Statut de l’opposition: Le FPI acceptera-t-il enfin d’entrer dans le jeu politique ?

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Avec l’adoption de la loi portant financement des partis politiques, avec la reconnaissance officielle d’un statut à l’opposition ivoirienne (libre à elle de se trouver un chef de file), ADO vient de prendre à témoin le peuple ivoirien. Il vient de poser un grand acte démocratique, et surtout républicain, en lançant à des adversaires politiques cette formule qui pourrait bien résumer sa démarche actuelle : « organisez-vous pour me combattre ». Il s’agit là d’une démarche politique originale qui mérite d’être louée à sa juste valeur. Soulignons que, dans nombre d’Etats africains, les pouvoirs en place refusent de reconnaître l’opposition bien que celle-ci se batte pour une telle reconnaissance. En Côte d’Ivoire, plusieurs partis politiques revendiquant leur statut de partis d’opposition ont adhéré à cette initiative politique novatrice d’ADO. Bien sûr, il ne faut pas ignorer ici, les arrière-pensées politiques d’ADO.

Le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo continue de camper sur ses dogmes post-électoraux

Tout en étant un grand homme d’Etat enclin au compromis, ADO est et reste aussi un véritable politicien. Qu’enseignait au juste Machiavel à son « Prince » ? Il lui enseignait ce qu’il faut que ce dernier fasse pour établir et conserver son pouvoir, en évitant les discordes internes. ADO serait-il donc machiavélique ? Entendons par là que le machiavélisme est synonyme de ruse, de mensonge, de dissimulation et d’hypocrisie. Pourtant, avec ADO, on a affaire à un homme d’Etat franc, droit, « honnête », ouvert. Mais c’est aussi un homme qui a compris que le jeu politique se joue avec des adversaires, et il faut regarder les choses en face. Malheureusement, face à l’initiative d’ADO, on relève l’absence du FPI, un parti pilier de l’échiquier politique ivoirien. Rappelons que, jusque-là, toutes les tentatives du régime ADO pour faire revenir le FPI dans le jeu politique ivoirien sont restées vaines du fait de l’intransigeance absolue de celui-ci.

Le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo continue de camper sur ses dogmes post-électoraux, rejetant toute idée de revenir dans la maison républicaine ivoirienne. Et, il semble inutile de faire comprendre aux principales figures de ce parti que cette stratégie jusqu’au-boutiste est une pure et simple illusion politique. Mieux, qu’elle contribue, paradoxalement, à renforcer le régime ADO. Evidemment, le principal et le plus urgent des problèmes en Côte d’Ivoire, est de trouver un véritable ordre politique fondé sur la justice et la réconciliation. Là où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de véritable « res publica ». Or, le FPI exige une réconciliation, sans que justice soit rendue aux victimes de la crise post-électorale. Mais le FPI semble de plus en plus conscient des effets dangereux de son isolement politique. C’est sur ce point précis qu’il faut comprendre les multiples rencontres entre le président du parti, nouvellement libéré de prison, Affi N’Guessan, avec les représentants de grandes chancelleries occidentales à Abidjan. Cependant, le fait politique majeur reste sa rencontre avec le Premier ministre ivoirien, Kablan Duncan. Que se sont-ils dit ? On ne le saura jamais avec certitude. Mais il paraît sûr et certain que, dans les mois à venir, le FPI fera « tonner » le ciel politique ivoirien en annonçant sa reconversion stratégique, c’est-à-dire en revenant, de manière éclatante dans le jeu démocratique et républicain.

Pour un parti politique qui prétend, de nouveau, reconquérir le pouvoir suprême en 2015, certaines erreurs sont politiquement impardonnables

Ce parti conserve une influence décisive sur la vie politique ivoirienne. Son retour dans le jeu démocratique serait, pour la Côte d’Ivoire, un fait de la plus haute importance politique. De même, les ténors du FPI sont conscients qu’en 2015, s’il veut être au rendez-vous présidentiel, le parti devra disposer de grosses ressources financières. Actuellement, les caisses du parti sont vides. Et, on ne gagne pas une élection, de surcroît, une présidentielle, avec des slogans et du dogmatisme politique. A l’heure actuelle, il paraît encore prématuré de cerner toutes les conséquences politiques de la main tendue d’ADO envers les partis d’opposition ivoiriens. Et l’on sait aussi qu’avec la vie politique ivoirienne, on vit toujours sur une terre volcanique. Cela dit, le FPI a beau s’opposer au régime ADO, il doit admettre que le président en exercice de la Côte d’Ivoire n’est pas un ennemi politique total. Seule la haine est totale, et le but de toute politique digne de ce nom est de lui ôter son pouvoir d’éternité. Pour un parti politique qui prétend, de nouveau, reconquérir le pouvoir suprême en 2015, certaines erreurs sont politiquement impardonnables. Toutes choses qui amènent à se demander si le FPI acceptera enfin d’entrer dans le jeu politique ivoirien.

En tout état de cause, il n’y a pas plus grand danger pour un politicien ou un politique que de négliger les exemples de l’histoire.

Car tout homme politique confronté à un problème purement concret trouve toujours dans l’histoire des cas analogues et, grâce à ces analogies, il devient capable d’agir dans la bonne voie. Ce qui lui permet d’anticiper l’avenir, même s’il ne peut tout prévoir. Cet enseignement philosophique et politique essentiel, qu’on retrouve dans les écrits majeurs d’Ernest Cassirer, semble avoir inspiré le régime du président Alassane Ouattara dans sa volonté de clarifier le jeu politique ivoirien.

© Source : Le Pays

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