Le bilan d’un des plus violents typhons à avoir touché terre s’est brusquement aggravé dimanche 10 novembre, les autorités philippines évoquant désormais plus de 10.000 morts et 2.000 disparus, faisant de Haiyan la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’histoire récente du pays.
Par Le Nouvel Observateur avec AFP
Deux îles du centre de l’archipel, qui se trouvaient pile dans la trajectoire de Haiyan quand il a frappé vendredi à l’aube, sont particulièrement affectées: les autorités craignent 10.000 morts sur Leyte et ont confirmé 300 décès sur Samar, un bilan qui pourrait s’alourdir puisque 2.000 habitants sont portés disparus.
Après avoir semé la désolation aux Philippines, Haiyan volait vers le Vietnam, qu’il devrait atteindre lundi matin. Mais le typhon s’est affaibli au-dessus de la mer de Chine du Sud et pourrait être rétrogradé en niveau 1 avant son arrivée sur la côte nord du pays.
Hanoi n’en a pas moins conduit une des opérations d’évacuation les plus importantes de son histoire, selon la presse officielle.
Maisons rasées
Quelque 600.000 habitants des zones les plus vulnérables ont été déplacés vers des abris situés en hauteur. 200.000 ont finalement été autorisés à rentrer chez eux en raison du changement de la trajectoire de Haiyan.
Aux Philippines, un haut responsable de la police à Tacloban, une des villes les plus touchées, a évoqué le chiffre de 10.000 morts sur Leyte. « Nous avons eu une réunion avec le gouverneur la nuit dernière, et en nous basant sur les estimations du gouvernement, il y a 10.000 victimes (décès) », a déclaré à la presse Elmer Soria.
Sur Samar, 300 personnes sont confirmées mortes à Basey, une petite ville, et 2.000 sont portées disparues dans toute l’île, a indiqué Leo Dacaynos, membre du conseil de gestion des catastrophes, à la radio DZBB.
Maisons rasées, pylônes électriques arrachés, voitures renversées et survivants hébétés dans les rues: après le passage de Haiyan, accompagné de vagues de plusieurs mètres et de vents atteignant des pointes à 315 km/h, le paysage évoquait pour certains les destructions causées par le tsunami en Asie en décembre 2004.
« Ce sont des destructions massives (…) La dernière fois que j’ai vu quelque chose de cette ampleur, c’était à la suite du tsunami dans l’océan Indien » qui avait fait 220.000 morts, a déclaré à Tacloban Sebastian Rhodes Stampa, chef de l’équipe de l’ONU chargée de la gestion des désastres.
Plusieurs provinces ont été traversées par la tempête, sur un front de 600 km, et de nombreuses localités restaient coupées du monde dimanche.
L’inquiétude était vive notamment concernant le sort des 40.000 habitants de Guiuan, sur Samar, point d’entrée du typhon dans ce pays vendredi. Aucun contact n’a pu être établi.
Face à l’ampleur de la catastrophe, plusieurs pays ont proposé leur aide.
Les Etats-Unis vont fournir des hélicoptères, des avions, des navires et des équipements destinés à la recherche et au sauvetage, après une demande de Manille, a annoncé le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagels.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont accordé dimanche une aide de près d’un demi-million de dollars US (370.000 euros), alloués à la Croix Rouge de l’archipel.
De son côté, le PAM (Programme alimentaire mondial), une agence de l’ONU, est en train d’organiser le transfert de 40 tonnes d’aide alimentaire. L’UNICEF, l’agence onusienne pour l’enfance, a déjà préparé 60 tonnes de matériels de santé et de survie qui partiront d’un de ses centres de logistique à Copenhague et devraient arriver aux Philippines mardi.
Typhon, séismes, volcans…
La Commission européenne « a déjà envoyé une équipe pour assister les autorités, et nous sommes prêts à contribuer (aux secours) par une aide d’urgence si cela est requis », a fait savoir son président, José Manuel Barroso.
Le pape François a appelé dans un tweet les catholiques à prier pour les victimes et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s’est dit « profondément attristé par l’ampleur des pertes humaines ».
Chaque année, les Philippines sont touchées par une vingtaine de grosses tempêtes ou de typhons, entre juin et octobre. L’archipel est la première terre que rencontrent ces phénomènes météorologiques qui se forment au-dessus du Pacifique.
Typhon, séismes, volcans… le pays subit régulièrement les foudres de la nature, avec presque à chaque fois un bilan d’autant plus meurtrier que la nation est pauvre et gangrénée par la corruption.
Si le bilan des 10.000 morts se vérifie, Haiyan sera la catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire récente des Philippines. La précédente date de 1976, lors qu’un séisme et un tsunami avaient causé la mort d’entre 5 et 8.000 personnes sur Mindanao, une île du sud.
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook