Les forces kényanes lancent l’assaut final contre les chabab

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Reuters photo

 

Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters

Les opérations pour déloger les hommes armés, qui ont attaqué un centre commercial de Nairobi samedi 21 septembre, sont entrées dans une phase dimanche soir. Après avoir lancé un assaut « majeur » contre les preneurs d’otages, l’armée kényane a affirmé que la plupart des personnes prises en otage avaient été secourues. L’armée a également précisé avoir repris le contrôle de la plus grande partie du bâtiment.

« Tous les efforts sont en cours pour apporter une conclusion rapide à cette affaire », a-t-elle ajouté sur son compte Twitter.

L’assaut a été lancé à la tombée de la nuit avec l’arrivée de deux hélicoptères au-dessus du centre commercial. Une explosion a été entendue, bien plus bruyante que les grenades et échanges de tirs du week-end. Sur Twitter, les chabab ont réagi avec colère, indiquant que la présence des hélicoptères mettait en danger la vie des otages.

Un hélicoptère kényan survole le centre commercial de Nairobi.
Tout au long de la journée, des tirs nourris étaient entendus dans le centre commercial, assiégé par les forces de l’ordre, et au moins deux soldats kényans ont été blessés. Le président kényan, Uhuru Kenyatta, a assuré que ses forces de sécurité avaient de bonnes chances de « neutraliser avec succès les terroristes », qui seraient désormais regroupés dans un seul endroit du bâtiment.

L’attaque, renvendiquée par un groupe islamiste somalien, a fait au moins 68 morts – dont deux Françaises – et 175 blessés, selon un nouveau bilan donné par la Croix-Rouge kényane. Les assaillants qui sont toujours retranchés dans les locaux vingt-quatre heures après le début de l’attaque seraient entre dix et quinze.

Lire : « Deux Françaises tuées dans l’attaque de Nairobi »

Le gouvernement kényan a indiqué qu’un nombre inconnu d’otages étaient toujours détenus par les assaillants. « Ils se trouvent en plusieurs endroits. Les niveaux supérieurs [du centre commercial] ont été sécurisés. Aucune communication n’a pu être établie [avec les islamistes] », a déclaré le Centre national des opérations de catastrophes dans un message posté sur Twitter.

L’un d’eux serait sorti du bâtiment, annonce le Centre opérationnel kényan qui communique sur l’attaque. « Des opérations de secours sont en cours », ajoute-t-il sur son compte Twitter.

« Le travail continue mais vous ne pouvez pas précipiter les choses », a indiqué un officier de l’armée, posté près du périmètre de sécurité entourant le centre commercial. Selon la Croix-Rouge, quarante-neuf personnes sont portées disparues, ce qui donne un ordre d’idée du nombre d’otages encore retenus.

DES CAPITAUX ISRAÉLIENS

Une dizaine d’assaillants masqués ont fait irruption samedi à la mi-journée dans le centre commercial Westgate Mall, bondé à cette heure, semant la mort et le chaos parmi les familles en train de faire leurs courses et les badauds attablés aux terrasses des cafés. Ils ont ouvert le feu à l’arme automatique et à la grenade sur la foule cosmopolite – Africains, Indiens et Occidentaux – des clients et les employés du centre, l’un des lieux de promenade préféré des classes aisées de Nairobi.

Dimanche, des forces spéciales israéliennes sont venus prêter main forte aux agents de sécurité kényans pour secourir les otages et les blessés. Le centre commercial a en effet été en partie construit avec des capitaux israéliens. En novembre 2002, un attentat anti-israélien avait été perpétré dans la ville côtière de Mombasa, visant un hôtel fréquenté par de nombreux touristes israéliens. Presque simultanément, un avion israélien avec 261 passagers avait échappé de peu aux tirs de deux missiles à son décollage. A propos de l’intervention des forces spéciales, un responsable israélien a laissé entendre qu’il pourrait ne pas s’agir d’une intervention armée à proprement parler, mais plutôt d’un appui logistique.

« JUSTICE PUNITIVE »

Les chabab somaliens, liés à Al-Qaida, ont revendiqué l’attaque en fin de journée. « Les moujahidine ont pénétré aujourd’hui vers midi dans Westgate. Ils ont tué plus de 100 infidèles kényans et la bataille se poursuit », ont affirmé les islamistes sur leur compte Twitter. Une revendication ensuite confirmée dans un communiqué.

The Mujahideen entered #Westgate Mall today at around noon and are still inside the mall, fighting the #Kenyan Kuffar inside their own turf

— HSM Press Office (@HSM_Press)
Ils ont justifié l’attentat comme étant des représailles à l’intervention de l’armée kényane depuis deux ans dans le sud de la Somalie contre eux, rappelant avoir « prévenu le Kenya à de nombreuses reprises ». « Ce que les Kényans voient à Westgate, c’est de la justice punitive pour les crimes commis par leurs soldats [en Somalie] contre les musulmans », ont-ils écrit. « Le message que nous envoyons au gouvernement et à la population kényane est et sera toujours le même : ‘Retirez toutes vos forces de notre pays' », ajoutent les chabab.

L’armée kényane était entrée en Somalie en 2011 et reste depuis dans le sud du pays, dans le cadre d’une force africaine soutenant le gouvernement somalien qui a infligé de nombreuses défaites aux islamistes. Le chef de l’Etat kényan, Uhuru Kenyatta, a promis que les « terroristes » qui cherchent à diviser les Kényans seraient vaincus.

Lire aussi l’éclairage : « Le Kenya entre dans la guerre en Somalie »

SIX HEURES CACHÉE DANS UN MAGASIN

Des clients et employés du centre commercial, traumatisés, ont émergé par petits groupes dans la soirée. Les forces de sécurité, policiers et forces spéciales de l’armée, ont progressé magasin après magasin pour évacuer les personnes prises au piège.


Un commando masqué et armé a attaqué samedi 21 septembre un centre commercial de luxe à Nairobi, tuant au moins 20 personnes et faisant de nombreux otages. Les clients et employés présents à l’intérieur du centre commercial, survolé par des hélicoptères de la police et de l’armée, sont évacués. Toujours bondé le week-end, l’endroit est régulièrement cité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaida, tels les insurgés islamistes somaliens shebab. Ils ont ouvert le feu à l’arme automatique et à la grenade sur la foule des riches clients kényans et expatriés. Une journaliste de l’AFP-TV a vu trois cadavres allongés à l’extérieur du centre et deux à l’intérieur. Des blessés en sang, des parents tenant leurs enfants dans les bras, apeurés et choqués, étaient évacués dans la précipitation. Une vingtaine de personnes légèrement blessées, apparemment par des éclats, ont été évacuées sur des brancards ou dans des chariots de supermarché. L’armée kényane a été mobilisée pour aider les forces de l’ordre à reprendre le contrôle des lieux et traquer les hommes armés magasin par magasin. Des unités d’élite de l’armée kényane ont été déployées en renfort des nombreux policiers déjà sur place pour évacuer les clients et employés piégés à l’intérieur du centre commercial. Un commando masqué et armé a attaqué samedi un centre commercial de luxe à Nairobi, tuant au moins 20 personnes. L’opération se poursuivait toujours en fin de journée. Un témoin faisait ses courses lorsque l’attaque a commencé. « Soudain j’ai entendu des coups de feu et tout le monde s’est mis à courir. Je me suis allongé au sol. J’ai vu deux personnes tomber et saigner, je pense qu’elles ont été touchées par des balles », a-t-il dit.
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Un commando masqué et armé a attaqué samedi 21 septembre un centre commercial de luxe à Nairobi, tuant au moins 20 personnes. L’opération se poursuivait toujours en fin de journée.

Crédits : AFP/SIMON MAINA

Une femme a indiqué y avoir passé six heures à se cacher avant d’être secourue. « J’étais dans un café lorsque j’ai entendu des coups de feu et des explosions. Ensuite j’ai couru pour me cacher dans un magasin. J’ai passé six heures là-dedans », a raconté la femme.

Annette, une autre survivante en sanglots, raconte avoir « vu trois des attaquants vêtus de noir, les visages masqués, et ils avaient de gros fusils ». Kenneth Kerich faisait ses courses tranquillement lorsque l’attaque a commencé. « Soudain j’ai entendu des coups de feu et tout le monde s’est mis à courir. Je me suis allongé au sol. J’ai vu deux personnes tomber et saigner, je pense qu’elles ont été touchées par des balles », a-t-il dit. « Au départ nous pensions que c’était la police qui affrontait des voleurs. Mais nous n’avons pas pu nous enfuir avant que les policiers n’entrent, tirent en l’air et nous disent de sortir », d’après M. Kerich.

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