L’Observateur.bf
Ça sent la friture au sein du PDCI. A l’approche du Congrès statutaire du plus vieux parti de Côte d’Ivoire prévu du 3 au 5 octobre 2013, l’entente est désormais la chose la moins partagée dans la formation houphouëtiste. Les positions semblent désormais tranchées : d’un côté, les jeunes éléphants aux trompes bien longues cornaqués par Bertin Konan Kouadio (KKB). De l’autre, la génération vieillissante incarnée par l’ex-chef de l’Etat, Henri Konan Bédié.
La pomme de discorde est la présidentielle de 2015 ou plutôt, la présentation ou non d’un champion Pdciste à ce scrutin majeur. Pour les partisans du leader de la jeunesse du PDCI, le bouillant KKB, en 2015, le parti doit mettre sur la ligne de départ un porte-étendard. L’éléphanteau déchaîné avait même poussé l’outrecuidance en mi-mai dernier en déclarant qu’il postulerait à la présidence du PDCI au prochain congrès, et que le parti présentera bel et bien un champion à la prochaine présidentielle.
A peine, n’a-t-il pas susurré qu’il ferait bien l’affaire dans la compétition pour le fauteuil du palais de Cocody.
Pas question ! répondent en chœur les ouailles qui épousent la vision du sphinx de Daoukro. Le PDCI a déjà son candidat : Alassane Ouattara ! martèlent ces derniers. Bref, pour les Bédéistes, on ne change pas une équipe qui gagne, et il n’y a pas de motifs de rompre le mariage de raison PDCI-RDR qui a porté Ouattara sur le pouvoir en 2010.
Cette guerre de positionnement pour le scrutin 2015, qui menace d’imploser le PDCI, a déteint, cela va de soi, sur le RDR, le partenaire de circonstance.
En effet, entre les époux houphouëtistes, les scènes de ménage se multiplient chaque jour depuis quelques mois. Des voix de plus en plus discordantes se font entendre au sein du PDCI, à l’égard du RDR, conjoint égoïste, voire infidèle.
Certes, Henri Konan Bédié est régulièrement consulté par le président Ouattara, et beaucoup de cadres PDCI sont dans les instances décisionnelles de l’Etat, mais, hélas pour une certaine frange de ce parti, cette alliance s’apparente à une camisole de force.
Et les clins d’œil et les gestes de callinothérapie du FPI à l’endroit du PDCI, allié traditionnel de la formation frontiste, ne sont pas pour arranger les choses.
A la tambouille intra-PDCI et entre PDCI-RDR, les ambitions personnelles s’aiguisent davantage aussi. Et pas besoin de faire Sciences Po. pour percevoir dans la tournée de 72 heures de Guillaume Soro dans la région de Gagnoa, pour comprendre que l’actuel occupant du perchoir ivoirien guigne l’après-Ouattara, qui se prépare dès maintenant !
En promenant sa silhouette jadis pestiférée, dans le fief de Laurent Gbagbo et de l’ex-« ministre de la rue », Charles Blé Goudé, le potentiel présidentiable sait plus que quiconque qu’il joue gros : s’il réussit à briser la glace, il engrangera de gros dividendes politiques. Au contraire, il perd un gros électorat.
La réconciliation qu’il appelle de tous ses vœux n’est pas gagnée d’avance dans cette région où on estime qu’un frère (Soro) a embastillé un autre (Blé Goudé). Pire, de nombreuses familles endeuillées pendant l’interminable cahotement politico-institutionnel attendent la vérité, la justice et la réconciliation, dont Konan Banny le patron de la commission éponyme peine à mettre en branle.
Et si un Soro, qui confesse à qui veut l’entendre que si ambition présidentielle il a, ce qui est légitime, ce sera après le second mandat de Ouattara, d’autres caciques du RDR, dont le moindre n’est pas Hmed Bagayoko, pensent in petto, que le coup est également jouable. Bref, le bal des prétendants de l’après-Ouattara a commencé trop tôt.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
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