Comment le FPI pousse Henri Konan Bédié à désigner un candidat contre Ouattara en 2015
Charles Kouassi L’Intelligent d’Abidjan
Un boycott effecetif de la présidentielle de 2015 ne fait certes pas l’affaire du Fpi, en ce sens qu’il va renforcer son isolement, le pousser à raser les murs, et surtout, le conduire à sortir du chemin de la démocratie et des urnes, pour l’alternance; au profit de la voie des armes, des révolutions et insurrections populaires. Vu sous tous les angles, le Fpi n’est donc pas gagnant en cas de boycott, dans un contexte de normalisation politique et démocratique que même le Président Ouattara appelle de tous ses vœux. Mais le Rdr et le Pdci peuvent-ils tirer profit de cette situation de boycott? Rien n’est moins sûr. Tout le monde se souvient que c’est la présence au pouvoir de Laurent Gbagbo et l’objectif de le faire partir qui ont conduit à la création à Paris du Rhdp.
Quelques années plus tard, la présence du candidat Alassane Ouattara a permis à l’alliance de fonctionner.
Le pays est dirigé par Ouattara au nom du Rhdp, qui, s’est rassemblé pour vaincre Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo parti, le Fpi absent des autres rendez-vous électoraux, on a alors assisté à une vraie bataille entre les » frères » du Rhdp. Lors des législatives en décembre 2011 et des récentes élections locales, le Pdci et le Rdr se sont affrontés sans retenue. Des violences, ont même été constatées. Alors la question que tout observateur se pose est la suivante: comment le Pdci peut-il éviter de faire la même chose qu’aux législatives et municipales ? C’est-à-dire éviter de présenter un candidat contre Ouattara si le Fpi ne présentait pas de candidat parce que Laurent Gbagbo ne serait pas libéré, et parce que la nouvelle Cei ne serait pas à son goût? Le Pdci peut-il endosser une candidature unique, Rhdp que chapeaute Ouattara qui pourrait ne pas connaître le syndrome FN comme Chirac l’a connu au second tour en France, face au péril du Front national et de Jean Marie Lepen. Ouattara peut être réélu à environ 80 pour cent du suffrage, faute à la fois de candidat du vieux parti et du Fpi.
Bien entendu, d’autres candidatures comme celle d’Anaky Kobénan, ou de Mamadou Koulibaly sont annoncées. Mais combien de suffrages peuvent-ils recueillir sans le soutien des partis traditionnels? Une tendance du Pdci, escomptant et tablant sur le spectre du boycott-chantage du Fpi, avait déjà entrepris et envisagé que le Pdci se sépare du Rdr pour entrer dans une vraie alliance avec le Fpi, afin de reconquérir le pouvoir d’Etat. Cette partie frondeuse du Pdci, un temps, incarnée par KKB n’a pas eu gain de cause lors du récent congrès, qui a vu les militants adhérer à l’option Rhdp, sous la houlette de Bédié, tout en demandant un réajustement. Il est clair que le Fpi sera un des grands perdants du boycott si tel est, qu’il était envisagé. Mais une telle décision peut être un bon point pour la démocratie, puisqu’elle va inévitablement pousser le Pdci à affronter Alassane Ouattara. Par contre, la présence du Fpi dans le starting-block rendra plus difficile et improbable la question de la candidature du Pdci à la présidentielle pour ne pas que ce parti soit hanté du remord d’avoir fragilisé le Rhdp en prêtant le flanc au Fpi. La stratégie de l’adversaire commun au Pdci et au Rdr sera à nouveau opérationnelle. En vérité, quand le chat Fpi n’est pas là, ‘’les souris Rdr et Pdci’’ aiment bien danser, et se faire hamailler, mais devant la menace de reprise du pouvoir par le Fpi par la faute de l’un et l’autre des alliés houphouetistes, Ouattara et Bédié oublient alors par réflexe de sauvegarder des acquis, les contradictions secondaires, pour s’en tenir à l’essentiel : empêcher l’ennemi Fpi à sortir la tête de l’eau. Enfin, pour donner le change, les modifications constitutionnelles envisagées au sujet de la création d’un poste de vice-présidence de la République, ne pourraient définitivement être actée que lorsqu’une plus grande lisibilité sera perceptible au sujet des challengers du président de la République.
Encadré:
Des raisons de pousser le PDCI
Vu du côté du Fpi, les contours d’une candidature ou non à la prochaine présidentielle semblent ne pas être les préoccupations de l’heure. On veut faire chaque chose en son temps et ne pas mélanger les débats. Telles sont les confidences d’un cadre et même publiquement soutenues par le président du parti, lors de sa dernières conférence de presse. La question Laurent Gbagbo, ‘’le cœur et le corps de tout débat politique en Côte d’Ivoire’’, selon Sangaré Aboudrahamane, sera pour longtemps encore l’épicentre de toutes les spéculations. Et pourtant il faudra bien trancher avant 2015 pour situer les militants. On feint d’éviter le débat. Mais entre camarades du parti, des hypothèses ne manquent pas d’être mises en avant. Un pro-Gbagbo convaincu interrogé par l’IA via internet a fait cette analyse : ‘’Moi je pense qu’il y a Bédié d’un coté et le PDCI de l’autre. Même s’il ne veut pas présenter un candidat les militants l’y obligeront. Le FPI se contente d’abord de faire libérer le PR Gbagbo, après on avisera’’, lance-t-il avant d’éclairer sa pensée dans le cas d’une libération de Gbagbo remise à plus tard. ‘’Comme Miaka l’a dit une fois, quelles que soient nos divergences avec le PDCI nous pouvons nous asseoir et discuter. Par contre avec le RDR, c’est quasi impossible. Notre objectif est de faire chuter Ouattara et nous y arriverons même s’il nous faut faire quelques sacrifices pour soutenir le PDCI plus tard’’. Cette analyse fait ressortir l’état d’esprit de certains militants du Fpi. Faire chuter Ouattara à tout prix même en s’alliant au Pdci pour espérer avoir la main sur le dossier Gbagbo cela s’appelle une alliance contre nature. Certains barons du Pdci ne cracheraient pas sur le morceau avec l’appétit du pouvoir. Il n’est pas rentable de négocier des strapontins avec Ouattara. Alors, si nous avions nousmêmes le gouvernail ? Cette façon de voir les choses pourrait-être une attitude du Pdci du fait du harcèlement des frontistes. Il y a également l’agenda caché des proches de Ouattara. Ceux qui nourrissent des ambitions en filigrane. Le Fpi pourrait surfer sur cette hypothèse aussi, en agitant la dialectique du cheval et du cavalier. Le Pdci accepterait-il d’être l’éternel cheval duquel se servirait le Rdr pour être au devant de la scène ? C’est une autre piste mais on n’en est pas encore là et les stratèges du Fpi ont toutes leurs cartes à abattre, par la recherche d’atouts majeurs.
SD
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