AFP –
La capitale malienne, Bamako, était jeudi la proie de spectaculaires inondations dues à des pluies torrentielles tombées la veille, qui ont fait plus de 20 morts et laissé sans abri des milliers de personnes.
Selon Alassane Bocoum, directeur national du Développement social au ministère de l’Action humanitaire, 23 corps identifiés ont été transportés dans deux établissements de santé de Bamako, ville de plus de 2,5 millions d’habitants, à la suite de ces inondations.
Il a ajouté que les autorités ont aussi enregistré des « milliers de sinistrés et une centaine de maisons » détruites par les eaux de pluies, d’une quantité inhabituelle pour la saison des pluies.
Les services météorologiques du Mali ont annoncé avoir relevé 85 mm d’eau mercredi à leur station de référence de Sotuba, à Bamako. Selon un spécialiste interrogé jeudi par l’AFP, la moyenne maximale tourne autour de 50 mm pour la saison des pluies.
D’après M. Bocoum, des précipitations importantes ont été enregistrées dans des localités de l’intérieur du Mali mais sans causer de dégâts importants.
« Il a beaucoup plu à Tessalit (extrême nord-est), mais rien de grave » n’y a été enregistré et « en dehors de Bamako, aucune inondation majeure n’a été signalée », a-t-il expliqué.
Les zones touchées sont généralement situées dans de vieux quartiers marécageux où les habitations sont pour la plupart en banco (terre séchée) ou dans des lits de cours d’eau. Parmi elles, les quartiers de Banconi (est), Lafiabougou et Taliko (ouest).
Construite dans une cuvette entourée de collines, la ville de Bamako est située sur les rives du fleuve Niger et comprend de nombreuses zones marécageuses occupées à la faveur de l’urbanisation.
« Parer à l’urgence »
La télévision publique malienne ORTM a diffusé jeudi des images apocalyptiques de certains quartiers, avec des maisons éventrées, des biens éparpillés, des véhicules emportés par les eaux ou montrant des pompiers et habitants qui forment une chaîne et s’aident d’une corde pour secourir d’autres habitants piégés par les eaux.
Gaoussou Traoré, un habitant de Taliko, a affirmé à l’AFP que les eaux de pluie ont envahi sa maison jusqu’à la hauteur des genoux. Il a mis en cause la spéculation foncière et des pratiques véreuses de certains responsables municipaux qui ont vendu des terrains à usage d’habitation jusque dans des lits de marigot.
Des sans-abri sont accueillis sur plusieurs sites, essentiellement des écoles qui ont été dotées de couvertures, nattes et moustiquaires entre autres matériels d’hébergement d’urgence par des municipalités, des services sociaux ou des organisations de secours dont la Croix-Rouge malienne, d’après des sources concordantes.
Mais beaucoup de sinistrés refusaient de quitter leurs quartiers.
« Un groupe de veille a été mis en place pour sensibiliser les populations à abandonner les habitations généralement construites en banco qui risqueraient de s’effondrer », a encore affirmé M. Bocoum.
Les déplacés des inondations ont reçu la visite jeudi de plusieurs ministres, parmi lesquels celui de l’Administration du territoire (Intérieur), Moussa Sinko Coulibaly.
« Nous avons voulu apporter notre solidarité, notre compassion aux familles des victimes » et envisager les moyens de « renforcer les mesures qui ont déjà été prises depuis hier (mercredi) par les mairies » et diverses structures de secours d’urgence, a déclaré M. Coulibaly à la presse après sa visite.
« Ce qu’il fallait faire, c’était parer à l’urgence » en utilisant les écoles disponibles en raison des vacances scolaires, « nous allons mettre à profit » toute la période avant la rentrée des classes, généralement en octobre, « afin de définir les solutions sur le long terme », a-t-il dit, sans plus de détails.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a présenté au nom de la France « ses condoléances attristées aux familles des victimes et à leurs proches ». La France « exprime toute sa solidarité au peuple malien et se tient à la disposition des autorités maliennes pour leur prêter assistance si elles le souhaitent », a déclaré le ministre dans un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi.
Ces inondations surviennent alors que le Mali tente de sortir d’une crise politico-militaire de 18 mois marquée notamment par un coup d’Etat en mars 2012 et l’occupation du Nord par des groupes rebelles et jihadistes, chassés à partir de janvier 2013 par une intervention militaire menée par la France et des pays africains.
Les Maliens ont élu en août un nouveau président, Ibrahima Boubacar Keïta, qui doit prêter serment le 4 septembre selon le délai fixé par la constitution.
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