Ce droit international qui opprime les Africains et les faibles – L’exemple ivoirien

akoua
Juge-présidente Akua Kuenyehia Chambre d’Appel CPI

Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)

Le droit international recouvre aussi bien le droit international public; les relations entre desnations souveraines, ou autres sujets du droit international, que le droit international privé destiné à régir les relations entre des personnes privées dans un cadre international. Le droit, dans un sens large, a pour devoir de régir des rapports sociaux, internationaux, qui se doivent d’échapper surtout à l’arbitraire. C’est contre ce caractère arbitraire du droit international qu’ont décidé s’élever, lors de leur dernier sommet, les pays africains, qui ont menacé de sortir de la CPI, s’il existe une justice internationale à deux vitesses. La crise ivoirienne est un cas patent: les partisans d’Alassane Ouattara peuvent s’accorder la liberté de violer les droits de l’homme, de commettre des crimes contre l’humanité sans être poursuivis par la CPI, parce qu’il est l’homme de la Communauté internationale, tandis que le président Gbagbo qui défendait depuis 2002 l’intégrité territoriale de son pays contre des sans-papiers armés par la France est écroué par cette Cour internationale de Justice. Le droit ne peut échapper à l’arbitraire que s’il existe une séparation des pouvoirs; or nous notons que les pays puissants et l’ONU qui représentent l’exécutif dans un cadre international incitent la CPI à jeter en prison les présidents africains, les officiers, les personnes qui luttent pour les droits des africains en vue du respect d’un principe de réciprocité entre les nations riches et les pays pauvres. Tant que les pays riches refuseront d’être soumis aux mêmes règles internationales et que les autorités judiciaires chargées de dire le droit seront au service des puissants, le droit international ne sera qu’un instrument d’oppression des Africains, des faibles.

C’est en effet la vision de la justice internationale du Nouvel Ordre mondial dont les bases furent jetées en France par le président Sarkosy, le protecteur d’Alassane Ouattara qui a, de manière délibérée, invité son filleul et la CPI à maintenir en prison le président Laurent Gbagbo; « un simple sujet de l’empire français ». Les propos de Sarkosy relatifs à cette justice internationale à deux vitesses sont sans ambages, quand il parle du Nouvel Ordre mondial dont il voudrait être le père: «L’année 2009 peut être une année fondatrice, l’année de naissance d’un nouveau capitalisme, d’un Nouvel Ordre mondial… la crise est mondiale, il faut que nous lui apportions une réponse mondiale…J’en appelle à tous les gouvernements, aucun d’entre nous n’en sortira en faisant sa propre politique dans son coin, isolé de ce que fait les autres, aucun et je puis vous dire une troisième chose on ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, je dis bien personne ne pourra s’y opposer, car à travers le monde les forces au service du changement sont considérablement plus fortes que les conservatismes et les immobilismes. La France plaide pour un nouvel ordre mondial, la France dit que les grands pays émergents: la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Mexique ne peuvent plus parler au nom des pays pauvres puisqu’ils ne sont plus des pays pauvres, c’est toute l’architecture des grandes négociations internationales que la France propose de reconsidérer, car si l’on continuait de confondre les pays émergents avec les pays pauvres alors il n’y aurait aucune issue possible aux grandes négociations commerciales et pas d’avantage pour les accords climatiques…». Personne, affirme-t-il, ne pourra s’opposer à ce Nouvel Ordre mondial parce que Sarkosy préconise un gouvernement, un exécutif mondial, où le droit international est forcément acquis à la cause des puissants, des pays les plus riches; ce qui confirme le caractère arbitraire du droit international, des sentences de la CPI vis-à-vis du président Gbagbo et des nations africaines dont le combat pour la démocratie, en vue de la construction d’États-nations est perçu dans ce Nouvel Ordre mondial, comme un conservatisme, un immobilisme. L’Afrique du Sud est désormais un pays riche et ne peut, selon Sarkosy, parler au nom des nations pauvres du continent africain ni défendre le dossier Gbagbo au cours des négociations internationales. Sarkosy exprime, de manière explicite, à travers sa redéfinition de l’architecture des grandes négociations internationales, sa volonté de favoriser une justice internationale à deux vitesses au grand dam de Desmond Tutu, deKoffi Annan, de tous les intellectuels africains qui, consciemment ou inconsciemment, refusent de lutter pour un principe de réciprocité entre toutes les nations; qu’elles soient riches ou pauvres.

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Elders/Korhogo

 

Soucieux de nous détourner de ce noble combat mené par les Africains, dans le but de conquérir aussi bien leurs droits que ceux de tous les faibles, de tous les opprimés de la terre, les spécialistes français de la discorde ont enclenché un battage médiatique sur la lutte contre le racisme, afin de nous inciter à emprunter la voie du communautarisme qui confirmerait notre immaturité politique. Si à de petits français des parents inculquent ce racisme fondé sur un sentiment de supériorité à l’endroit du Noir en leur demandant, par exemple, d’offenser la ministre de la justice Taubira, une de leurs autorités politiques parce qu’elle est noire, cela signifie que nos enfants et nos petits enfants auront à subir les ragots de ces obscurantistes. Les Noirs, les Africains se doivent d’éviter de se focaliser sur le racisme, car un tel combat de nos jours n’est que poursuite du vent. Peu importe l’opinion que nous avons d’Obama ou de son épouse, force est de constater que son élection, ses deux mandats et la nomination d’une femme par ce président noir à la tête de la réserve des USA marquent la fin d’une ère, car les doctrines politiques qui ont toujours affirmé que l’homme noir et la femme sont incapables de gouverner sont devenues, après ces grands événements, des thèses soutenues par des penseurs obscurantistes. Les Africains n’ont plus à faire prévaloir leurs spécificités comme à l’époque du mouvement de la négritude. Nous n’avons plus à lutter pour la couleur de notre peau, nous ne palissons pas face à la couleur de notre peau dont nous sommes fiers. Notre foi dans le Dieu unique nous permet d’avoir la certitude qu’au commencement Dieu créa l’homme et la femme, Adam et Ève, géniteurs de tous les hommes qui connurent une profonde mutation, du point de vue génétique, quand des créatures appelées fils de Dieu procréèrent avec les filles des hommes (Gn 6, 1-4). Ces créatures dont la nature était compatible avec celle des hommes n’étaient ni des anges de Dieu ni des hommes. Avec la descendance de Noé, la terre fut de nouveau peuplée après le Déluge; Sem est le père de tous les hommes de race blanche, Cham celui des Noirs, Japhet le père des autres races. De Noé jusqu’à ce jour aucun primate n’est devenu un homme; les théories scientifiques de Darwin sur l’évolution ne se vérifient donc pas dans le temps, même si elles ont été à l’origine de nombreuses doctrines politiques, qui prônent, comme le fascisme, l’hégémonie d’une classe humaine dominante, qui impose par la force son autorité sur les peuples dits inférieurs. Quand nous analysons les discours du président français Sarkosy au sujet du Nouvel Ordre mondial, à partir des études de l’historien américain Robert O. Paxton sur les cinq phases du fascisme, nous pouvons relever une certaine similitude entre le système politique du Nouvel Ordre mondial et le fascisme. Le modèle international de Sarkosy est centré sur un groupe uni et solidaire, qui ait une identité forte, et partage une histoire et un destin communs avec la volonté de perpétuer son ciment culturel, politique, juridique, économique. Ce groupe de Sarkosy à l’origine du Nouvel Ordre mondial, à l’instar des groupes fascistes nationalistes, méprise la modération des conservateurs comme Chirac ou des humanistes de la race de Hollande dont la philosophie politique prône la diplomatie. Sarkosy, partisan d’un gouvernement économique mondial, met le droit international, la politique, les armées au service du monde de la finance, des grands industriels, de la nouvelle monarchie financière. Le Nouvel Ordre mondial, à l’entendre parler, est autoritaire et militariste, ennemi de la démocratie en Afrique, d’où le piège politique de certains intellectuels africains qui nous invitent à développer une démocratie propre à l’Afrique, alors que le suffrage universel, le droit de vote, le droit du peuple de choisir ses propres représentants sont des valeurs universelles. Nous sommes favorables à un développement qui tient compte de nos réalités africaines et non à une démocratie qui modifie les textes comme au PDCI, afin de les adapter à l’anthropologie culturelle des leaders politiques au service du Nouvel Ordre mondial. Le président Laurent Gbagbo emprisonné à dessein à la CPI est en fait dans la tempête du Nouvel Ordre mondial enclenché par Sarkosy. Les Africains attendent impatiemment de connaître les conclusions finales de la CPI sur le président Gbagbo, puisque le président Sakosy a jeté en France; au c œur de l’empire colonial, les bases d’un Fascisme mondial, d’un droit international chargé d’opprimer les Africains, les plus faibles,

les pays les plus pauvres du monde. Les propos de Sarkosy sont pratiquement identiques à ceux de Mussolini qui disait: «Le fait est que le XIXe siècle était le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie, ceci ne signifie pas que le XX e siècle doit aussi être le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie. Les doctrines politiques passent; les nations restent. Nous sommes libres de croire que ceci est le siècle de l’autorité, un siècle tendant vers la «la droite», un siècle fasciste. Si le XIX e siècle était le siècle de l’individualisme, nous sommes libres de croire que ceci est le siècle «collectif», et ainsi le siècle de l’État» (Doctrine politique et sociale du fascisme). Il fera aussi cette précision « Tout par l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État». Le fascisme étant contre la démocratie, l’État, comme le disait Louix XIV, c’est lui l’inspirateur d’un Nouvel Ordre, le Duce, le guide, le conducteur; c’est la monarchie. L’ordre et la justice ne sont pas dans le contexte d’un Nouvel Ordre mondial assurés par la CPI, par la Justice internationale mais par la classe humaine dominante rassemblée par Sarkosy.

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