Côte d’Ivoire: Armajaro dans la déstabilisation

Loic-Folloroux

Après avoir réussi sa mission de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, Anthony Ward se débarrasse d’Armajaro.

Anthony Ward le co-fondateur du fonds spéculatif (hedge fund) britannique Armajaro a cédé ses activités de trading de cacao, café et sucre au négociant helvétique, Ecom Agroindustrial. L’histoire d’Armajaro est strictement liée à la tragédie que connait la Côte d’Ivoire depuis 1999. Le groupe Armajaro nait en effet en mai 1998, en décembre de l’année suivante, plus précisément le 24/12/1999, la Côte d’Ivoire connait le premier coup d’État de son histoire. Le général Robert Guei renverse Henri Konan Bédié. Les événements futurs nous apprendront que le général Guei avait en réalité exécuté le coup d’État pour le compte d’Alassane Dramane Ouattara. Ce même Alassane Dramane Ouattara dont le beau fils LOIC FOLLOROUX, fils de son épouse Dominique Folloroux Ouattara est le directeur Afrique … d’Armajaro.

Quoiqu’il en soit, les choses n’iront pas exactement comme Anthony Ward et ses partenaires en affaires les Ouattara avaient prevu. En effet, le général Guei qui ne devait servir que de passerelle refuse d’abandonner le pouvoir au profit d’Alassane Dramane Ouattara le cerveau du coup d’État. Pire encore, il exclue des élections présidentielles d’octobre 2000 celui là même qui lui avait offert sur un plat d’argent le pouvoir. Les Ouattara et leurs sponsors se souviendront de cet affront lorsque le moment de régler les comptes arrivera. Robert Guei sera assassiné dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002.

Avant cela, en Octobre 2000, Laurent Gbagbo est élu président de la république et décide de favoriser les producteurs locaux de cacao, au détriment des multinationales étrangères qui auraient voulu prendre le contrôle de toute la filière. C’en est trop pour Anthony Ward et Armajaro qui décident de relancer leur joker Ouattara en l’installant par les armes au pouvoir. Mais cette fois ci, Armajaro et Anthony Ward décident d’être prudents. Le pied de nez du général Robert Guei en 2000 leur a servi de leçon. Tout en préparant minutieusement la déstabilisation de la Côte d’ivoire, Anthony Ward et ses complices décident d’ouvrir un front financier en se lançant dans la spéculation boursière. Cette nouvelle activité leur permettra en cas d’échec du coup de force qu’ils préparent, de récupérer au moins les énormes sommes d’argent investies dans la déstabilisation du pays de Laurent Gbagbo. Entre fin 2001 et Aout 2002, Ward spécule sur le cacao achetant jusqu’à 203.000 tonnes de fèves. La rébellion commence un mois après. Le 19 septembre 2002 , la Côte d’ivoire qui représente 40% du marché mondial de Cacao se retrouve coupée en deux, rendant difficile l’acheminement du Cacao vers l’étranger. Le prix de la tonne de cacao augmente de 60% et Anthony Ward et ses partenaires malgré l’échec temporaire de la rébellion ivoirienne empochent €62 millions de bénéfices. Pas mal pour un échec.

Le 25 novembre 2002, dans un long article écrit sous un nom d’emprunt, le journaliste franco-canadien Guy André kiffer dénoncera le rôle joué par Anthony Ward, plusieurs multinationales et des personnalités soit ivoiriennes qu’étrangères dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Cet article lui coutera cher. Le 16 avril 2004, Guy André Kiffer disparait. Jusqu’à ce jour, il n’a plus jamais été retrouvé. Le crime de Guy André Kiffer avait sans doute été de dénoncer trop tôt un procédé qu’Anthony Ward et ses complices avaient l’intention de renouveler.

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En juillet 2010 en effet, en prévision de la reprise de la guerre en Côte d’Ivoire, Armajaro récidive en achetant 240.100 tonnes de fèves, Soit 7% de la production mondiale de cacao, ou 15% des stocks mondiaux et 25% des stocks européens estimés. Quelques mois plus tard en décembre 2010, éclate la crise post-électorale en Côte d’ivoire. Alassane Ouattara le candidat d’Armajaro et de la France demande de faire pression sur le président élu Laurent Gbagbo en imposant un embargo à la Côte d’Ivoire. La requête qui est appuyée aux nations unies par la France est acceptée et c’est ainsi que 40% de la production mondiale de Cacao se retrouve sous embargo, Armajaro peut donc vendre à prix d’or ses stocks, pendant que la France et les nations-unies appuyées par les rebelles d’Alassane Dramane Ouattara renversent le 11 avril 2011, après d’intenses combats contre l’armée régulière ivoirienne, le président élu Laurent Gbagbo. Pour l’opération d’achat de fèves de juillet 2010, Armajaro bénéficia de l’apport financier de la banque française BNP Paribas qui l’aidera à acheter 102.450 tonnes de cacao. L’on comprend mieux pourquoi cette même banque à travers sa filiale ivoirienne la BICICI fut la première banque à fermer ses guichets à partir de février 2011, dans le but d’affaiblir financièrement le régime du président Gbagbo et précipiter ainsi son départ.

Au moment où il cède ses activités à Ecom Agroindustrial Anthony Ward alias «Chocolate Finger» est considéré le plus célèbre spéculateur dans le secteur du cacao. Cette célébrité dérive essentiellement des opérations réalisées en 2002 et en 2010, mais comme nous l’avons constaté plus haut, Anthony Ward n’est qu’un criminel à col blanc. Les délits commis par Anthony Ward, son groupe Armajaro et tous ses complices en 2002 et en 2010 sont connus dans le monde boursier sous le nom de délit d’initié. Ce qu’Anthony Ward et ses complices firent, fut simplement de financer une rébellion dans un pays qui représente 40% du marché mondial de cacao, programmer les attaques de cette rébellion, et par conséquent des périodes durant lesquelles le cacao ivoirien aurait fait défaut sur le marché mondial. Ensuite, en fonction de ces dates, acheter de façon anticipée de grandes quantités de cacao et attendre. Des spéculations cyniques et criminelles faites au prix de milliers de vies innocentes.

La prise du pouvoir par les armes par Alassane Dramane Ouattara le 11 avril 2011 eut comme conséquence directe de mettre la Côte d’Ivoire à l’abri des complots ourdis par Armajaro. Ce nouveau statut comporta pour Anthony Ward et son entreprise une baisse des profits. La Côte d’Ivoire ne devant plus être déstabilisée, plus de spéculation possible. Fallait donc se débarrasser de ce colis encombrant qu’était devenu Armajaro, d’où sa cession au groupe suisse Ecom Agroindustrial.

ACC- Côte d’Ivoire

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