Côte d’Ivoire: les dozos risquent « d’emporter le pouvoir » de Ouattara (LIDHO)

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Par Serge Alain Koffi (Entretien) Source: alerte-info.net

Le président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO) Pierre Kouamé Adjoumani a accusé dimanche le gouvernement de favoriser “l’impunité’’ des dozos, des chasseurs traditionnels venus du nord, avertissant que leurs fréquentes dérives risquent “d’emporter le pouvoir’’ du président Alassane Ouattara, dans une interview à

Pouvez nous faire un point de la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire à bientôt trois après la fin de la crise ?

La situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire est préoccupante. Nous avons senti une nette amélioration pendant un certain temps. Mais aujourd’hui, il y a la question de la sécurité qui se pose avec acuité avec le phénomène des coupeurs de route et des dozos. Nous avons comme l’impression que les Dozos sont intouchables. L’Etat les organise et leur donne en même temps les moyens de jouir d’une impunité. En plus du volet sécuritaire, il y a également le volet judiciaire. A ce niveau, nous assistons toujours à des enlèvements et à une forme d’impunité qui est une plaie pour le gouvernement. Aussi, dénonçons la justice à deux vitesses qui à cours en Côte d’Ivoire. Nous constatons toujours qu’il n’y a que les pro-Gbagbo qui sont poursuivis alors que les enquêtes qui ont été menées par le gouvernement démontrent que les deux camps ont été fautifs. Tout cela nous inquiète.

Selon vous, qu’est ce qui explique les fréquentes bavures des dozos ?

Nous savons tous que les Dozos ont été des supplétifs des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pour la conquête du pouvoir pendant la crise armée post-électorale. Certainement que le gouvernement se sent faible en face des Dozos. Il aurait pu prendre son courage à deux mains pour leur dire de retourner dans leurs villages. Le phénomène des Dozos si on n’y prend garde risque d’emporter le pouvoir.

Le 4 septembre dernier, le gouvernement a adopté un projet de loi relatif à l’organisation du secteur des défenseurs des droits de l’homme en vue de mettre fin, selon lui, à l’activisme de certains. Comment la LIDHO apprécie t-elle cette décision du gouvernement ?

Nous apprécions à sa juste valeur. Nous avons été associés à l’élaboration de cette loi et nous en sommes satisfaits car il y a des dispositions qui vont dans le sens de l’amélioration des conditions des défenseurs de droits de l’homme.

Ce projet de loi n’est-il pas liberticide pour vous ?

Non bien au contraire, pour nous cette loi est bonne. Initialement, il y avait deux points que nous avons demandé au gouvernement de retirer. Le premier instituait une commission d’attribution de cartes de défenseur de droits de l’homme. Nous étions contre parce que nous estimons que être défenseur de droit de l’homme est un travail libéral. Le second évoquait la défense de l’intérêt national. Ces deux points ont été revus et corrigés.

Le gouvernement a refusé de transférer Mme Simone Gbagbo à la Haye. Pour le défenseur des droits de l’homme que vous êtes, partagez vous cette décision du gouvernement ?

Nous déplorons le fait que la Côte d’Ivoire renie sa signature. Le pays doit respecter ses engagements vis-à-vis de la Cour pénale internationale (CPI). Maintenant, si le gouvernement veut juger Mme Gbagbo en Côte d’ivoire, nous demandons que les victimes soient prises en compte au cœur du débat. A la CPI, il y a au greffe des fonds conséquents pour indemniser les victimes. Nous ne sommes pas sûrs que l’Etat ivoirien ait les moyens de le faire.

Donc à la LIDHO, vous souhaitez que Mme Gbagbo soit transférée ?

Nous ne le souhaitons pas mais nous disons que pour les mêmes chefs d’accusation que M. Gbagbo qui a été transféré, nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement s’oppose. Si tel est le cas, il faut fait revenir en ce moment Laurent Gbagbo. Mais nous irons jusque là.

La CPI a également rendu publique un mandat contre Blé Goudé

Nous remarquons que dans les chefs d’accusations, ce sont les mêmes charges que ceux des autres. Donc, nous attendons de voir la réaction du gouvernement qui par la voix de son porte-parole avait évoqué une volonté de décrisper l’atmosphère socio-politique pour ne pas transférer Mme Gbagbo. Si on veut décrisper l’atmosphère socio-politique, il faut qu’on aille au bout. Charles Blé est présumé innocent. Donc il peut aller répondre de ses actes. D’ailleurs, lui-même a toujours chanté qu’il était prêt à comparaitre devant la CPI parce que ne se reprochant rien. Le gouvernement ayant décié de juger Mme Gbagbo ici en côte d’Ivoire, nous estimons cependant que ce serai deux poids deux mesures s’il était transféré.

SKO

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