Grincements de dents, usagers sur les nerfs. La fermeture de la gare des wôrô wôrô de Cocody Saint Jean, située en face de la ‘’Cité rouge’’, continue de faire des mécontents. Surtout dans les rangs des usagers qui y trouvaient des moyens de déplacement vers les autres communes du district d’Abidjan.
Mercredi 4 décembre. Il est 7h
Les alentours de la ‘’gare fermée’’ sont squattés par les transporteurs qui ne peuvent pas se réinstaller du fait des blocs de bétons utilisés par la mairie, pour boucler le périmètre. Les taxis communaux et intercommunaux communément appelés wôrô wôrô occupent désormais le trottoir. Traqués régulièrement par des éléments des Forces républicaines (Frci) chargés de maintenir l’ordre à ce carrefour très fréquenté, ils résistent quand même et embarquent les passagers à destination du Plateau. «Nous ne savons pas où aller. La mairie nous a chassés, mais elle n’a pas trouvé un autre espace pour nous. On n’a pas le choix, il faut bien qu’on travaille et qu’on permette aux usagers d’aller au travail », explique K. Salif, chauffeur sur la ligne Cocody-Plateau. N’dri Béranger est imprimeur. Il réside à Cocody et travaille à Marcory depuis 14 ans. Pour lui, la décision de fermeture de la gare n’est pas la bienvenue. « Les clients qui arrivent ne savent plus où s’orienter ni à qui s’adresser. Nous aurions préféré qu’on crée une autre gare avant de fermer celle-ci », fait-il remarquer. Depuis que la décision est tombée, c’est la croix et la bannière pour les usagers. Les véhicules sont stationnés en désordre. Ce qui donne du fil à retordre aux clients qui arrivent. « Bonjour mon frère, où est-ce que je peux avoir un véhicule pour Marcory ? On m’a dit d’aller devant la Cie, mais je n’y ai rien trouvé», demande une dame, visiblement éreintée par des va-et-vient infructueux.
Un syndicaliste lui conseille de se rendre au carrefour du Lycée classique de Cocody. Cette situation, confie Ouédraogo Chantale, est embarrassante dans la mesure où les transporteurs qui occupent le trottoir mettent la vie des piétons en danger. Ils occasionnent des accidents du fait du rétrécissement de la voie. « Ce n’est vraiment pas digne de la commune de Cocody. Il faudrait trouver rapidement un espace pour permettre à ces véhicules de charger et de soulager les usagers», propose-telle. La mairie qui a décidé de fermer la gare entendait, selon le directeur de cabinet du maire, lutter contre l’insalubrité dans la commune. Mais en délogeant ces travailleurs, un nouveau type de désordre s’est installé. Et la sécurité des riverains n’est plus garantie en ces lieux. « Lorsque la gare existait, il y avait toujours du monde au carrefour de Saint Jean jusqu’à minuit. Mais aujourd’hui, on peut se faire agresser à 22 h, car il n’y a plus personne à ces heures», regrette Kouassi Murielle, étudiante. Ceux qui ont cru que la fermeture de la gare contribuerait à mettre fin au règne des syndicats se sont également trompés. Car, ces ‘’gnambolos’’ continuent de rançonner les transporteurs qui n’ont pas cessé d’exercer.
L’Expression
Par Ben Ayoub
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