Ouattara Gnonzié justifie sa décision de rentrer après 2 ans et demi d’exil

gnonzie

«J’ai pris la décision de regagner, dans les prochains jours, la Côte d’Ivoire, mon pays, après 2 ans et 6 mois d’exil au Ghana. En effet, le 16 Avril 2011, j’ai été contraint de quitter Abidjan devenue une mécropole à ciel ouvert, dans un environnement de violence et de haine mortifères. Je n’avais d’autres choix que de m’expatrier, d’autant que ma personne était visée par des agressions de toutes natures. Ma résidence a été totalement et intégralement pillée et saccagée. J’ai été traqué, poursuivi et menacé de mort (messages téléphoniques et électroniques). Pour sauvegarder mon intégrité physique, j’ai observé le seul et unique impératif qui s’imposait. Celui de trouver ailleurs un abri et un espace sécurisés, totalement expurgés d’actes de violence, de règlements de comptes et de négation des règles de droit et de dignité humaine. C’est dans ces conditions que le Ghana voisin a ouvert les bras à des dizaines de milliers de naufragés de la crise post-électorale de Cote d’Ivoire. L’histoire et le peuple ivoirien sauront gré aux populations ghanéennes et à leurs dirigeants pour leur hospitalité salvatrice. Cinq mois après l’exode massif des ivoiriens, en Août 2011, les nouvelles autorités lançaient un appel invitant les réfugiés à regagner le pays. J’ai répondu, par voie de presse, que le meilleur argument pour convaincre, était la remise en liberté des prisonniers politiques. J’observe, depuis quelques mois, qu’une frange de personnalités politiques incarcérées fait l’objet d’un élargissement, sous forme de liberté provisoire.

Je note, avec un intérêt tout particulier, au nombre des bénéficiaires, la présence du Premier Ministre Aké N’Gbo, qui a conduit le dernier gouvernement du Président Laurent Gbagbo, et plusieurs membres de son équipe à laquelle j’ai moi-même appartenu. Cette initiative et bien d’autres, m’apparaissent comme autant de prémisses d’une volonté visant à restaurer un paysage socio politique apaisé, avec la sérénité et le discernement indispensables pour l’avènement d’une Côte d’Ivoire véritablement réconciliée que tous nos concitoyens appellent de leur vœux. C’est dans ce contexte et cette perspective que je retourne au pays pour prendre part aux côtés de ceux et celles de nos compatriotes qui œuvrent au raffermissement du tissu social quasi atomisé, et à l’édification d’une nation de progrès respectueuse des règles de droit et de liberté, en conformité avec notre loi fondamentale. Je n’ignore pas les critiques et les analyses, d’acteurs et d’observateurs de la vie politique ivoirienne, qui relèvent des insuffisances dans le processus de normalisation et réclament davantage de cohérence, de lisibilité et de sincérité de la part des principaux initiateurs de la décrispation politique en Côte d’Ivoire. La diversité des critiques et des postures démontrent éloquemment la nécessité de l’incontournable concertation indispensable entre tous les acteurs politiques, ainsi que les leaders d’opinions. Surtout lorsque l’intérêt de la nation est aussi fortement compromis comme c’est le cas depuis bientôt trois ans. En effet peut-on, raisonnablement, croire, un seul instant, qu’un seul individu, ou un seul groupe, un seul camp, ait la capacité d’en finir tout seul avec la crise ivoirienne qui se complexifie, au fil des années, pour devenir à la fois politique, militaire, économique, sociale, sociologique et culturelle. La longue durée de la crise ivoirienne et le décryptage qui en découle donnent, me semble-t-il, à tirer des leçons qui résonnent comme autant d’évidences basiques et de postulats opposables à tous les acteurs politiques. Dans la foule d’évidences que l’on peut imaginer, j’en relève principalement trois. Première évidence : La Côte d’Ivoire, aujourd’hui, nul n’en doute, est une grande malade. Dans cet état de dégénérescence avancée, la chaleur de l’union et du rassemblement de tous ses enfants lui est indispensable pour son rétablissement entier et durable. Tous ses enfants. Sans exclusion et sans exclusive.

Deuxième évidence : Pour reconstituer le puzzle de la nation ivoirienne brisée, une réconciliation sincère et fondamentalement inclusive ne peut être l’objet de quelque esquive. C’est pourquoi, les chapelles de toutes obédiences devraient se convaincre que les forums recommandés pour entreprendre cette réconciliation tant attendue ne peuvent être ni les prisons, ni les camps de réfugiés. Troisième évidence : La Côte d’Ivoire de nos rêves ne peut se bâtir avec des hommes et des femmes qui sèment la haine à tous vents et instaurent de ce fait dans le pays une culture et un climat de violence et d’intolérance politiques, ainsi qu’une négation de la dignité humaine. L’invalidation de l’usage des armes, de la force, de la violence et de l’arbitraire dans l’arène et le champ politiques conférera au pays un surcroit de gains en termes de paix, de cohésion sociale, de progrès et de démocratie. Pour ma part, je rentre en Côte d’Ivoire sans le moindre ressentiment à l’égard de quiconque. Durant mon exil, j’ai découvert la vie et l’œuvre philosophique de Martin Luther KING. De celles-ci me revient, en permanence et en boucle, comme un hymne et une exhortation à la tolérance, une phrase: « En ce qui me concerne, j’ai retenu l’amour, parce que la haine est un fardeau trop lourd à supporter ».

Fait à Accra le 4 Novembre 2013
Le Ministre Ouattara Gnonzié
Secrétaire Général du Rassemblement pour la Paix

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.