Présidentielle 2015: Ouattara ne sera pas le candidat du PDCI affirme Edjampan

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Par Serge Alain Koffi Source: alerte-info.net

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) “aura son candidat’’ à l’élection présidentielles de 2015 autre que l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara qui en n’est pas membre, a affirmé dimanche l’un des vice-présidents de l’ex-parti unique, Edjampan Thiémélé, qui dit néanmoins croire “fortement’’ à la coalition du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) au pouvoir, dans une interview à ALERTE INFO.

Vous êtes l’un des vices président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui s’apprête à organiser son 12e congrès ordinaire. Un congrès qui suscite déjà beaucoup de débats et de tensions. N’y a-t-il pas de risques que votre parti sorte fragilisé de ce congrès ?

Au vu de ce qui s’est passé dans les pré-congrès, je peux affirmer que nous allons vers une cohésion encore plus forte, une solidarité affirmée et un rassemblement autour du président Bédié, président du PDCI-RDA. J’invite tous ceux qui veulent apporter quelque chose au PDCI même en se proclamant candidat peuvent rentrer dans ce rassemblement et aider le PDCI à sortir fort.

La virulence et la passion avec lesquelles les débats sont menés font pourtant craindre une division au sein du parti

Je ne vois pas la virulence. En fait, il y a quelques uns qui s’agitent à l’extérieur du parti. A l’intérieur du parti, nous avons un mode de fonctionnement plus démocratique que beaucoup ne le pensent, qui permet de calmer le jeu, de s’expliquer et de se retrouver comme de vrais militants. On n’a l’impression que des gens oublient qu’être dans un parti, c’est d’abord être militant. Travailler en respectant les règles de ce parti.

Comment appréciez-vous la candidature à la présidence du parti du chef des jeunes, le député Bertin Kouadio Konan dit KKB ?

Il est libre d’être candidat. Je pense que c’est un militant. Il veut être candidat à la présidence du parti. Il peut l’être. Mais à sa place, j’aurais pris un peu plus de temps pour le faire. Aussi, je ne pense pas que pour être candidat à la présidence du PDCI, qu’il faille se comporter comme si l’on était candidat à la présidence de la république de Côte d’ivoire. Et aller proclamer depuis Paris, Rome qu’on est candidat contre son président de parti. C’est une conception que je ne comprends pas.

Et celle de Djédjé Mady ?

Dans les affaires politiques, les ambitions s’expriment dans un environnement donné avec des moyens. Et l’ambition s’exprime avec des valeurs qu’on véhicule soi-même. Si tout cela n’est pas réuni, une candidature de cette nature apparait à mon avis incongrue. Un secrétaire général de parti qui sort battu aux élections présidentielles (il était directeur de campagne de Bédié). Aux élections législatives, il était lui-même candidat et nous avons perdu. Et subitement, il se découvre une responsabilité particulière pour redresser le parti en combattant son président de parti. Tout cela m’apparait un peu surprenant. J’aurais été à sa place, j’aurais souhaité peut-être faire un bilan avec l’ensemble du parti, en tirer les leçons y compris pour moi-même avant de lancer cette bataille qui est perdue d’avance.

Djédjé Mady et KKB reprochent au président Bédié de ne pas vouloir respecter les textes du parti en briguant un autre mandat. Selon vous, le président Bédié peut-il être candidat au regard des statuts du parti ?

Pour répondre à votre question, vous allez me permettre d’aller par étapes. Premièrement, tous ceux qui s’agitent, ont commencé par contester la mise en place d’une structure d’organisation du congrès par le Président du parti. Ils sont même allés jusqu’à dire que la seule personne habilitée à le faire c’est monsieur le secrétaire général d’après les statuts. Nous avons regardé, ce n’était pas vrai. Nous avons évacué ces enfantillages. Aujourd’hui, on se prévaut du fait que M. Bédié, à 79 ans, ne peut pas se présenter parce que les statuts du parti fixe à 75 ans l’âge limite. Ces statuts ont été faits par qui ? Par le congrès du PDCI et le 11e congrès que moi j’ai eu la charge de préparer à décider que nous instaurions ce plafond parce que politiquement l’ambiance était délétère après le décès du président Félix Houphouet-Boigny. Tout le monde craignait que Bédié ne devienne président à vie. Nous sommes des hommes politiques, nous apprécions les réalités et nous avons introduit cette modification pour plafonner la présidence du PDCI en conformité avec la constitution de la Côte d’Ivoire. Mais les choses ont changé après la crise que nous venons de vivre, la constitution elle-même a été mise entre parenthèses. Et deuxième élément important, le président Bédié dit : je ne suis plus candidat à la présidence de la république. J’ai livré mon dernier combat mais je continue mon combat politique. Mais qu’est ce que nous devons faire d’autre si ce n’est modifié les statuts pour lui permettre de continuer ce combat politique au sein de notre parti ? C’est tout simple. La seule chose que je peux ajouter à l’endroit de mon secrétaire général le Professeur Alphonse Djédjé Mady que je respecte beaucoup c’est de tenir compte de cette réalité. La politique, c’est la saine appréciation des réalités. La réalité, c’est que les militants du PDCI dans leur entièreté souhaitent que le président Bédié continue. Qu’il se range avec nous et ensemble, nous allons faire le combat.

Vous avez dit que la constitution a été mise entre parenthèses…

Par Marcoussis sur les dispositions relatives à la limite d’âge. Marcoussis a abolit la limite d’âge en disant que pour les élections présidentielles de 2010, on ne tenait pas compte de l’âge. Cela ne veut pas dire que ça va continuer. Pour le moment, comme on n’est pas revenu dessus, c’est suspendu.

Vos adversaires vous rétorquent aussi que les accords de Marcoussis ne sont plus d’actualité dans le contexte actuel ?

Mais c’est leur interprétation. Nous ne sommes pas obligé d’interpréter comme eux. Par contre, ce que nous savons faire au sein du PDCI, c’est de tirer la conclusion de tout ce cheminement pour dire que cette fois nous voulons garder notre président parce que c’est avec lui que le PDCI va retrouver ses forces. Et donc nous différons les statuts dans ce sens. Le pouvoir souverain appartient au congrès du PDCI-RDA qui prendra la décision d’abolir le plafond pour que Bédié soit candidat.

Le camp adverse soutient pourtant qu’en modifiant les statuts au congrès, les nouveaux textes ne pourraient pas s’appliquer dans l’immédiat.

Une loi peut être adopté et avoir un effet rétroactif si des dispositions sont prises dans la loi elle-même. On appelle cela dispositions finales ou transitoires. Nous disons telle loi vient d’être prise mais pour telle raison cette loi s’applique 6 mois avant. Cela se fait mais nous n’avons même pas besoin de cela puisque nous serons à un congrès qui va décider que les textes s’appliquent immédiatement. C’est ce que nous avons fait au 11e congrès. Disons nous la vérité, le PDCI est un parti trop ancien ayant des cadres expérimentés pour se livrer à ces jeux enfantins de “je ne suis pas d’accord, je suis d’accord’’.

Votre parti le PDCI présentera t-il un candidat lors de la présidentielle de 2015 ?

Seuls ceux qui ne sont pas au PDCI ne savent pas que nous allons avoir un candidat. Le PDCI aura son candidat.

Est-il possible que ce candidat soit le président Alassane Ouattara ?

M. Ouattara n’est pas au PDCI-RDA.

Et pourtant, nombreux sont les militants de votre parti qui soupçonnent M. Bédié de manœuvrer pour étouffer toute candidature au PDCI afin de permettre à M. Ouattara de se succéder à lui-même sans coup férir.

Vous croyez que l’appel nous avons lancé au président Bédié, qu’il a accepté et qui consiste à continuer son combat à la tête de notre parti peut l’autoriser à dire demain que le PDCI n’aura pas de candidat. Son combat aura quel sens ? Je suis certain que ceux qui disent cela cherchent des arguments comme hier ils ont cherché des arguments pour dire que c’est le secrétaire général seul qui doit organiser le congrès.

Le président Bédié n’apporte t-il de l’eau au moulin des militants qui le soupçonnent lorsque parlant d’un éventuel soutien de son parti à M. Ouattara, il a affirmé qu’on ne change pas une équipe qui gagne ?

Mais il a raison de le dire. Qui a gagné les élections présidentielles ? C’est le RHDP à l’issue d’un cheminement que tout le monde connait. Chacun va à son congrès et choisi son candidat. Quand le premier tour aura permit de positionner les uns et les autres. Tous les autres partis de l’alliance soutiennent le candidat le mieux placé. C’est le cheminement qui avait été fait en 2010 et c’est ça l’équipe qui gagne. C’est-à-dire c’est le RHDP qui va gagner. Le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) ira bientôt à un congrès, nous-mêmes nous allons à un congrès. Le Mouvement des forces d’avenir (MFA, membre de la coalition RHDP) ira à un congrès, tout comme l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI, membre de la coalition RHDP). Pourquoi voulez-vous que nous disions aujourd’hui que nous ne sommes pas un parti indépendant ? Nous n’allons pas évoluer dans ce sens. Si nous arrivons à évoluer vers un parti unifié alors la situation se présente autrement. Ce n’est pas encore le cas. Nous aurons notre convention après le congrès pour désigner notre candidat.

Après les violences qui ont émaillé les dernières élections locales, croyez-vous encore en l’avenir du RHDP ?

J’y crois fortement, c’est pourquoi je dis les choses doivent fonctionner normalement. C’est-à-dire chaque parti développe son action et respecte les autres. Il y a des choses que nous ne comprenons pas. Nous allons en discuter avec nos amis du RDR pour arriver à des solutions. Le RHDP a été un choix politique stratégique important.

Il y a quelques mois, le Front populaire ivoirien (FPI) a lançait un appel au rassemblement au PDCI. Comment appréciez-vous cet appel et comment l’interprétez-vous ?

Un parti politique est fait pour aller à des élections, avoir des élus, être représentatif. Quand on n’est pas capable de cela, on ne peut demander à des gens de venir s’associer à vous. Le jour le FPI posera des actes pour aller à un vrai débat, un vrai dialogue républicain, vous verrez que les choses vont bouger dans tous les sens à son avantage.

SKO

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