Mikhaïl Kalachnikov, l’inventeur de la kalachnikov, est mort

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Mikhaïl Kalachnikov, l’inventeur du fusil mitrailleur kalachnikov, est mort à l’âge de 94 ans, selon l’agence officielle Itar-Tass, citant un porte-parole des autorités de la région d’Oudmourtie, dans l’Oural.

L’inventeur du fusil d’assaut soviétique AK-47 produite à quelque 100 millions d’exemplaires dans le monde, avait déjà été hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois.

Avec AFP

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La kalachnikov, nouvelle arme fétiche des malfrats

LE MONDE | 08.12.2011
Par Yves Bordenave

En tenant compte de l’inflation, le total du chiffre d’affaires dans la défense de ces 100 groupes a reculé, de 5 % par rapport à l’année précédente, ce qui est une première depuis 1994, d’après l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

C’est la Rolex du voyou, même s’il n’a pas réussi. Depuis quatre ou cinq ans, la kalachnikov, ou AK47, est devenue le premier attirail du malfaiteur, confirmé ou pas. L’actualité récente a ramené l’arme, inventée il y a 64 ans par l’ingénieur russe et sergent de l’Armée rouge Mikhaïl Kalachnikov, sur le devant de la scène. Le 28 novembre et le 1er décembre, trois fusillades à la « kalach » ont fait quatre morts à Marseille et dans son agglomération. A deux reprises, des policiers ont été pris pour cibles. L’un d’eux, atteint d’une balle dans la tête le 28 novembre à Vitrolles, est mort après plusieurs jours passés entre la vie et la mort. C’est le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy – en visite jeudi 8 décembre dans la cité phocéenne, où il devait assister au congrès du Parti populaire européen – qui l’a annoncé. A l’occasion de ce déplacement, il devait également rencontrer les syndicats de police, qui s’alarment de cette situation.

Bandits chevronnés ou jeunes délinquants en quête de reconnaissance, l’arme symbolique des guérilleros comme des djihadistes a désormais les faveurs de la pègre. Dans les cités de Marseille, dans les banlieues lyonnaises ou dans les quartiers sensibles de la région parisienne, la « kalach » est en voie de banalisation. Il n’y a plus guère de malfrat qui monte au « braquo » sans sa « kalach », plus une bande impliquée dans le trafic de stupéfiants qui ne s’équipe de cette arme capable de tirer trente balles en moins de deux secondes. Les premiers s’en servent pour intimider leur victime, les seconds pour se protéger de la concurrence ou pour régler leurs comptes. Les policiers le constatent : plus qu’une arme parmi les autres, la « kalach » est devenue l’arme de dissuasion absolue, celle qu’il faut avoir dans sa panoplie pour prouver sa crédibilité, notamment auprès des rivaux éventuels. « Un attribut de virilité », commente avec un brin d’ironie Christian Lothion, directeur central de la police judiciaire (DCPJ).

« TRAFIC DE FOURMI »

Au marché noir des armes de guerre, la « kalach » trône en tête de gondole. Pour 1500 à 2000 euros, il est relativement facile de s’en procurer. L’écrasante majorité de celles que l’on trouve en France arrivent d’ex-Yougoslavie, où d’ex-chefs de guerre se sont reconvertis en trafiquants après avoir constitué des stocks une fois les combats terminés. Ils les vendent près de 500 euros pièce.

« Le plus souvent, l’importation se fait par l’intermédiaire de petits réseaux. C’est souvent un ou deux particuliers, anciens soldats dans l’un des camps, arrivés en France après la guerre, qui a conservé des contacts là-bas. Une simple commande passée au bon quidam suffit », explique le commissaire Franck Douchy, chef de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLO).

Ce marché relève d’un « trafic de fourmi ». Les trafiquants d’armes ne traversent pas l’Europe les voitures pleines de « kalach », comme le font les go fast qui remontent la drogue au quintal ou à la tonne depuis le sud de l’Espagne. Chaque jour, des centaines de camions de fret provenant de Bosnie, de Serbie, de Croatie ou de Slovénie passent la frontière italienne. Aux postes de douane, les files de poids lourds s’étirent au kilomètre. « Dans ce contexte, il est facile de planquer six ou sept kalachnikovs dans un chargement et d’échapper au contrôle », dit Franck Douchy.

Organisation mafieuse ou entreprise artisanale ? « A partir du moment où on ne fait quasiment pas de grosses saisies, on peut parler d’artisanat, mais cela ne veut pas dire qu’on n’est pas confrontés à des structures criminelles organisées », estime M. Lothion. Et de citer un réseau mis au jour à Marseille en 2008 qui avait permis une saisie d’une centaine d’AK47. Cette prise reste à ce jour la plus importante. Dans des proportions autres, en septembre 2010, les hommes de l’OCLO ont intercepté un trafic mené par deux chauffeurs de poids lourd serbes qui arrivaient à Bobigny, leur destination finale. Dissimulés dans le chargement du poids lourd, les policiers ont trouvé sept AK47. La transaction avait été effectuée par un autre Serbe, résidant au Bourget et ami des deux premiers. Mais ces exemples restent marginaux. Au total, les policiers procèdent chaque année à quatre ou cinq opérations ciblées sur les armes. Pour le reste, les saisies d’armes sont une conséquence de perquisitions dans des affaires de stups ou de braquages.

Peut-on évaluer le nombre de kalachnikovs sur le sol français ? Difficile, voire impossible ; mais le chiffre n’est probablement pas si élevé, aux dires des spécialistes. En 2010, la DCPJ a recensé 2 710 saisies d’armes, soit une hausse de 79 % par rapport à 2009. Pour 2011, le nombre de saisies enregistrées s’élevait à 3 355 armes au 24 novembre. La proportion de kalachnikovs ou d’armes de ce type représente entre 3 % et 4 % de ce total.

Yves Bordenave
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