Côte d’Ivoire Houphouët – mort naturelle ou mort provoquée ? Les ivoiriens doivent être éclairés

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Par Lazare Koffi Koffi

Mort d’Houphouët-Boigny. Mort naturelle ou mort provoquée ? Les ivoiriens doivent être éclairés

7 décembre 1993. Le pays tout entier écoute, par message radiodiffusé, l’annonce de la mort du président Houphouët-Boigny par le Premier ministre d’alors, Alassane Dramane Ouattara. Cette « mort annoncée » du premier président ivoirien a surpris plus d’un Ivoirien et surtout les observateurs attentifs de la vie politique ivoirienne.

Je dis bien « mort annoncée » car je fais partie de ceux qui mettent en doute la mort naturelle d’Houphouët, cet homme d’Etat qui a marqué quatre décennies durant, de son empreinte, l’Histoire de notre pays. Le fait même que sa mort coïncide avec la date anniversaire de notre pays a trahi ceux qui ont précipité son départ dans l’autre monde. Je crois fortement qu’Houphouët a eu sa vie abrégée plusieurs jours avant. En tout cas, pour moi, il n’est pas mort le 7 décembre comme indiqué par son médecin traitant, Bernard Debré, à l’hôpital Cochin, suivi par le Pr Maurice Kakou Guikahué. On a fait coïncider, de toute vraisemblance, la mort de l’illustre homme d’Etat à cette date pour, d’une part faire d’Houphouët un personnage légendaire, un héros national qu’on doit exalter, glorifier et magnifier chaque fois qu’on célébrera la fête nationale afin que son nom ne sombre pas dans l’oubli et, d’autre part, favoriser par cet artifice macabre, l’avènement au pouvoir d’Alassane Ouattara au détriment du véritable dauphin constitutionnel Aimé-Henri Konan Bédié. Bernard Debré et un certain nombre de Français de la haute sphère politique en France dont des socialistes tels que Dominique Strauss Khan, Laurent Fabius et Charles Josselin qui, ayant réussi à tisser des liens étroits avec ce dernier par l’entremise de Dominique Nouvian, la sulfureuse épouse d’Alassane Dramane Ouattara, avaient voulu brouiller la succession d’Houphouët-Boigny en allant contre l’ordre constitutionnel par un coup de force en douceur afin d’installer leur « ami ».

Il est vrai qu’Houphouët était condamné, sa maladie étant incurable ; mais craignant qu’un moment de lucidité ne permette à ce dernier de désigner son successeur, une personnalité autre que celle que les Français attendraient, ceux-ci ont mis fin hâtivement à sa vie. On peut donc le dire, Houphouët a été « tué » au nom du couple Ouattara pour assouvir les ambitions politiques de ce dernier. Toutes les hautes personnalités du Pdci-Rda le savent, à commencer par Bédié, feu Philippe- Grégoire Yacé, les Pr Alphonse Djédjé Mady et Maurice Kakou Guikahué et surtout Laurent Dona-Fologo ainsi que certains officiers supérieurs de l’Armée de l’époque comme le général Tanny Ehuéni. Mais jamais, aucun d’eux n’a dénoncé cet odieux «assassinat» parce que la «mort annoncée» d’Houphouët les arrangeait tous, puisqu’ils étaient tous, comme Ouattara, dans l’attente de prendre le pouvoir…

Pour se convaincre de mes affirmations sur les circonstances de sa mort, il suffit de lire entre les lignes, avec un sens aigu de l’investigation, le récent ouvrage collectif, très intéressant à ce sujet, de Bernard Debré et Jacques Vergès, De la mauvaise conscience en général et de l’Afrique en particulier, publié à Paris aux Editions JC Lattès en 2003.

Tout en regrettant l’époque où il a pu bénéficier allègrement des largesses inconsidérées des présidents Bongo et Houphouët et tremblant de tous ses membres parce que sachant, qu’à court terme, il ne pourrait continuer complaisamment de tirer profit de ce juteux commerce avec un président autre que Dramane Ouattara dont il espérait l’avènement au pouvoir, Bernard Debré a débité dans ce livre, de manière inconséquente, sans vergogne et sans prendre de gants, toute sa bile contre Laurent Gbagbo. Quelques morceaux choisis de ses propos délibérément mensongers et intellectuellement malhonnêtes :

« Gbagbo a raté sa présidence. Bien élu ou mal élu, peu importe, mais il a tout raté. Son pari sur l’ivoirité s’est révélé un échec sanglant. Il a semé l’ethnicisme. Il a récolté le racisme, la guerre civile et l’invasion…Bref, Gbagbo a fait ce qu’aucun régime n’a osé faire depuis Vichy: exclure des fonctions d’Etat et pénaliser dans leur citoyenneté des Ivoiriens qui avaient pour seul tort de ne pas appartenir à son ethnie. Là-dessus, la rébellion allait l’emporter et la France est intervenue… »

A l’analyse, on voit révélées dans ce texte, les arrière-pensées de ce médecin d’Houphouët et sa rage contre celui qu’il accuse d’avoir empêché Ouattara de réaliser ses ambitions. Il s’exprime ici comme un homme qui a le diable au corps et qui, les mains souillées du sang du premier président ivoirien, se morfond d’avoir posé un acte ignoble qui n’a finalement abouti à rien. Pour contredire mes déductions, les militants du Pdci-Rda en premier et l’ensemble des Ivoiriens en second, doivent demander des comptes à Bernard Debré et à sa famille sanitaire. Debré doit produire les actes relatifs à la disparition d’Houphouët. On doit, en l’occurrence, exiger de lui, les derniers bulletins médicaux de l’illustre homme d’Etat, du temps où il était à Cochin et au besoin porter plainte contre lui pour homicide délibérée. Sinon, l’âme de notre premier président ne pourra reposer en paix. Et les turbulences auxquelles sont confrontés actuellement les Ivoiriens ne pourront de sitôt, trouver leur apaisement.

Lazare KOFFI KOFFI
Exilé politique

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