La Chronique Politique de Marc Micael
Le dernier sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA) aurait-il trahi les espoirs de ceux qui croyaient en un retrait en masse des Etats africains de la CPI (cour pénale internationale), en signe de protestation contre le caractère raciste de cette justice internationale, au détriment des africains ? Toujours est-il que l’institution africaine s’est éloignée de l’éventualité d’un retrait et s’est plutôt bornée à exiger l’ajournement des procédures de la CPI contre les dirigeants en exercice. Certains y ont vu une volte-face de l’institution africaine, affirmant qu’elle s’est finalement « dégonflée » face aux « pressions » venues, notamment de « ses bailleurs de fond européens ». D’autres sont allés plus loin, critiquant vertement l’UA, dénonçant une certaine « prime à l’impunité » accordée aux chefs d’Etats africains par l’organisation africaine. « (…) la décision prise par les Chefs d’Etat est mauvaise. Elle fait le lit de l’impunité, favorise l’enracinement de la dictature et crée le cadre propice à toutes les rebellions et autres coups d’Etat ». (Sic ! Joël N’guessan, porte-parole du RDR, parti politique d’Alassane Ouattara).
Nous serions peut-être restés de marbre si ceux qui crient aujourd’hui au scandale face à la décision de l’UA, n’étaient pas ces mêmes. Ces négateurs patentés qui sont aujourd’hui au pouvoir en Côte d’Ivoire.
La question est la suivante : le RDR (par la voix de son porte-parole Joël N’guessan) est-il habilité à dénoncer une quelconque forme d’impunité, d’où quelle vienne ? Certainement pas. Le RDR est, en effet, très mal placé pour parler de « prime à l’impunité », lui qui fait du fléau son programme de gouvernement. Illustrations:
1. L’apologie de l’impunité
C’est ahurissant ! Voir le RDR se comporter aujourd’hui en sainte nitouche ! S’il y a bien une réalité qui fait l’unanimité, tant dans l’opinion nationale qu’internationale, c’est bien celle de l’impunité manifeste dont jouissent les membres du camp Ouattara, notamment ceux qu’on appelle tristement « les Seigneurs de guerre ». Ces « Seigneurs de guerre », qui se sont rendu coupables des pires atrocités et massacres perpétrés depuis la rébellion de 2002 et aussi en 2011, lors de la crise post-électorale, n’ont jamais été inquiétés. Malgré les nombreux rapports des ONG des droits de l’Homme, les indexant clairement ; malgré le rapport de la Commission Nationale d’Enquête commanditée par Alassane Ouattara, les accusant, entre autres, de crimes de guerre, seuls les proches du camp Gbagbo sont poursuivis. Même si Alassane Ouattara ne cesse de crier à qui veut l’entendre qu’il ne tolèrera aucune impunité, l’opinion continue de soutenir qu’il est insuffisant de le dire et qu’il faille au plus vite « passer aux actes ». Mais rien n’y fait. Les coupables avérés des massacres, de vols, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité identifiés dans le camp Ouattara, mentor du RDR, continuent de se la couler douce. Mieux, plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui bombardés à des postes de hautes responsabilités dans l’administration et dans l’armée, par Alassane Ouattara. Une récente enquête du magazine « Jeune Afrique », révèle la vie de luxe inouïe dans laquelle se vautre ces « Seigneurs », dans un pays qui croule sous le poids de la misère et de la pauvreté ambiante. Y a-t-il actes plus éloquents pour décrire l’apologie de l’impunité, portée à son niveau le plus exécrable, sous Alassane Ouattara ? Certainement pas. Tout est dans ses actes ; dans son attitude : Alassane Ouattara cautionne l’impunité dans son camp. Et, il est soutenu en cela par le RDR.
En tout état de cause, de qui se moquent Joël N’guessan et le RDR ? En fait, qui veulent t-ils distraire en se comportant grossièrement comme des chimpanzés effarouchés ? Que veulent-ils cacher en réalité ?
2. Les larmes de crocodile du RDR
Joël N’guessan et le RDR, ne sont-ils pas en train de se réjouir intérieurement, au nez et à la barbe des ivoiriens, de ce que leur mentor Alassane Ouattara, tant qu’il demeure en exercice, ne répondra pas de ses crimes ? Voici aussi ce qui explique la sortie absurde de Joël N’guessan porte-parole du RDR, à peine la résolution du sommet extraordinaire de l’UA connue : «l’abandon de toute procédure de la CPI contre les dirigeants africains en exercice ». Sa précipitation à jouer une comédie de fort mauvais goût, cache mal sa joie de voir son mentor bénéficier d’une « prime à l’impunité » accordée par l’UA. Mais aussi de détourner l’attention de l’opinion sur les crimes dont Ouattara s’est rendu coupable. Une prime à l’impunité pour Alassane Ouattara, pendant que les enquêtes de la CPI, dit-on, sont en cours. Ces enquêtes, si elles ne souffrent pas de cécité dont la CPI fait preuve lorsqu’il s’agit du camp Ouattara, devront montrer qu’un jour du 17 mars 20111, Alassane Ouattara signa un décret créant les FRCI. Une bande armée, composée de tueurs sans foi ni loi, venue du nord et devenue l’armée régulière de la Côte. Ces enquêtes devront révéler à la face du monde qu’Alassane Ouattara, par cet acte, se fit co-auteur du génocide Wê (850 à 1000 Wê) perpétré par cette bande armée, quelques jours plus tard (du 27 au 29 mars 2011) à l’ouest, dans la ville de Duékoué.
Ainsi, le RDR manifeste t-il sa joie. Ainsi le RDR verse t-il ses larmes de crocodile.
Heureusement, il y a encore des témoins privilégiés de notre histoire commune, celle de la Côte d’Ivoire. Et personne, ni aucune organisation, fut-elle le RDR, ne pourra la réécrire sans être aussitôt démasqué. Joël N’guessan et le RDR gagneraient à arrêter de verser des larmes de crocodile. Ils gagneraient plutôt à aider leur mentor, Alassana Ouattara, à limiter les dégâts de son incompétence à la tête de la Côte d’Ivoire, en s’attaquant – entre autres – au fléau des dozos sanguinaires (chasseurs traditionnels venus du nord), qui ne cessent d’endeuiller les paisibles populations ivoiriennes en les prenant pour leurs gibiers.
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