Pourquoi Hollande évite Abidjan “Obsession de la Françafrique et incertitudes”

Hollande ici en Afrique du sud / AFP photo
Hollande ici en Afrique du sud / AFP photo

Les deux présidents François Hollande et Alassane Ouattara se sont déjà rencontrés mais pas en Côte d’Ivoire.

Ce n’est très probablement pas l’unique explication à l’attitude que François Hollande développe vis-à-vis de certaines capitales africaines mais c’est, sans aucun doute, une parfaite clé de compréhension des…nouvelles relations entre Paris et ses ex-colonies.

La lettre du Continent, dans sa dernière livraison, évoque un successeur de Nicolas Sarkozy «tétanisé par les débats sur la Françafrique» et qui se serait inscrit dans une égale logique depuis le début de son mandat : ne pas se mêler outre mesure des affaires africaines et savoir faire la part des choses en matière de politique étrangère. C’est dans cet esprit que François Hollande éviterait de se rendre en Côte d’Ivoire comme dans les autres « bastions des intérêts hexagonaux » : Gabon, Congo-Brazzaville etc.

L’information, ainsi relayée par La Lettre du Continent, n’a, au fond, rien de surprenant quand on considère certaines déclarations de Hollande et l’option qu’il avait prise publiquement de ne pas laisser prospérer la Françafrique : « il y aura la France et il y aura l’Afrique – on n’aura pas besoin de mêler les deux mots ». Sa visite à Dakar, début octobre 2012, avait été pour François Hollande l’occasion espérée de se démarquer de quelques préjugés. Il avait proclamé : « le temps de la Françafrique est révolu ! ». Et le président « normal » d’enfoncer le clou : « les émissaires, les intermédiaires et les officines trouvent désormais porte close à la présidence de la République française comme dans les ministères ». A Dakar, Hollande a évoqué de nouvelles relations franco-africaines fondées sur la transparence, la franchise, et la bonne gouvernance.

Sortir du pré-carré africain et des relations privilégiées- occultes, plus précisément – que Paris a longtemps entretenu avec certaines places fortes de l’Afrique francophone s’est révélée une obsession pour François Hollande. Le nouveau président de la République ne s’était pas gêné pour zapper le ministère de la Coopération rebaptisé ministère délégué au Développement. Octobre 2012, il avait réfléchi par deux fois avant de se rendre en République démocratique du Congo, au sommet de la francophonie : en cause, la réélection de Joseph Kabila qui serait entachée de fraude.

Le fait que, dans le dernier trimestre 2012, Hollande se soit rendu dans la sous-région ouest-africaine en évitant soigneusement la destination « Côte d’Ivoire », pourtant cruciale dans la zone, avait intrigué plus d’un observateur. Les uns avaient trouvé une volonté du socialiste de se démarquer de son prédécesseur- dont on sait les liens étroits avec Alassane Ouattara- les autres percevaient un message envoyé aux autorités locales pour un engagement plus fort en matière de « justice équitable » et de « réconciliation ». Les différentes thèses n’étaient, peut-être, pas à balayer du revers de la main. Une certitude : la volonté de François Hollande d’imposer son style- côté politique africaine- et de rompre avec le pré-carré traditionnel est un peu obsessionnelle.

Kisselminan COULIBALY
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