Le calvaire des ivoiriennes au Liban
Partis chercher fortune dans les pays du moyen orient, des jeunes filles ivoiriennes vivent un véritable calvaire dans ce pays « ami ».
La plupart de ces filles sont arrivées dans ce pays à la demande des employeurs qui leurs promettaient le miel avant leur départ, et une fois au Liban la désillusion s’installe. Au départ d’Abidjan, on leurs paye des billets d’avion et leurs passeports sont confisqués une fois arrivée au Liban, comme le souligne notre interlocutrice KOULIBALY PRISCA encore sous le choc «c’est vrai que nous sommes venus pour le travail domestique mais on ne nous dit pas les vrais conditions de travail. C’est une fois ici que tes patrons te disent pourquoi tu es là. Et là, ton calvaire commence. » Ces filles n’ont ni congés, ni repos, travaillent sans arrêt, mangent parfois même difficilement et sont obligées de se nourrir que de pain arabe pour ne dormir que tard dans la nuit, soit dans les cuisines, les toilettes, pour un salaire de 75 000 milles francs cfa qu’elles perçoivent d’ailleurs difficilement. « Lorsque tu revendiques, tu es ramenée dans ton pays après être passé par la prison », témoigne cette jeune fille qui veut garder l’anonymat. «Dès que tu arrives au Liban, on te confisque ton passeport et te fait signer un contrat de travail. Tu travailles alors sans relâche et sans salaire. Lorsque tu revendiques ton dû, on te met en prison pour une fausse accusation et ensuite c’est le retour au pays natal. Et pire, pour te faire revenir chez toi, tu dois payer le séjour que tu as passé sur le territoire libanais plus le billet d’avion.
Alors par solidarité, se sont les autres ivoiriennes qui cotisent pour toi. «On te fait subir toutes sortes d’humiliations en prison ou tu dois passer 3 mois avant ton retour.» Le plus souvent, ces filles sont obligées de quitter les foyers pour se retrouver dans la rue ou elles se mettent par groupe pour se prendre un logis. Dans l’espoir d’ avoir une âme généreuse pour de petits boulots. « Une fois livrée à toi-même, pour avoir un titre de séjour c’est un parcours de combattant car il faut forcement avoir un tuteur libanais comme l’exige la loi du pays. Le fait marquant, c’est que la Côte d’ivoire n’a pas de représentation diplomatique dans ce pays. Quand on sait qu’il y a une forte colonie de Libanais dans notre pays. Seulement un consul honoraire pour régler les affaires courantes, comme le témoigne Djégba Delphine, une ivoirienne rapatriée de ce pays « c’est difficile de vivre dans ce pays. Nous subissons toutes sortes d’humiliations, lorsqu’une ivoirienne a un problème qu’on informe le consul, il ne se soucis pas de nous. Il nous fait parfois savoir qu’il n’est pas au Liban à cause nous. Face à nos difficultés, nous avons en son temps eu la visite de l’ambassadeur de l’Egypte qui nous avait promis voir les autorités mais rien n’y fit. Je suis revenue sans mon argent et sans habits au pays. Je suis obligée de reprendre ma vie. » Dans ce pays en conflit depuis des années, les étrangers sont la cible des Libanais, qu’ils accusent de collaborer avec l’ennemi. Ils sont interdits d’être dans la rue à partir d’une certaine heure au risque de subir la rigueur de la loi et d’être ramené dans ton pays. Plusieurs jeunes filles ivoiriennes qui travaillent chez des Libanais et qui descendent tard le nuit, sont la cible des policiers et croupissent dans les différentes prisons du pays en entente d’être rapatriées, nous confie notre interlocutrice Koulibaly Prisca «à cause du comportement des Libanais, beaucoup d’ivoiriennes traversent la frontière pour se retrouver en Syrie dans des camps de refugiés . »
Et depuis la nuit du mardi 27 aout 2013 au mercredi, la police a fait irruption dans les domiciles des ivoiriennes pour les traquer. Plusieurs jeunes filles ont été embarquées, depuis le mercredi soir certaines ont été déférées. Pour le moment, nous vous donnons les noms de celles qui ont été identifiées : Ange Emma Zah, Moderane , Lydie , Elodie Sopoudé , Diane Tagro, Annick Tagro, Awa … Quant on sait que les Libanais vivent dans la tranquillité en Côte-d’ivoire et font fortune, leurs frères ne doivent pas traiter les ivoiriennes de la sorte au Liban. Ces filles ont droit à la vie et à la dignité humaine. C’est le moment d’interpeller la direction des ivoiriens de l’étranger au ministère des affaires étrangères des conditions de vie des ivoiriennes dans ce pays. Le président de la république qui va effectuer une visite d’état très bientôt dans ce pays devra être saisi de ce dossier enfin d’en parler avec son homologue Libanais pour que nos jeunes sœurs retrouvent la tranquillité.
Zakam Mathias, journaliste freelance
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