Ébony – Jim Boumehla (FIJ) « Jamais, je n’ai vu un jury qui n’octroie pas de prix »

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Jim Boumehla est le président de la Fédération internationale des journalistes [IFJ] qui regroupe 161 syndicats ou centrales syndicales repartis dans 120 pays. Invité spécial à la nuit de la communication pour la 15è édition des prix Ebony en Côte-d’Ivoire organisée par l’un des syndicats locaux l’UNJCI [proche des pouvoirs publics], Jim Boumehla livre son point de vue sur le verdict final et parle des conditions des journalistes
Extraits

(…)

Le prix du Super Ebony qui n’a pas été décerné, comment pouvez vous expliquer cette décision ?

Je n’ai pas vu les règles de ce prix, donc il serait difficile de dire s’il y a une barre pour la qualité. Mais généralement, si on juge on doit toujours donner un premier prix. Bien sûr, j’ai du respect pour les membres du jury parce-que ce sont des journalistes dont je suis sûr ont été mis dans cette fonction parce qu’ils savent le faire, ils sont des experts, ils sont compétents. Mais cette décision, je ’en ai pas vu beaucoup depuis. Il est très rare et presque peut être jamais dans ma vie j’ai vu une occasion où des juges n’octroient pas de prix. Je ne sais pas si le signal est de dire que la qualité baisse. Ce n’est pas seulement la fonction journalistique qui est le seul facteur dans la balance. Aujourd’hui même dans des pays où il y a de très grands journaux, à cause la crise des média qui ’est pas nécessairement liée à la crise financière, il y a une baisse de qualité. Cette baisse de qualité est due aux coupures budgétaires. Les gens dépensent moins pour de grands investissements. Cela se passe dans beaucoup de pays et c’est même devenu une des menaces les plus importantes pour la presse et les journalistes. Mais je ne crois pas que la solution est de dire que tout est mauvais qu’on ne peut pas classifier les gens. Au contraire, il faut encourager les gens. Je crois qu’en donnant un prix, on les encourage. C’est vrai le jury peut toujours faire un commentaire mais qu’on donne un prix.

Dans votre intervention, lors de cette soirée des Ebony, vous avez mis l’accent sur les conditions de travail des journalistes. Quelle
appréciation faites vous sur ces conditions de travail ?

Quand on parle des conditions de travail ce ’est pas forcement en Côte d’Ivoire, mais dans plusieurs pays développés où la presse n’est pas vraiment développée et où l’économie des médias e permet pas un statut très élevé de la profession. C’est difficile de faire des comparaisons parce que les niveaux de vies sont différents, mais quand on trouve des gens qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts alors qu’ils travaillent comme journaliste, ils sont exposés à la corruption. Tout ceci pour dire que les conditions de travail sont liées aux conditions du journaliste dans le pays. Partout dans le monde on dit de la presse que c’est le quatrième pouvoir, qui a pour rôle de veiller à l’épanouissement de la démocratie mais quand on rémunère les journalistes, leur métier n’est pas valorisé. Par rapport au signal qui a été donné par le jury, à cette soirée, j’aurais voulu que les membres du jury fassent un commentaire. C’est à dire, s’il n’y a pas de qualité, qu’est ce qu’on doit faire pour améliorer ? D’aucuns diront qu’il n’y a pas de bonnes écoles de journalisme. Mais je dis que ce ’est pas toujours vrai parce que ce que nous apprenons dans les écoles de journalisme c’est la même chose partout. C’est une question d’investissement. Aujourd’hui avec les transformations technologiques qui se passent, tout le monde est journaliste. Il y a des personnes qui ne sont pas formées journalistiquement qui peuvent prendre une photo avec un téléphone. C’est une valeur journalistique. Nous sommes à l’aube de grandes transformations qui vont bouleverser les communications et les médias et j’espère qu’il en sera de même pour les pays africains. Cela permettra de valoriser les journalistes. En Afrique, il y aura un grand développement de l’information à travers cette technologie. Peut être même que la presse écrite sera dépassée. Elle a commencé à être dépassée dans des grands journaux aux Etats Unis, en Angleterre. Ce n’est pas pour dire que c’est la fin de la presse écrite mais il va y avoir une évolution.
(…)

Entretien réalisé par

DE BOUAFFO
Coll : JEROME N’DRI
L’Interview complète dans le Nouveau Réveil

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