Le roi Mohammed VI a demandé en septembre au gouvernement de régulariser les immigrés clandestins. La politique d’asile du Maroc devrait accélérer avec le nouveau gouvernement.
Début septembre, le rapport du Conseil national des droits de l’homme a eu l’effet d’un puissant réveil pour le Maroc : pour la première fois, un organe officiel dénonce les mauvais traitements subis par les immigrés, la gestion inadaptée de l’immigration et énonce des recommandations pour remédier à l’ensemble de ces problèmes. En clair : le pays doit élaborer « une politique d’asile et d’immigration radicalement nouvelle ».
Bien qu’émanant d’un organe consultatif, les conclusions du rapport sont approuvées par le roi, qui, dès le lendemain de la publication, demande au gouvernement de prendre la question à bras-le-corps. La décision est prise de régulariser les sans-papiers « au même titre que les immigrés réguliers des autres nationalités, dont les immigrés subsahariens », note le Palais royal dans son communiqué, même si l’on ne connaît pas encore l’ampleur de cette décision, ses modalités et son calendrier. Autre décision d’envergure : la création le 25 septembre d’un guichet unique pour instruire les demandes de statut de réfugié, auparavant traitées par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Ce dernier en a recensé moins de 1.000, mais le Bureau des réfugiés et des apatrides devrait recevoir de nouveaux dossiers.
L’Espagne à seulement 14 kilomètres
Difficile maintenant de revenir en arrière, l’action est enclenchée. Un nouveau gouvernement, toujours dirigé par les islamistes du PJD mais incluant désormais le courant libéral, vient d’être dévoilé jeudi après plusieurs mois d’attente. Un événement de nature à accélérer la concrétisation des décisions.
Même si les migrants sont bien moins nombreux qu’il y a dix ans à tenter la traversée vers l’Espagne, distante de seulement 14 km, les organisations espagnoles de secours en mer ont récupéré 1.396 personnes entre le 1er janvier et le 16 septembre alors qu’elles tentaient d’atteindre les côtes andalouses, soit 15% de moins qu’en 2012. D’autres migrants continuent régulièrement de franchir les clôtures de défense encerclant les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, sur le littoral marocain. L’Espagne renforce sans cesse cette « frontière » et vient de décider de nouveaux travaux pour compléter l’ouvrage de défense en mer autour de Ceuta. Mi-septembre, quelque 200 migrants, en grappe humaine, avaient tenté un passage en force de nuit vers Melilla, une petite dizaine seulement parvenant à leurs fins.
Cyril Bonnel, à Casablanca (Maroc) – Le Journal du Dimanche
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