Aïchatou Mindaoudou “L’impunité a souvent été la règle et la responsabilité des violations commises, l’exception”

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Le Ministre de la Défense rend une visite de courtoisie à la Représentante spéciale

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire, Madame Aïchatou Mindaoudou a reçu, le vendredi 27 septembre 2013, le Ministre auprès du Président de la République, chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi.

Devant la presse, le Ministre Koffi Koffi, situant le cadre de cette rencontre a dit être venu rendre une visite de courtoisie à la Chef de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et échanger avec elle. « L’ONUCI dans ces deux activités essentielles à une partie militaire et au niveau du département de la Défense nous avons besoin de prendre des conseils de la Représentante spéciale d’autant plus que la nouvelle Résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies envisage un réajustement des effectifs et du système de soutien à nos hommes sur le terrain », a-t-il indiqué.

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Discours de la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire, Madame Aïchatou Mindaoudou à la cérémonie d’ouverture du séminaire régional sur le thème : « Les forces de sécurité intérieure, acteurs majeurs de gouvernance démocratique des systèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest »

25 Septembre 2013 Abidjan, Côte d’Ivoire
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Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

C’est avec un grand plaisir que je me retrouve avec vous ce matin à l’occasion de l’ouverture de cet important séminaire régional sur le thème « les forces de sécurité intérieure, acteurs majeurs de gouvernance démocratique des systèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest ».

Je voudrais de prime abord, remercier les organisateurs de ce séminaire pour l’invitation que a été adressée à l’ONUCI et à toute la famille des Nations Unies que je représente ici.

Permettez-moi de m’acquitter d’un agréable devoir et de féliciter notre hôte le Ministère d’Etat, Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité de Côte d’Ivoire ainsi que le Ministère de l’Intérieur Français, et particulièrement la Direction de la Coopération Internationale, de nous offrir, en collaboration avec l’Organisation Internationale de la Francophonie, cette plateforme de haut niveau autour d’une question aussi cruciale que celle de la sécurité et la stabilité de la sous-région : une zone qui, comme vous le savez, est secouée depuis quelques décennies par des crises à répétition qui menacent la stabilité et le développement de notre espace commun.

La participation de l’ONUCI a cet important forum s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de son mandat, tel que défini par la Résolution 2112 (2013), mandat qui est entre autres, de soutenir le processus de réforme du Secteur de sécurité et plus spécifiquement d’accompagner le renforcement du rôle que les forces de sécurité peuvent jouer dans le maintien de l’ordre et de la sécurité ainsi qu’en matière de la protection des civils, conformément aux standards internationaux de gouvernance démocratique.

Mesdames, Messieurs,

L’Organisation des Nations Unies définit la sécurité comme le fait « d’être à l’abri de la peur » mais également comme la nécessité «d’être à l’abri du besoin ». Elle considère que les Etats doivent pouvoir disposer de forces de sécurité intérieure qui soient professionnelles, efficaces et mues par le devoir de servir leur peuple, tout en étant redevables de leurs actes grâce à une discipline et une justice fortes. C’est la raison pour laquelle il est primordial, le cas échéant, que les ajustements et corrections nécessaires soient apportés aux institutions du secteur de la sécurité afin de permettre aux Etats d’assumer pleinement leur fonction régalienne de sécurité et d’instaurer le respect de l’Etat de droit. C’est l’essence même de la Réforme du Secteur de la Sécurité. Cependant, Chaque pays doit concevoir et s’approprier une réforme du secteur de la sécurité, qui doit répondre à ses besoins propres et à son contexte particulier.

Il convient cependant de souligner en premier lieu, que la RSS est un processus qui s’inscrit sur le long terme et qui vise à garantir effectivement la durabilité des réformes accomplies.

En second lieu, il est essentiel que tout processus de RSS ait un caractère national tant au niveau de son élaboration que de sa mise en œuvre. La question de l’appropriation nationale demeure donc une question capitale. En effet, un processus de réforme ne doit pas être imposé de l’extérieur ; Il doit tenir compte des spécificités nationales et locales. Il s’agit là d’une condition essentielle qui, si elle est remplie, permettrait de mieux répondre aux besoins et attentes des Etats et des populations concernés mais aussi d’assurer la pérennité des réformes engagées. Cette appropriation nationale doit donc se faire à travers l’implication de l’ensemble de la population qui est la première partie prenante sur les questions de sécurité.
C’est à ce titre que la démocratisation des secteurs de sécurité et de justice est déterminante et que les Nations Unies et que ces dernières y attachent une importance particulière. Il s’agit de s’assurer que les acteurs en charge de la sécurité agissent conformément à la loi, qu’ils respectent les droits de l’homme et qu’ils n’excèdent pas les pouvoirs et les prérogatives qui leur sont attribués dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir des mécanismes fiables de contrôle démocratique du secteur de la sécurité tant au niveau des institutions de l’Etat, comme le Parlement, qu’au niveau des acteurs non-étatiques telles que les organisations de la société civile.

Les Nations Unies, tout comme les autres partenaires internationaux, peuvent apporter un soutien technique et ou financier, au processus de RSS. Ils ne peuvent cependant pas, à cause justement de cet impératif la d’appropriation nationale, avoir pour vocation de remplacer les institutions nationales. Le soutien de la communauté internationale y compris celui des Nations Unies repose sur le principe de subsidiarité et le respect de la souveraineté. Une telle approche exige une volonté et un leadership politique affirmés, capables d’insuffler à la dynamique de réforme, le rythme et la cadence nécessaires pour forcer le respect de tous les partenaires, pour renforcer la confiance et pour faciliter la mobilisation et la mise à disposition de ressources adéquates. C’est seulement à cette condition que la RSS pourra être mise en œuvre dans des conditions optimales et pourra faire l’objet d’un un suivi efficace par les autorités nationales.

Mesdames, Messieurs,

Si la gouvernance démocratique du secteur de la sécurité relève essentiellement de la responsabilité de l’Etat, la société civile a elle aussi, un rôle déterminant à jouer. Ce rôle consiste à mettre à profit sa proximité avec la population et son indépendance présumée pour assurer une sorte de veille citoyenne et prévenir ou relever tout abus commis par les responsables de la sécurité. La société civile peut, a plusieurs égards, servir également de courroie de transmission entre les institutions de sécurité ou de justice et la population.

Mesdames, Messieurs,

Aujourd’hui, comme vous le savez, l’ONU est présente dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest à travers des missions politiques tels que l’UNOWA au Sénégal, et l’UNIPSIL en Sierra Leone, mais également à travers des opérations de maintien de la paix comme la MINUL au Liberia, l’UNIOGBIS en Guinée Bissau, l’ONUCI en Côte d’Ivoire et plus récemment la MINUSMA au Mali. Dans tous les pays couverts par ces missions et représentations onusiennes, la question de la réforme du secteur de la sécurité revient comme une priorité pour la stabilité et la consolidation de la paix.

Plus spécifiquement en Côte d’Ivoire L’ONUCI, dont le mandat, comme je l’ai indiqué, accorde une place de choix a la RSS, l’ONUCI, disais-je, s’attache non seulement à accompagner le gouvernement Ivoirien dans la mise en place des réformes sectorielles des institutions concernées, mais aussi à soutenir et à encourager les mesures permettant de renforcer la confiance et d’assurer la protection des civils ainsi que le respect des droits de l’homme. Il s’agit, à ce titre, de renforcer les capacités des forces de sécurité intérieures, ainsi que celles des autres institutions chargées de garantir le respect des libertés individuelles et de l’Etat de droit. Plusieurs composantes de la Mission et de l’équipe-pays des Nations Unies s’attèlent à cette tâche.

Il me plait d’indiquer par conséquent que nous avons l’ambition de poursuivre notre assistance conjuguée et harmonisée, forts de notre conviction que la gouvernance démocratique contribue directement et de manière significative, à l’installation d’un climat propice à la cohésion sociale, au dialogue politique, à la réconciliation nationale et au développement durable.

Mesdames, Messieurs,

Le fait même que l’ensemble des pays membres de l’Union du Fleuve Mano soit engagé, dans des processus de réforme de leurs systèmes de sécurité à la suite de crises profondes, témoigne de la régionalisation des questions de sécurité. Il est important que les conflits et les problèmes de sécurité internes soient résolus en tenant compte des dimensions transfrontalières qui peuvent en résulter. Que ce soit dans la lutte contre la criminalité organisée, tels que les trafics de personnes et de drogue, ou dans le cadre des défis et menaces nécessitant une collaboration entre pays voisins, je veux parler de la lutte contre la piraterie, la prolifération des armes légères, la menace terroriste, la question des réfugiés et de leur rapatriement, ou encore pour les besoins de l’intégration socioéconomique, la coopération régionale devient indispensable.

Aux menaces communes, il faut apporter des réponses communes. Et aucun pays de la sous-région ne saurait y faire face seul.

Il est donc important de tenir compte, dans le cadre des réformes du secteur de la sécurité et de la justice, de cette dimension régionale, et d’encourager les relations de bon voisinage entre les différents pays de la sous-région tout en faisant meilleur usage des organes régionaux telle que la CEDEAO pour assurer des réponses concertées et coordonnées aux préoccupations sécuritaires transfrontalières.

Les questions de sécurité et de justice, sont, Mesdames, Messieurs, primordiales pour pouvoir garantir la sécurité humaine des populations. Mais il convient aussi de s’assurer que ces fonctions étatiques sont soumises à un contrôle démocratique pour éviter les abus et dérives potentiels inhérents à tout processus sans surveillance propre. En Afrique de l’Ouest, comme ailleurs sur le Continent, des forces de sécurité se sont parfois retournées contre ceux-là même qu’elles étaient censées protéger, entrainant une grande méfiance voire un rejet des populations envers elles, avec comme corollaire la naissance d’organisations ad hoc de sécurité et la remise en cause de l’Etat de droit.

A cet égard, l’impunité a souvent été la règle et la responsabilité des violations commises, l’exception. Les processus de réformes du secteur de la sécurité doivent justement servir à briser ce cercle vicieux. Ce n’est que par la mise en place d’institutions et de forces de sécurité efficaces, responsables et respectueuses des droits de l’homme, appuyées par une justice équitable, et obéissant aux principes de l’État de droit, que le bienêtre des populations pourra être assuré de ce point de vue.
Je voudrai conclure en disant que je reste confiante que les pays de notre sous-région ont la capacité de relever le défi de la sécurité s’ils restent à l’écoute de leurs populations et s’ils s’inscrivent dans la dynamique globale du triptyque .

PAIX – SECURITE et DEVELOPPEMENT. Le présent séminaire peut grandement y contribuer.

Je vous remercie pour votre aimable attention et vous souhaite un fructueux séminaire !

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