Côte d’Ivoire – A Bondoukou les victimes d’une exploitation minière crient leur colère

Photo par Yao Ossène
Photo par Yao Ossène


Par France24

Par Michel Kra

Ils disent être en train de mourir. Depuis ce mercredi, les habitants de 14 villages de l’est de la Côte d’Ivoire manifestent contre la surexploitation minière qu’ils accusent d’avoir détruit leurs terres agricoles et de menacer à présent les populations. Et le gouvernement reste sourd à leur appel.

Ce n’est pas la première fois que les habitants de la région de Bondoukou laissent exploser leur colère. En mai dernier, nous avions déjà rapporté la raison de leur courroux : ils dénonçaient l’absence d’indemnisation pour les ravages causés sur leurs terres par l’exploitation du manganèse, un minerai notamment utilisé pour la fabrication de l’acier.

En janvier, ils avaient bloqué les accès de la société exploitante, l’Indienne Taurian, allant même jusqu’à s’en prendre violemment à certains de ses employés. Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie n’avait pas tardé à les recevoir. Il leur avait alors promis la formation d’un comité chargé d’évaluer la destruction des terres et leur dédommagement.

Neuf mois plus tard, les villageois en ont assez d’attendre. Car la destruction de leurs terres entraîne aussi la disparition de leurs revenus. Avant que Taurian ne commence en 2008 ses travaux d’extraction, les habitants de la région de Bondoukou vivaient en effet principalement de la culture de l’anacarde, la noix de cajou. Or aujourd’hui, disent-ils, il n’existe presque plus de terres cultivables : beaucoup ont été vendues pour des sommes dérisoires ; les autres ne sont pas fertiles.

Michel Kra habite le village de Similimi, à une vingtaine de kilomètres de Bondoukou. Planteur d’anacarde comme son père, il a pris la tête des manifestants.

L’anacarde était notre seule source de revenus. Désormais, nous n’avons plus rien. Les plantations sont dévastées. On vit à crédit. Nous n’avons plus les moyens de nous soigner ou d’envoyer les enfants à l’école.

À l’entrée de Similimi, les plantations d’anacarde ont laissé place aux pelleteuses. Photo prise par Yao Ossène.

Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les terres qui sont menacées, mais carrément les populations. L’exploitation minière est aux portes du village. Elle provoque de graves nuisances sonores à cause de l’utilisation de la dynamite, mais aussi de la pollution. Les engins soulèvent beaucoup de poussière, qui rend l’air irrespirable, et les produits qui sont déversés dans la rivière où la population allait puiser l’eau la rendent impropre à la consommation.

Les manifestants bloquent les voies d’accès à la société Taurian. Photo pris par Yao Ossène.

L’argent versé par l’entreprise Taurian pour le rachat de ces terres est loin de compenser les dommages provoqués par l’exploitation minière. Surtout, nous dénonçons le fait que nous ne soyons jamais informés. Nous sommes mis en permanence devant le fait accompli, il n’y a aucun dialogue. Nous avons l’impression d’être totalement laissés pour compte.

Contacté par FRANCE 24, le ministère des Mines n’a pas encore réagi.

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook