Côte d’Ivoire – Les transporteurs ont-ils été encore roulés dans la farine ?

hambak

Qu’est ce qu’ont gagné les taxis compteurs après trois jours d’arrêt de travail ? « Le ministre de l’intérieur a pris la ferme volonté de nous soutenir dans la lutte contre les véhicules banalisés. Mieux, il a décidé d’associer la gendarmerie dans la lutte », nous a confié hier Adama Coulibaly, le président des propriétaires de taxis compteurs. Voici en effet les engagements du ministre Ahmed Bakayoko après la rencontre du mercredi avec les grévistes. «Nous venons de tenir une réunion avec l’intersyndicale du comité de suivi des négociations en rapport avec la grève des chauffeurs de taxi-compteurs qui a cours. Les ministres en charge du Transport, de la Sécurité, de l’Economie et des finances et de la Défense, à la date du 09 Juillet 2013, ont fait un communiqué pour indiquer que le protocole d’accord du 2 novembre 2012 sera intégralement appliqué. A la suite de cette concertation, nous avons donné instruction au Directeur général de la police nationale ici présent et au commandant supérieur de la gendarmerie de donner force à ces dispositions. C’est-à-dire, tous les taxis qui ne sont pas en règle seront arrêtés et mis hors du circuit pour ne pas favoriser la concurrence déloyale qui est dénoncée par ceux qui sont en grève. Le ministre du Transport est en route. Il sera de retour dès demain (aujourd’hui) et une large consultation aura lieu pour affiner la question. Nous avons entendu des préoccupations par rapport à une taxe perçue par le district. Toutes ces questions seront vues par le directeur général de la décentralisation. Fort de ces échanges, nous avons demandé aux chauffeurs de taxi compteurs de reprendre le service dès ce soir et ils ont accepté. Le gouvernement se fera fort de veiller à l’application intégrale des mesures annoncées», a informé le ministre qui a obtenu la levée du mot d’ordre de grève.

Rien n’a changé sur le terrain Le lendemain de la reprise du travail cependant, le constat sera que les véhicules banalisés continueront leurs activités comme si de rien n’était. A Adjamé, Cocody , Koumassi, Treichville, Abobo,etc , ils ont continué à desservir les différentes communes d’Abidjan. Cette énième grève dans le fond ne manquait pas de faire sourire certains observateurs des transports depuis son déclenchement. « Cette grève ressemblait fort à une grève d’idiots. Il n’y avait aucune stratégie sur le terrain. Si bien que les véhicules banalisés contre lesquels, ils luttaient avaient pris leur place sur le terrain. On se demandait ce que les grévistes recherchaient vraiment », relève un observateur. Autre situation, c’est la cacophonie au niveau des responsables de l’intersyndicale sur la position à tenir. Pendant qu’un groupe lève le mot d’ordre de grève, un autre appelle à son maintien. De manière à semer le doute dans les esprits et entacher la crédibilité des acteurs au devant de la grève. Autre remarque qui prouve l’amateurisme des grévistes, selon certains observateurs, ce sont les engagements pris devant eux par l’Etat. « Tout ce que le ministre a dit s’apparente à une fuite en avant. De réunions en réunions on tournera en rond et les problèmes vont perdurer», confie un observateur avisé. Pour lui, sans une volonté ferme et affichée du gouvernement le transport restera otage des véhicules banalisés, des loubards qui ont réussi à avoir dans leurs poches de nombreux responsables des forces de l’ordre et commis de l’Etat. Comme on le dit dans le langage courant. « Chacun mange dans l’affaire ». Le secteur des transports routiers pourra-t-il quitter les sentiers battus caractérisés par le désordre, les grèves intempestives, le racket et divers autres maux ? Le transport est pris en otage par une multitude de syndicats et leurs bras armés que sont les « Gnambolos». Qui imposent leurs lois aux chauffeurs et acteurs. On assiste au quotidien dans les gares routières à des scènes de bagarres et de violences à la machette et aux gourdins crées et entretenues par ces loubards. Ces derniers n’hésitent pas d’ailleurs à tuer pour une pièce de 100 FCFA. Par jour ce sont 10 à 15 millions qui sont indument perçus par ces acteurs au détriment des caisses de l’Etat et des vrais propriétaires de véhicules. Ils vont jusqu’à tuer quand les chauffeurs refusent de payer le ticket dont les prix varient de 500 à 1000 FCFA, en fonction des lignes ou des gares de wôrô wôrô ou de gbakas. Les Gnambolos, c’est la gangrène du transport. Ce sont des individus qui travaillent pour des gens qui se font appeler des présidents de syndicats. Quoi qu’ils n’aient pas de véhicules et ne sont pas représentatifs, ces soidisant présidents se sont imposés sur le terrain simplement parce qu’ils ont des loubards. Pour aller vers un pays émergent à l’horizon 2020, il faut mettre fin à cette mafia.

ABOU TRAORÉ
Le Jour Plus

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