PAR BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan Jeune-Afrique
La fièvre de l’hévéa, qui poussait à multiplier les plantations, commence à s’essouffler. Le secteur – l’un des plus importants de l’économie ivoirienne, avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 200 milliards de F CFA (305 millions d’euros) – traverse une mauvaise passe, marquée par la dégringolade des cours mondiaux depuis plus de deux ans. Le hévéa infoCliquez sur l’image.prix du caoutchouc est en effet passé de 1 200 à 395 F CFA le kilo, fragilisant l’ensemble de la filière.
Faute d’un mécanisme de stabilisation de prix, les quelque 130 000 planteurs voient leur revenu (environ 50 milliards de F CFA par an à l’échelle nationale) fondre. Mais les industriels ne sont pas non plus épargnés. Au premier semestre 2013, la Société africaine de plantations d’hévéa (SAPH, filiale du groupe Sifca), leader de la production de caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire, a vu son bénéfice baisser de 24 %, à 8,65 milliards de F CFA.
Trésorerie
Mais « le problème n’est pas uniquement lié à la chute des cours mondiaux. Le gouvernement a introduit depuis 2012 de nouvelles taxes, qui pèsent sur la trésorerie des différentes entités de notre secteur », explique Wadjas Honest, président de l’Association des producteurs de caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (Aprocanci). En effet, la bonne santé que connaissait la filière hévéa depuis 2008 a incité le gouvernement à en faire une nouvelle source de revenus fiscaux. Un impôt mensuel de 2,5 % est appliqué sur le revenu des planteurs. Les industriels paient quant à eux 5 % sur l’exportation du caoutchouc granulé et 7 500 F CFA par hectare de plantation.
Des charges qui n’ont pas changé, malgré la baisse des prix mondiaux. « Nous avons introduit ces impôts à un moment où les cours étaient au plus haut. Des discussions et des réflexions sont en cours pour réaménager cette fiscalité », a indiqué à Jeune Afrique Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement. La solution préconisée par les professionnels est la suspension, voire la suppression, de certaines taxes à partir de 2014. Si rien n’est fait, explique un professionnel, « les producteurs pourraient acheminer illégalement leur production vers le Ghana ou le Liberia. Ce qui créerait un manque à gagner pour l’État ivoirien ». La nomenclature de l’annexe fiscale de 2014 est donc attendue avec impatience par les acteurs de la filière.
Ambitions
Outre la fiscalité, l’étroitesse du marché régional et la surcapacité des unités industrielles contribuent à rendre le secteur peu compétitif. La Côte d’Ivoire compte seize unités de transformation de fond de tasse (méthode de collecte du latex) dotées d’une capacité de 390 000 tonnes par an, alors que la production nationale était en 2012 de 256 000 t. En attendant, le pays, qui est le septième producteur mondial derrière les mastodontes asiatiques mais le premier à l’échelle du continent, nourrit de grandes ambitions. Son objectif est d’atteindre la barre des 600 000 t d’ici à 2020.
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