Dakar
L’ex-ministre sénégalais Karim Wade, fils de l’ex-président Abdoulaye Wade, a été une nouvelle fois inculpé d’enrichissement illicite présumé et maintenu en détention préventive où il se trouve depuis six mois, a annoncé jeudi à l’AFP un de ses avocats.
Karim Wade a été entendu pendant plusieurs heures mardi à Dakar à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale sénégalaise, avant d’être à nouveau inculpé et reconduit en prison mercredi, a affirmé jeudi cet avocat, Me El Hadji Sall.
En septembre, le procureur de la CREI avait adressé à Karim Wade une mise en demeure pour lui demander de justifier dans un délai d’un mois l’origine de 98,6 milliards de FCFA (plus de 150 millions d’euros) déposés, selon l’accusation, dans des comptes d’une banque à Monaco.
M. Wade avait été inculpé une première fois et placé en détention préventive le 17 avril à Dakar après une première mise en demeure de la CREI qui l’accusait d’avoir acquis de manière illicite divers biens et sociétés d’une valeur totale estimée à 694 milliards FCFA (près de 1,06 milliard d’euros), ce qu’il nie.
L’instruction pour ce dossier devait durer au maximum six mois au terme desquels il devait bénéficier d’un non-lieu ou être renvoyé devant une juridiction pour un procès, a rappelé Me Sall, fustigeant les responsables de l’instruction de son dossier.
« Aujourd’hui (jeudi), les six mois sont arrivés à expiration » et Karim Wade aurait dû être libéré, « mais ils ont attendu le jour de la Tabaski (fête musulmane de l’Aïd el-Kébir célébrée mercredi au Sénégal) pour le placer sous mandat de dépôt », a poursuivi l’avocat.
« En réalité, ils n’ont aucune preuve de leurs accusations contre Karim. (…) Ils lui avaient adressé une première mise en demeure pour enrichissement illicite présumé, puis ils ont extrait une deuxième mise en demeure du dossier pour justifier la deuxième inculpation. Ce n’est pas une inculpation, c’est une prise d’otage, c’est comme cela que nous le percevons », a-t-il ajouté.
Puis, précisant s’exprimer en tant que responsable politique – il est un des dirigeants du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), formation de l’ex-président Wade et de son fils – il a fustigé le régime du président Macky Sall, qui a battu Abdoulaye Wade au second tour de l’élection présidentielle de mars 2012 et pris ses fonctions début avril 2012.
Le dossier Karim Wade, « ce n’est plus de la justice, c’est du banditisme judiciaire » et « une affaire politique, parce que Macky Sall a peur de Karim Wade. (…) Nous sommes désormais sur le terrain politique, où tous les coups sont permis. Ils se permettent tout, alors nous allons nous battre avec les moyens juridiques, politiques, pour arrêter cette violation » des droits de Karim Wade, a soutenu El Hadj Amadou Sall.
Selon lui, un complice présumé de Karim Wade a également été maintenu en détention. Deux autres ont été mis en liberté provisoire dans la nuit de mardi à mercredi, tandis que quatre autres avaient déjà bénéficié de la même mesure, certains pour raisons de santé.
Aucune source n’avait pu être immédiatement jointe dans le camp de l’accusation.
Dakar (© 2013 AFP) –
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