêtards n’ont pas fait massivement le déplacement dans le centre des affaires d’Abidjan pour voir les lumières. Le triste souvenir des 64 morts du stade Félix Houphouët-Boigny est sans doute encore frais dans les esprits. Et personne ne veut être une victime de la fête de la lumière. Au cours de notre randonnée nocturne, on a fait l’amer constat que les maquis-bars étaient en majorité, à moitié vide. Les clients ont préféré rester chez eux, fêter en famille pour les uns ou participer à des veillées de prières dans les temples de Dieu pour les autres.

Les Ivoiriens « se réfugient »  dans les églises

Les années se suivent et se ressemblent depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir, le 11 avril 2011. Les fêtes de fin d’année ne drainent vraiment plus ce monde fou que les Ivoiriens ont connu sous le régime Gbagbo, en peine crise de rébellion armée. La principale raison, c’est la pauvreté qui frappe de plein fouet les ménages. La cause de cette pauvreté est connue de tous. La cherté de la vie, le rattrapage ethnique et ses chômeurs qui se comptent par milliers, les licenciements massifs dans les entreprises pillées à la faveur de la prise du pouvoir par les armes de l’ex-rébellion. La preuve en a encore été faite le 31 décembre 2013. Il n’y avait pas d’affluence dans les rues d’Abidjan, notamment dans les maquis et restaurants. A l’instar des communes de Cocody, de Yopougon et d’Adjamé 220 logements. La Rue Princesse, la nouvelle Rue Princesse au quartier Maroc, la rue du Monde arabe au quartier Selmer, dans la commune de Yopougon et bien d’autres endroits de joie, n’ont pas vraiment fait le plein. Une autre raison est l’insécurité qui règne à Abidjan. Du fait des nombreux vols et exactions commis par certains éléments
incontrôlés des Frci. Ils sont, en revanche, des milliers les Abidjanais qui ont pris d’assaut les temples chrétiens pour confier leur sort à Dieu. Face aucalvaire qu’ils endurent sous le régime
Ouattara.

«Avec ce pouvoir, mieux vaut prier, prier et continuer de prier» «Avec ce pouvoir, mieux vaut prier, prier et continuer de prier. Rien n’est fait pour amener les Ivoiriens à se réconcilier. Bien au contraire, c’est toujours la haine et la chasse aux sorcières des proGbagbo, des arrestations inexplicables, des enlèvements, des détentions d’hommes politiques et de militaires injustifiées. Aujourd’hui, notre seul recours pour que la Côte d’Ivoire ne sombre pas dans une guerre sans fin, c’est l’église. C’est pour cela que, malgré mon âge, je suis ici». Ces propos sont du
vieux S.P., un sexagénaire qui, avec sa femme, ses enfants et petits-enfants, a quitté son domicile du quartier Niangon Lokoua pour aller assister à la messe de la Saint-Sylvestre à l’église Sainte Rita de Niangon Nord (Yopougon). Son sentiment est partagé par Kouamé G, un autre fidèle de l’église catholique SaintMathieu de Yopougon. «Nous ne savons pas où nous allons. Les dozos qui sont les milices du pouvoir continuent de terroriser nos parents dans les villages. Beaucoup d’ex-rebelles n’ont jamais rendu leurs armes. Les Frci qui n’ont pas été retenues dans l’armée régulière commettent des exactions sur les routes, les autoroutes, sur les pistes villageoises, dans les parcs et réserves, dans les forêts classées, dans les villages. Vraiment, c’est inquiétant ! Ce régime nous inquiète, c’est pourquoi, les Ivoiriens ont besoin de soutien spirituel», dit-il. Le mardi 31 décembre 2013, les églises Saint Mathieu, Saint-André à Yopougon, Saint-Etienne à Koumassi, Saint-Jean de Cocody etc., ont fait le plein.

Charles Bédé
Notre Voie

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