Zuma conspué pendant l’hommage à Mandela

(Photo Siphiwe Sibeko. Reuters)
(Photo Siphiwe Sibeko. Reuters)

La cérémonie en honneur de l’ex-leader sud-africain a pris fin au FNB Stadium. Une centaine de chefs d’Etat avaient fait le déplacement.
Cordélia BONAL (envoyée spéciale à Johannesbourg) et Laurence DEFRANOUX

L’essentiel

• Une centaine d’ex et actuels chefs d’Etat et de gouvernement se sont déplacés en Afrique du Sud pour la gigantesque cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, mort jeudi à l’âge de 95 ans.
• Le FNB Stadium, ou Soccer City, est situé entre Johannesburg et Soweto, accueillait la cérémonie. C’est là que l’ancien président sud-africain fit sa dernière apparition publique en 2010, lors de la Coupe du monde de football.

15h15. La cérémonie est terminée, le stade se vide. Le président sud-africain a annoncé que le Unions Buildings, le siège du gouvernement à Pretoria, la capitale, sera rebaptisé le Nelson Mandela Theatre.
«Je veux entendre un stylo tomber»

15 heures. L’archevêque sud-africain anglican Desmond Tutu et prix Nobel de la Paix a prononcé le dernier discours, rendant un hommage plein d’humour à son ami Nelson Mandela. «Je ne vous donnerai pas ma bénédiction avant que vous tous soyez silencieux. Soyez disciplinés […], je veux entendre un stylo tomber», s’est-il exclamé, parvenant à obtenir un silence total et faire sourire la veuve de Mandela Graça Machel et son ex-femme Winnie. «Je veux voir le monde célébrer la vie d’une icône extraordinaire», a-t-il lancé, avant de prier dans plusieurs langues sud-africaines. Desmond Tutu avait obtenu le prix Nobel de la paix en 1984 pour son combat contre le régime ségrégationniste de l’apartheid, comme Nelson Mandela l’année précédente. «Nous promettons à Dieu que nous suivrons l’exemple de Nelson Mandela», a-t-il également lancé, ce à quoi la foule a répondu «Oui!»

L’archevêque sud-africain Desmond Tutu attendant l’heure de son intervention au FNB Stadium, à Johannesbourg.

L’archevêque sud-africain Desmond Tutu attendant l’heure de son intervention au FNB Stadium, à Johannesbourg (Photo Roberto Schmidt. AFP).

14h30. Au moment où le président Jacob Zuma prend la parole, une partie du public quitte le stade de Soweto en signe de protestation. Zuma est accusé d’avoir détourné des millions d’euros pour l’embellissement de sa résidence secondaire et la construction d’une route. Une bonne partie du public faisait visiblement partie de l’opposition au président, qui avait déjà été hué à plusieurs reprises précédemment.

Poignée de main Obama-Castro

13 heures. «Il y a trop de dirigeants qui se disent solidaires du combat de Nelson Mandela pour la liberté mais ne tolèrent pas d’opposition de leur propre peuple», a déclaré Barack Obama devant un parterre de dignitaires étrangers, dont certains leaders autoritaires, parmi lesquels le leader cubain Raul Castro et le vice-président chinois Li Yuanchao. Le président américain, après avoir serré la main son homologue cubain dans un geste historique, a longuement pris la parole à la tribune. Mandela est «un géant de l’histoire. Son combat était votre combat, son triomphe était votre triomphe… Votre liberté et la démocratie sont son héritage.» Avant de poursuivre : «Michelle et moi nous avons profité de ce combat. Mais on ne peut pas le nier: le travail n’est pas terminé. La lutte de Nelson Mandela m’a lancé dans un voyage imprévisible qui m’amène ici aujourd’hui.»

U.S. President Barack Obama (L) greets Cuban President Raul Castro (C) before giving his speech, as Brazil’s President Dilma Rousseff looks on, at the memorial service for late South African President Nelson Mandela at the First National Bank soccer stadium, also known Soccer City, in Johannesburg December 10, 2013. Obama shook the hand of Castro at a memorial for Mandela on Tuesday, a rare gesture between the leaders of two nations at loggerheads for more than half a century. REUTERS/Kai Pfaffenbach (SOUT

12h15. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU : «Mandela détestait la haine. Pas les gens. Il a montré le sain pouvoir du pardon. Un cadeau unique.»

Midi. Une clameur monte au moment de l’apparition du président américain Barack Obama. Les services américains auraient retardé son arrivée dans les tribunes, craignant pour sa sécurité.
Jacob Zuma hué

11h40. Les discours se succèdent à la tribune. Le président Barack Obama et l’ex-président George W. Bush sont arrivés. Le président Jacob Zuma a été hué à son arrivée dans le stade. Des milliers d’internautes sud-africains ont signé la semaine dernière une pétition sur le web pour réclamer sa démission. Il est accusé d’avoir utilisé des fonds publics à hauteur de 200 millions de rands (soit 14,5 millions d’euros) pour des travaux somptuaires dans sa maison, située à trois heures et demie de Durban, métropole du pays zoulou, ethnie dont le chef d’Etat est originaire.

11h30. La mort de Nelson Mandela aura produit un petit exploit microcosmique à l’échelle de la vie politique française : un président en fonction (François Hollande), embarquant dans sa délégation un ex-président, pas totalement à la retraite (Nicolas Sarkozy).

A screengrab taken from the South African Broadcasting Corporation live feed shows French President Francois Hollande (L) and former French President Nicolas Sarkozy arriving at the memorial service for anti-apartheid icon Nelson Mandela at the FNB stadium in Soweto on December 10, 2013. AFP PHOTO/SABC RESTRICTED TO EDITORIAL USE / NO ARCHIVES / TO BE USED WITHIN 30 DAYS FROM 10/12/2013

11h10. «Nkosi sikelel’ iAfrika», Que Dieu bénisse l’Afrique. La cérémonie d’hommage à Nelson mandela a débuté avec l’hymne sud-africain, en présence d’une impressionnante brochette de chefs d’Etat et d’environ 40 000 personnes.

11 heures. C’est la première apparition en public de Graça Machel, la troisième et dernière épouse de Nelson Mandela, depuis le décès de son époux jeudi dernier. Apparue sur les écrans du stade soutenue par deux femmes, elle a été saluée en direct par la foule. Cette brillante Mozambicaine de 68 ans, réputée discrète, a gagné le respect des Sud-Africains en se tenant presque sans interruption au chevet de son mari et en se mettant à l’écart des querelles familiales. Elle avait épousé Nelson Mandela en 1998.

10h45. Arrivée de Dilma Rousseff, présidente de la République du Brésil. Elle rejoint dans la tribune des personnalités le Premier ministre britannique David Cameron, l’ancien chanteur des U2 Bono, le milliardaire Patrice Motsepe… Un chœur de gospel anime la foule, et fait reprendre en choeur «siyabonga Mandela, ô siyabonga Mandela» («merci Mandela»).

10h40. La cérémonie a déjà près de trois quarts d’heure de retard. Les tribunes entonnent l’hymne national, toujours sous une pluie battante. Les chefs d’Etat continuent à arriver un par un dans la tribune officielle. François Pienarr, capitaine de l’équipe de rugby des Springboks lors de leur sacre en 1996, est là aussi. Une grosse moitié du stade est remplie.

10 heures. Contrairement à toutes les prévisions, le FNB Stadium de 90 000 places, enceinte symbolique, est à moitié vide alors que la cérémonie commence dans quelques instants. Plusieurs explications : la pluie, qui tombe sans interruption, les gens sont munis de parapluies et certains sont emmaillotés des pieds à la tête dans des sacs-poubelles. L’organisation de cet hommage en pleine semaine a certainement empêché de nombreuses personnes de se déplacer. Beaucoup de Sud-Africains ont également suivi les conseils des autorités craignant un afflux trop important au FNB et décidé de suivre les retransmissions organisées sur écrans géants dans d’autres stades ou à la télévision.

People carry umbrellas as they arrive ahead of former South African President Nelson Mandela’s national memorial service at the First National Bank (FNB) Stadium, also known as Soccer City, in Johannesburg December 10, 2013. World leaders from U.S. President Barack Obama to Cuba’s Raul Castro joined thousands of South Africans to honour Nelson Mandela on Tuesday in a memorial that will celebrate his gift for uniting enemies across political and racial divides. REUTERS/Yves Herman (SOUTH AFRICA – Tags: OBIT

9h30. Dani Cooper, une jeune femme blanche de 24 ans, a pris le premier train avec deux de ses amies à 5h30 ce matin depuis Johannesbourg. L’enseignante en histoire arbore une casquette Viva Mandela: «On est ici parce que comme tous les Sud-Africains nous avons une relation particulière à Mandela. Aujourd’hui est un jour de paix. On est heureux qu’il soit en paix. Bien sûr, l’Afrique du Sud a encore des problèmes, il existe de très fortes disparités économiques, et les blancs continuent à dominer tout un pan de la vie économique et politique mais un jour comme aujourd’hui, on mesure le progrès parcouru.»

9 heures. Sibongile Ngobeni, 26 ans, jeune Noire de 26 ans vivant dans le township de Soweto, travaille dans une boîte de production audiovisuelle. Elle a pris une journée de congé pour venir au stade avec son père : «Il n’était pas question pour moi de suivre la cérémonie à la télévision. Je devais être là. Mandela, pour moi, c’est le changement, l’humilité, l’amour, la paix. Aujourd’hui, on célèbre tout ça. On est là pour lui dire « adieu, sois en paix, on va poursuivre ton combat ».»

8h30. Le président français François Hollande est arrivé en Afrique du Sud mardi matin avec sa compagne Valérie Trierweiler. Il est accompagné des ministres des Affaires étrangères Laurent Fabius et de la Justice Christiane Taubira, de l’ex-numéro un du Parti communiste français (PCF) Robert Hue – président du groupe interparlementaire d’amitié France-Afrique du Sud-, de l’évêque de Cayenne et ancien curé de Soweto Mgr Emmanuel Lafont, ainsi que de Bernard Lapasset, président de l’International Rugby Board.

7 heures. Sud-Africains et étrangers affluaient mardi matin sous la pluie au stade Soccer City de Soweto, où 90 000 personnes étaient attendues pour une cérémonie historique d’adieu à l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, décédé jeudi soir à l’âge de 95 ans. Nombre de chefs d’Etat ou de gouvernement arrivaient également à Johannesburg. Parmi eux, le président américain Barack Obama, dont l’avion s’est posé en Afrique du Sud peu après 7 heures (6 heures à Paris). Les portes du stade ont ouvert vers 6h30 (5h30 à Paris) avec une bonne demi-heure de retard. Les autorités ont annoncé qu’elles dirigeraient la foule vers d’autres stades de l’agglomération une fois que le Soccer City serait plein. Ceux-ci étaient complètement vides vers 8 heures locales (7 heures à Paris).

6 heures. Les chants ont commencé dans le FNB Stadium de Soweto. Beaucoup de gens ont pris les premiers bus et trains pour être là à l’ouverture. Certains ont même dormi dans leur voiture à proximité. Beaucoup de tee-shirts «Mandela» et de l’ANC, le Congrès national africain, parti de Jacob Zuma, l’actuel président du pays. Le public est en grande majorité noir mais quelques blancs sont présents aussi.

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