Par RFI
Les opérations de Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) ont débuté en Côte d’Ivoire lundi 11 novembre avec la formation des agents recenseurs. L’opération, confiée à l’Institut national de la statistique (INS), va de report en report. Ibrahima Ba, directeur général de l’Institut national de la statistique (INS), conduit ces opérations de recensement, dont les résultats sont très attendus notamment par la classe politique ivoirienne. Il est l’invité de Tatiana Mossot.
RFI: C’est le premier recensement général depuis le début de la crise en Côte d’Ivoire. Les résultats de ce recensement sont très attendus. Pourquoi ?
Ibrahima Ba: Ils sont attendus parce que, tout d’abord, le dernier date de 1998. Cela fait donc plus de dix ans. A l’heure d’aujourd’hui, on ne sait pas quelle est la répartition de la population, même si on peut continuer à faire des estimations au niveau national. La Côte d’Ivoire a une régle de principe de planification de son développement. Et le développement se doit d’être un développement des hommes, par les hommes, pour des hommes. Il est donc important pour nous de savoir comment nous sommes répartis dans l’ensemble du territoire.
Le 23 août dernier, le Parlement ivoirien a voté une loi sur la nationalité. Comment allez-vous gérer les personnes qui sont en passe d’obtenir la nationalité ivoirienne ?
Nous nous contentons des déclarations des individus. On ne va pas exiger qu’on nous montre les pièces qui permettent d’apprécier l’identité des gens, et surtout leur nationalité. Donc, nous faisons confiance aux personnes interrogées et ce sont elles qui donnent leur nationalité.
On sait que l’opérateur Sagem est en charge de l’aspect technique du recensement. Cette opération devrait se faire avec des smartphones. Mais ce système sera-t-il compatible avec les pièces d’identité que sont les permis de conduire, par exemple ?
A l’heure où je vous parle de ce recensement général de la population de Côte d’Ivoire, Sagem n’a pas été contacté. Il n’est pas parmi les opérateurs, qui se réduisent à l’Institut national de la statistique, donc de la mission ivoirienne.
Qui sont les opérateurs ?
Les opérateurs, ce sont les nationaux, avec l’INS qui en assure la direction exécutive. Tout cela s’est fait pour les trois derniers recensements de la population.
Et concernant les smartphones, quelle va être la procédure ?
Le recensement de la Côte d’Ivoire qui devait avoir lieu en 2008 va avoir lieu maintenant, en 2013. Il s’agit du recensement de la génération des années 2010, pour lesquels l’utilisation des nouvelles technologies de la communication et de l’information est compliquée. Ici, on va le faire avec des smartphones. Mais c’est nous qui allons recruter des agents, composer les équipes et les former à l’utilisation de ces smartphones, ce qui nous permet de gagner du temps.
On compte des retards logistiques et matériels qui ont déjà été annoncés. La date du début des opérations est fixée au 25 novembre. Cette date peut-elle être respectée ou se dirige-t-on vers un nouveau report ?
La date initiale était le 4 novembre. Nous parlons du 25 novembre, maintenant. [Nous parlons également] des questions d’organisation technique. Par exemple, la formation des agents se fait suivant des dates incompressibles. Nous pensons que le 25 novembre, toute la série des formations sera assurée et que l’on pourra se permettre d’aller sur le terrain. Maintenant, s’il doit y avoir un report, cela dépend de la volonté des hautes autorités du pays.
A moins de deux ans des prochaines élections présidentielles, quel est l’enjeu politique de ce recensement ?
Il n’y a pas d’enjeu politique, mais des enjeux scientifiques, qui permettent d’obtenir des données nécessaires pour la planification du développement. Ce recensement-là permet de donner, avant les élections, la population potentielle électorale. C’est un indicateur important pour tous ceux qui veulent organiser les recensements électoraux. Vous ne pouvez pas organiser un recensement électoral valablement si vous n’avez pas eu l’estimation de la population concernée par ces élections.
Les cadres du Front populaire ivoirien (FPI) disent que la tentation de la manipulation est grande. Ils n’ont pas confiance en une opération à laquelle ils disent ne pas être associés. Ils craignent clairement des fraudes dans un but électoraliste. Que leur répondez-vous ?
Je réponds à ces cadres que je fais un recensement scientifique, qui peut être apprécié scientifiquement et qui utilise des méthodes qui sont connues de tous. Quand je vais dans un village, je ne trouve pas des gens qui appartiennent à tel ou tel parti. Toutes les populations sont interrogées. Toutes les populations sont visitées, quelque soit le lieu où elles se trouvent. Nous avons fini la cartographie censitaire. Nous avons visité tous les campements. Nous avons visité toutes les villes, tous les villages. Donc, toutes les zones où il y a des individus qui vivent en Côte d’Ivoire ont été répertoriées. Je mesure la qualité de mon recensement avec l’ »enquête-couverture », par la suite. Mais ce que je peux leur répondre, c’est que le recensement général de la population est un recensement démographique qui n’a rien de politique, qui vise à faire la photographie de la population dans tout le territoire pendant la période de dénombrement. Peut-être confondent-ils ce recensement général de la population avec les recensements électoraux. Nous nous emploierons à leur faire comprendre que ce n’est pas la même chose.
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