Xinhua
Le processus de retour des Ivoiriens réfugiés et exilés à l’extérieur a été enclenché depuis plusieurs mois, grâce à une action conjuguée de divers acteurs.
Plusieurs milliers d’Ivoiriens avaient pris le chemin de l’exil au plus fort de la crise post-électorale aiguë qui a secoué le pays en 2010 et 2011, faisant au moins 3 000 morts selon des chiffres officiels.
Pour nombre d’observateurs, le retour de ces personnes exilées et réfugiées dans les pays limitrophes par crainte de violences et de représailles constituera un élément catalyseur de la réconciliation nationale que les ivoiriens appellent de tout leur voeu.
Pour les autorités ivoiriennes, le processus de retour des Ivoiriens installés de manière précipitée à l’extérieur est d’abord une affaire d’Etat.
OUATTARA EN AVANT-GARDE
Le président ivoirien Alassane Ouattara s’est ainsi mis en avant-garde de cette initiative en multipliant les appels à l’endroit de ses compatriotes réfugiés et exilés.
De l’avis de celui-ci, « les Ivoiriens exilés qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à craindre pour leur retour ».
« Il est mieux que nos compatriotes décident de rentrer par eux- mêmes. La Côte d’Ivoire est au travail et chaque citoyen est invité prendre part au processus de reconstruction », avait énoncé le chef de l’Etat ivoirien lors d’une visite d’amitié et de travail au Ghana.
Outre les civils en majorité proches de l’ancien président Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a également tendu la main aux exilés militaires pro-Gbagbo qui se sont retrouvés dans des pays limitrophes en raison du conflit.
« Dans le cadre de la réconciliation nationale, je réitère mon appel à tous les militaires exilés afin qu’ils rentrent au pays et rejoignent les rangs. C’est ici leur place, au sein de l’armée », avait-il déclaré lors d’un échange de voeux avec la haute hiérarchie militaire ivoirienne à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation des voeux des institutions et corps constitués au président de la République.
Ces appels ont déjà porté de premiers fruits, plusieurs civils et militaires ayant déjà regagné le pays.
ACTIONS GOUVERNEMENTALES CONJOINTES
Demeurant sur cette lancée, le chef de l’Etat ivoirien a effectué le déplacement samedi au Libéria où il a échangé sur la question avec son homologue libérienne Ellen Johnson Sirleaf.
« Le pays vous attend », a-t-il lancé à l’endroit de ses compatriotes réfugiés lors d’une rencontre à Zwedru, à une quarantaine de kilomètres de la frontière ivoirienne.
Des cadres de l’ouest ivoirien se sont réjouies de l’action gouvernementale conjointe de la Côte d’Ivoire et du Libéria, dans la perspective de booster le retour des réfugiés ivoiriens.
Ceux-ci ont salué également l’appui de l’ONU à travers la Mission des Nations-Unies pour le Libéria (MINUL) et l’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire.
« Le pays a besoin de toutes ses fils et filles pour sa reconstruction », a noté Ghislain Gnonséa, un cadre de l’ouest ivoirien, se réjouissant de ce que la Côte d’Ivoire ait signé un accord tripartite avec des pays voisins, pour faciliter le retour au bercail des réfugiés.
OFFENSIVE HUMANITAIRE
Tout comme les autorités, les organisations humanitaires se sont impliquées de manière active dans le processus de retour, aux côtés du Service d’aide et d’assistance aux réfugiés et apatrides (SAARA).
Le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR) et bien d’autres organisations ont procédé à l’identification, à l’assistance et au rapatriement volontaire des réfugiés ivoiriens dans leurs régions respectives, une « offensive humanitaire » appréciée des populations et des autorités.
La crise post-électorale de décembre 2010 à avril 2011 avait occasionné l’exil de près de 250 000 personnes.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) estime aujourd’hui à plus de 77 000 le nombre de réfugiés ivoiriens vivant encore à l’étranger, dont plus des 2/3 sont au Liberia (55 000). Les autres se répartissent entre le Ghana (8 400) , la Guinée (6 500), le Togo (5 000) et le Mali (1 300).
La réconciliation nationale se présente comme l’un des défis majeurs à relever pour une normalisation du pays.
Pour les autorités soutenues par des observateurs, la réconciliation est l’affaire de tous les Ivoiriens, qu’ils se trouvent sur le territoire ivoirien ou à l’extérieur.
Ceux de l’extérieur (réfugiés et exilés) sont ainsi exhortées de manière constante à prendre conscience de la nécessité de leur présence et de leur rôle dans la relance socio-économique du pays après la « douloureuse » parenthèse de la crise.
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