L’effet d’annonce de Paris a joué à plein: avant même le début de l’intervention militaire française à Bangui, d’ex-rebelles plient bagages depuis quelques jours et désertent la capitale centrafricaine où ils terrorisaient la population depuis des mois.
« De tous les quartiers, les mêmes informations remontent: des Séléka s’en vont, ils quittent Bangui », explique à l’AFP sous couvert d’anonymat un haut diplomate occidental en poste en Centrafrique. Impossible pour autant de chiffrer ces départs, ajoute cette même source, ils se font surtout de nuit quand la ville est sous couvre-feu.
Même constat d’un responsable d’une organisation humanitaire. Le mouvement a débuté dès que la France a annoncé officiellement qu’elle envoyait des renforts en Centrafrique pour épauler la force africaine déployée dans le pays et que ses troupes interviendraient dès le vote, attendu dans les prochains jours, d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
« En quelques jours, toutes les agressions ont cessé », constate ce responsable humanitaire alors que depuis début novembre la ville était livrée à une nouvelle vague de criminalité, oeuvre d’hommes issus des rangs de la coalition rebelle Séléka qui a renversé en mars le régime du président François Bozizé. Effectivement – contrairement à il y a encore quelques semaines – les pick-up bondés d’hommes en uniformes dépareillés ont quasiment disparu des principales artères de la ville.
« Match à domicile »
Les paras français chargés de tenir l’aéroport et de préparer une éventuelle évacuation des ressortissants européens dans le cadre de l’opération Boali se font, eux, au contraire, de plus en plus visibles avant l’arrivée des renforts. A bord de leurs blindés, ils multiplient les patrouilles dans une ville bien connue de l’armée française. L’opération Boali est en place depuis 2002. Avant, il y en avait eu d’autres comme Barracuda dans cette ex-colonie française, où pendant des décennies, les gouvernements successifs de Paris ont activement participé à installer et déposer les régimes en place.
Osant une métaphore sportive, un officier africain résume: « pour l’armée française, une opération à Bangui c’est un peu un match à domicile ». Si personne à Bangui – tant chez les diplomates que chez les humanitaires – ne semble douter de la capacité des Français à rétablir rapidement un minimum d’ordre et de sécurité dans la capitale et sur les principaux axes routiers menant au Cameroun et au Tchad, certains s’interrogent déjà sur ce qui passera à moyen terme.
« Les Séléka quittent Bangui, mais que vont-ils faire en brousse? Qui ira les désarmer dans la forêt? », s’interroge un diplomate. Traditionnellement, depuis l’indépendance du pays, la France s’est essentiellement souciée du pays « utile ». Bangui, ses environs, le nord-ouest – là où récemment des affrontements meurtriers ont opposé ex-rebelles musulmans et milices d’auto-défense de paysans chrétiens.
Qu’en sera-t-il cette fois-ci, alors que rébellions et groupes armés qui formaient la Séléka ont surgi des confins orientaux du pays, aux frontières du Tchad, du Soudan, du Soudan du Sud et de la République démocratique du Congo ? Une vaste région où toute administration de l’Etat a disparu depuis des années et dont certaines villes ne sont plus accessibles que par avion, routes et pistes ayant été avalées par la forêt. Mais une région qui suscite aussi bien des intérêts. Le groupe nucléaire français Areva a un projet d’ouverture d’une mine d’uranium dans le sud-est de la Centrafrique. Il a suspendu ses opérations en septembre 2012 en raison de l’insécurité chronique de la zone.
AFP
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