“Nous allons organiser les funérailles dignes de son rang de genie à la baleine”

baleine

Azuréti a promis d’organiser les funérailles de la baleine. Dans cette interview, le chef du village d’Azuréti, Nanan Bognan 5, explique les raisons de cette décision. Il attire, par ailleurs, l’attention de l’Etat sur le danger que représente la mer pour le village.

« La venue de la baleine signifie que nous aurons beaucoup de poissons »
« La baleine vendue à 5 millions, je n’ai pas cette information »

Le dimanche dernier, une baleine a échoué sur la plage de votre village. Comment aviez-vous été informé de la situation ?

C’est un de mes notables qui m’a appelé pour m’en informer. A mon tour, je suis passé à la police maritime pour informer les agents mais ils étaient déjà sur les lieux. J’ai trouvé sur place le sous préfet, le commandant de la police maritime.

Est-ce la première fois que ce genre de situation vous arrive ?

Quatre (04) fois à ma connaissance, depuis Azuréti jusqu’à Bassam.

Quand c’est le cas, quelles sont les dispositions que vous prenez ?

Chez nous les N’zima, la baleine est un génie de la mer. Donc, nous la voyons en tant qu’esprit et non en tant que chair. Nous ne mangeons pas la baleine. Dans le cas d’espèce, nous considérons que c’est un génie qui est venu chez nous. On le reçoit donc. Quand elle meurt, nous organisons des funérailles dignes de son rang. Si elle n’était pas morte, on l’aurait accompagnée avec des honneurs pour lui dire « Merci d’être venue nous visiter, que le eigneur t’accompagne ».

Est-ce que la mort de cette baleine peut avoir des conséquences sur le village ?

La baleine étant le génie de la mer, c’est elle qui nous apporte le poisson. Elle est un présage de bonheur. a venue ici signifie au contraire qu’on aura beaucoup de poissons. Voilà pourquoi nous allons faire un rite.

Des funérailles ?

C’est ce qu’on a prévu et c’est ce que nous allons faire. On n’a pas eu toute la baleine. J’ai demandé quelques parties pour faire symboliquement une
cérémonie en son honneur. Où se trouve le reste de la baleine ?

On l’a confié à une société.

Il semble que la baleine a été vendue à deux (05) millions de francs Cfa ?

Je n’ai pas cette information.

A quand les funérailles de la baleine ?

Nous sommes en période d’Abissa. A cette période, quand il y a des décès, on attend. On avisera après l’Abissa.

Quels sont les avantages que vous avez de vivre au bord de l’eau ?

Le seul avantage que nous avons, c’est la pêche. C’est d’avoir du poisson frais quand il y en a. Sinon plus rien. Le reste, ce sont des inconvénients parce que la poussée de la mer est une très grande menace pour nous. Chaque jour que Dieu fait, nous avons une espèce d’épée de Damoclès sur nous. On a le souci que le lendemain, on se réveille avec un raz de marée.

Avez-vous posé le problème au gouvernement ?

Oui. On a eu des entretiens avec le gouvernement. Il y a eu des études, on nous a promis l’ouverture de l’embouchure en 2015, c’est l’espoir qu’on
nous a donné.

Et si ce ’est pas fait et qu’on vous demande de quitter le village, qu’allez-vous faire pour éviter le pire ?

Ça va être une situation difficile. Ça va nous faire de la peine parce que quitter son pays ou son village, ce n’est pas facile. Où voulez-vous qu’on parte ? Nous avons nos racines ici.

Même sous la menace de la mer, allez-vous résister ?

C’est vrai que sous la menace de la mer, on ne pourra rien faire, mais on quittera le cœur meurtri.

Y a-t-il à Azureti des problèmes de sécurité ?

Non pas en tant que tels. Problèmes avec des bandits, c’est rare.

Y a-t-il une explication à cela ?

Dans le temps, on disait que quand on prenait un voleur, on le noyait à la lagune ou à la mer, donc les voleurs ont peur de venir ici. On est entre la mer et la lagune. Le village fait 700 mètres de largeur et 5 kilomètres de longueur. Nous sommes pressés par la mer et la lagune. C’est un grand problème pour nous.

Quelles sont les infrastructures qui manquent dans votre village ?

Nous n’avons pas de centre de santé, nous n’avons pas de route.

Interview réalisée par Dje KM
Photo: Patricia Ziahé

Le Nouveau Réveil

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